Débutée hier, la présentation du bureau du procureur s’est poursuivie ce jeudi 21 février avec les détails, preuves à l’appui des quatre évènements incriminés avec citation de témoins non présents à cette audience de confirmation des charges
Ainsi le premier évènement, « La manifestation sur la RTI » a été présenté par le 1er Substitut du procureur, Mac Donald. Selon l’adjoint direct de Fatou Bensouda, les FDS auraient reçu de la part du président Gbagbo, l’ordre de réprimer la manifestation susmentionnée, dans le seul but de se maintenir au pouvoir. « Gbagbo voulait avoir le contrôle de la RTI, donc de l’information ». Comme preuve, Mac Donald citera plusieurs témoins dont le récit varie selon une certaine catégorisation d’individus. Il s’agit entre autres, des personnes qui ont été soit des victimes, soit de simples témoins oculaires ou des personnes qui auraient pris part aux actes incriminés sous l’ordre d’une hiérarchie (témoins privilégiés).
La Fesci et les FDS, ont été nommément cités dans la répression de cette manifestation qui devait « introniser » le nouveau directeur de la RTI.
Un témoin dira par exemple que l’ordre a été donné par la première dame Simone Gbagbo de violer toutes les femmes qui prendraient part à cette manifestation. Une manifestation jugée pacifique avec des manifestants aux mains nues, selon Mac Donald.
Le deuxième évènement, celui concernant la marche des femmes d’Abobo du 3 mars 2011 a été décrypté par le substitut du procureur, Mme Marina Berdennikova. Selon elle, la marche des 3000 femmes, qui réclamaient le départ de Gbagbo et le respect des Droits de l’Homme et qui a vu la mort de sept d’entre elles, a été essentiellement du fait des FDS. Un témoin nommé ici « P164 », certainement un haut gradé de l’armée ivoirienne aurait affirmé que « ses hommes étaient bel et bien impliqués dans cette répression du 3 mars », marche aussi jugée pacifique avec des femmes qui n’avaient que des pancartes et des branches d’arbres pour manifester. Le témoin « P49 » lui accusera directement la Gendarmerie et la Garde Républicaine. « P.10 » et « P.46 » toujours certainement des officiers de l’armée ivoirienne, eux parleront d’une réunion qui aurait été tenue à l’Etat major juste après la répression des femmes d’Abobo. L’accusation diffusera une courte vidéo montrant des femmes manifestant, des scènes où on voit les manifestants fuir les coups de canon et enfin, une dame qui après s’être écroulée suite à une balle reçue, tente de se relever. A cet instant de la bande, la présentatrice des faits (procureur) marque une pause et fait un commentaire de l’écho que la presse bleue (proche du régime de Gbagbo) s’en était fait. Pour Marina Berdennikova, cette attitude de la presse bleue visait à légitimer le plan de Gbagbo en cachant la vérité. Enfin « P.239 » quant à lui, affirmera que c’est bien le général Dogbo Blé de la garde républicaine qui aurait envoyé ses hommes sur le terrain ce 3 mars 2011.
Le troisième évènement, celui du bombardement du marché d’Abobo, qui a eu lieu le 17 mars 2011, a été commenté par Mme Kriztina Varga. Selon le substitut du procureur, les FDS auraient lancé six obus de mortiers depuis le camp commando sur le marché d’Abobo et le village SOS des enfants. « P.164 » et « p.239 » confirmeront que ces obus ont bel et bien été lancés par des éléments de la BASA (Bataillon d’artillerie sol air). Après cette annonce, le bureau du procureur demandera un huis clos partiel afin de donner l’identité desdits éléments de la BASA.
Au retour du huis clos, le bureau du procureur poursuivant ses incriminations, citera le nom de Détho Leto et Philippe Mangou comme étant les commanditaires de ses opérations. « P.10 », « P.164 » et « P.9 » sont tous formels que les obus ont été lancés par les éléments du BASA. Et au substitut du procureur d’affirmer à son tour que ce 17 mars « aucun individu armé n’était dans les quartiers bombardés ».
Pour elle, les hommes de Laurent Gbagbo ont bombardé ce quartier en connaissance de sa densité en population. D’ailleurs « P.10 » racontera au procureur que le président Gbagbo avait lors d’une réunion en 2010 manifesté sa volonté de s’accaparer d’Abobo pour son élection. Voilà pourquoi, il n’acceptera pas que ces habitants lui aient échappé lors des élections de novembre 2010 au profit de son rival, Ouattara. Aussi, « P.164 » ira même jusqu’à dire qu’il aurait entendu dire de la bouche de Simone Gbagbo lors d’un meeting que les habitants d’Abobo seraient des sous hommes.
Enfin, le quatrième évènement, concernant les massacres des miliciens pro-Gbagbo dans leur fuite le 12 avril à Yopougon après l’arrestation du président Laurent Gbagbo, a lui été présenté par le substitut Florie Huck.
Ce jour là, ce sont près de 80 personnes tuées et plus de 17 femmes violées. Principalement aux quartiers Doukouré et Mami Faitai.
Le substitut du procureur affirmera que c’est bien Charles Blé Goudé qui financerait les parlements et agoras véritables caches d’armes en Côte d’ivoire. Aussi, sans s’en rendre compte, Florie Huck affirmera que les Forces Nouvelles n’ont fait leur entrée à Abidjan que le 31 mars 2011. Confondant les FN aux FRCI. Elle parlera en outre, d’un communiqué retrouvé dans le bunker de Gbagbo, après sa chute, signé de Don Melo et diffusé par Alain Toussaint sur les ondes. Communiqué dans lequel, le président Gbagbo appelait tout le peuple ivoirien à résister.
Aussi, poursuit-elle, c’est bien à la suite de l’arrestation du président Gbagbo que les FDS se sont fondus dans la population pour commettre des exactions. Plusieurs miliciens parlant anglais ont commis des exactions. Elle avancera le chiffre de 17 personnes tuées à Mami Faitai et selon le témoin « P.109 », toutes ces personnes étaient des diouas au vue de leurs visages. Le substitut du procureur parlera brièvement du fameux article 125 (100 f=pétrole, 25f=allumette).
Elle diffusera pour finir deux vidéos montrant des fosses communes dans le quartier Doukouré au lendemain de la chute de Gbagbo.
Le bureau du procureur, seul partie à prendre la parole aujourd’hui fera sa synthèse des faits demain vendredi 22 février 2013. Ca sera également l’occasion pour le substitut du procureur, Reinhold Gallmetzer de situer enfin la responsabilité pénale individuelle du président Laurent Gbagbo en relation avec ces quatre évènements.
Coulisses :
–Comme annoncé, la procureure Fatou Bensouda était bel et bien absente de l’audience.
— Le président Laurent Gbagbo qui a pris part à la première session de 14h30 à 16h est allé se reposer dans une salle aménagée à côté tout en suivant la suite de l’audience par vidéoconférence.
–L’audience a baissé d’intensité au 3e jour. La mobilisation autour a baissé. Seulement une poigné de partisans de Gbagbo se trouve toujours à la Haye pour suivre.
–Selon une indiscrétion proche de la CPI, cette audience aura du mal à départager les protagonistes et la chambre préliminaire saura jouer le jeu jusqu’au bout. Si d’un côté, les juges estiment qu’il y a eu crimes contre l’humanité, ils n’acceptent toujours pas que le procureur ait enquêté jusque-là dans un seul camp.
–Fatigué, le président Gbagbo risque de s’absenter demain afin de revenir en forme dès le lundi 25 début de la présentation de la défense.
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