5e jour de l’audience : Me Natacha Fauveau Ivanovic humilie le procureur

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Session 1 : L’avocate Jennifer Naouri fait le grand déballage : « le procureur a ignoré les forces nouvelles, l’une des parties au conflit »

Dès l’entame de son speech, ce lundi 25 février 2013, Me Jennifer Naouri a poursuivi sa démonstration sur le manque de volonté du bureau du procureur à assumer l’histoire de la Côte d’ivoire. « Gbagbo est un homme de consensus et de paix. C’est encore lui qui a proposé le recomptage des voix après les élections. Ce que son adversaire refusait» a-t-elle dit. Avant d’ajouter : « Cela s’est passé aux USA en 2000, en Haïti en 2010 et en France avec l’UMP ». Pour l’avocate, le procureur en faisant croire que seules les forces pro-Gbagbo ont commis les crimes allégués, est une falsification des faits et de l’histoire de la Côte d’ivoire. Car le procureur lui-même parle de la descente des Forces Nouvelles sur Abidjan le 31 mars 2011. Il dira aussi que ces forces ont été rebaptisées FRCI par la suite. Et à l’avocate de demander au procureur, qui étaient donc ces forces nouvelles et quelles étaient leurs missions une fois à Abidjan ? Elle reviendra sur les massacres des Forces nouvelles et leurs supplétifs Dozo lors de leur descente sur Abidjan. Elle décrira comment ces rebelles fideles à Ouattara et à Soro ont massacré plus de 1000 civils à Duekoué avant de se joindre au commando invisible qui sévissait déjà à Abobo, Anyama…

« C’est l’Onuci qui nous a armé » témoigne « P.44 », le même témoin du procureur. Une fois à Abidjan, ces mêmes forces additionnées au contingent nigérien, s’adonneront à d’autres exactions. Des vidéos des humiliations des civils à Alepé, les mutilations, meurtres au carrefour de Duekoué en mars 2011 ont été diffusées. Elle montrera comment la ville d’Abidjan a été partagée entre les ex com-zone :

Avant de conclure, elle informera les juges que si l’on veut parler d’un groupe armé qui a planifié un plan commun pour prendre le pouvoir, c’est bien les forces pro-Ouattara. Qui ont été lourdement armées par la France, qui occupaient un territoire et qui ont ensuite lancé une offensive sur Abidjan pour la prise du pouvoir.

« Nous étions dans un conflit armé, où deux forces se combattaient. Le procureur aurait pu s’intéresser aux forces nouvelles. Ne pas le faire, c’est dénaturé son propre récit ».

Session 2 : Me Natacha Fauveau Ivanovic
« Le procureur nous a-t-il fourni le brouillon du document contenant les charges, car flou, imprécis et contraire à ses argumentations ? »

A la reprise à 15h55, la parole est revenue à la Yogoslave, Ivanovitc de démontrer la faiblesse du document de preuves fourni par le procureur. D’abord, le cadre temporel. Le procureur parle de la période antérieure à l’élection et qui finit par la chute du président Gbagbo. « Cette période antérieure peut être 2005, 2006, …aucune précision » a remarqué la défense. Elle analysera par la suite évènement par évènement, la faiblesse des preuves fournies par le procureur, la crédibilité des témoins et la fiabilité des sources. Par exemple, la vidéo montrant le massacre de yopougon alors que cette vidéo était tournée au Kenya (Vidéo 00200058). Elle dira aussi que les preuves du procureur ne sont basées que sur les coupures de presses. Elle dira aussi que les témoignages des organisations humanitaires ne peuvent constituer de preuves tangibles pour être prises en compte dans un tel jugement devant la Cour pénale internationale.
Aussi, Me Ivanovitch dira à propos du DCC: « la défense voudrait savoir si le document des charges était un brouillon ou pas ? ». Ce qui provoquera une vive réaction du bureau du procureur dans la salle.

Pour la défense, le procureur n’a pas mené d’enquête. Il s’est juste contenté des témoignages eux-mêmes non crédibles. Elle s’offusquera du fait que le procureur n’ait produit aucun document officiel étayant ses allégations. Et pourquoi alors que la France et l’Onuci sont présents en Côte d’ivoire depuis 2003, aucun rapport officiel émanant d’eux n’a pu être produit et fourni à la défense dans le cadre des 4 évènements incriminés. Pour elle, le procureur refuse d’accepter la présence d’un commando invisible en parlant « de prétendu commando invisible ».
Au vu de tout ce qui précède,( imprécision du DCC, la non crédibilité des témoins, le manque de preuves suffisantes…) la défense note qu’il n’existe pas d’éléments constitutifs du crime contre l’humanité.

Session 3 : Me Ivanovic : « Si le président Gbagbo n’a mené aucune enquête pour sanctionner les auteurs des crimes, pourquoi, le procureur qui devait éclairer la Cour ne l’a pas fait ? »

A la troisième session, Me ivanovic démontera évènement par évènement les allégations du procureur.
1) La marche du 16 décembre sur la RTI.

Alors que le procureur affirme que cette marche était pacifique, la défense diffusera une vidéo dans laquelle, Soro donnait des instructions aux FRCI depuis l’Hôtel du golf, la veille du 16 décembre afin que ceux-ci se tiennent prêts car, lui soro ira installer Brou Aka Pascal comme le nouveau directeur de la RTI le lendemain, jeudi 16. Un témoin du procureur dira que des militaires venus de l’Hôtel du golf ont attaqué les FDS positionnés autour de la RTI.
« Au contraire, c’est bien parce que les FDS étaient informés de cette insurrection qu’une réunion s’est tenue, dont parle le procureur, pour prévenir tout débordement. Au contraire, ce sont les FDS qui ont été tués ce 16 décembre 2010. » a soutenu la défense.

Parlant des femmes violées suite à ces évènements du 16 décembre, la défense note que le procureur a failli à sa mission car, rien n’indique où, quand, par qui, ces femmes auraient été violées ? A-t-il interrogé le directeur de la police, des policiers ? Sait-il dans quelles pièces ces viols collectifs ont eu lieu ? Le procureur n’a rien fait. Ce que nous retenons, c’est que pour inculper le président Gbagbo, il a repris mot par mot des rapports d’Amnesty International et des reportages télé. En agissant ainsi, le procureur a non seulement mis en doute son indépendance et son impartialité, mais il a mis la justice au service de la politique ».

2) Marche des femmes d’Abobo (3 mars 2011)

Elle situera l’environnement qui prévalait à Abobo avant les élections de novembre 2010. Un argumentaire dans lequel le commando invisible est nommément mis en cause. Fin de l’audience du jour.

Coulisse :
voici la liste des « P—témoins » non crédibles : —-P.48/107/164/72/184
–Les « P » non identifiés (flous) : P.49 et 239.
–Le président Gbagbo a encore félicité ses avocats.
–Le président Gbagbo a promis assister à toutes ses audiences.
–Une petite délégation de patriotes venus d’Allemagne, Hollande et Paris était à cette audience. Elle a beaucoup –communié avec le président Gbagbo qui visiblement retrouve la grande forme au fur des audiences.

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