LA HAYE – AFP
L’avocat de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, soupçonné de crimes contre l’humanité commis pendant la crise post-électorale de 2010-2011, a assuré mercredi qu’il n’y avait aucune preuve à l’encontre de son client et qu’il s’agissait d’un « procès politique ».
« Le peuple ivoirien aurait mérité un autre procès qu’un procès politique, il aurait mérité que soit instruit le procès des vrais responsables de la destruction depuis une décennie du pays et la Cour aurait mérité de pouvoir se pencher sur ce qui s’est réellement passé en Côte d’Ivoire », a déclaré l’avocat français Emmanuel Altit, au deuxième jour de l’audience de confirmation des charges contre Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI).
Premier ex-chef d’Etat remis à la CPI, Laurent Gbagbo, 67 ans, est soupçonné d’être « co-auteur indirect » de quatre chefs de crimes contre l’humanité, commis pendant les violences post-électorales de 2010-2011.
« Le dossier de l’accusation est parcellaire, lacunaire : la réalité des faits ne cadrant pas avec ses accusations, le procureur a dû en occulter quelques uns », a ajouté l’avocat, soulignant : « il n’y a nulle trace d’enquête, le procureur n’apporte aucun élément probant, il n’y a rien » dans le dossier.
Si Laurent Gbagbo est actuellement à la CPI, et sa femme, Simone, également sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI, est détenue en Côte d’Ivoire, aucune personnalité pro-Ouattara n’a été inquiétée.
« Pourquoi ne sont-ils pas là, pourquoi ne sont-ils pas poursuivis? », s’est interrogé M. Altit, citant notamment plusieurs personnalités occupant des postes clés sous le régime de M. Ouattara.
La défense de l’ancien président a par ailleurs mis en cause le rôle de la France dans la chute de Laurent Gbagbo : « il s’agit non seulement d’une affaire ivoirienne mais aussi d’une affaire française ».
Laurent Gbagbo avait été arrêté le 11 avril 2011 sous le feu des forces françaises et de l’ONU après avoir refusé de reconnaître la victoire au second tour de l’élection présidentielle le 28 novembre 2010 de son rival Alassane Ouattara, certifiée par l’ONU.
Ce refus de quitter son poste après 10 ans au pouvoir a plongé la Côte d’Ivoire dans une violente crise longue de cinq mois qui a coûté la vie à près de 3.000 personnes.
Cette audience de confirmation des charges, qui devrait se conclure le 28 février par une déclaration de M. Gbagbo, doit permettre aux juges d’examiner si les éléments de preuves rassemblés par l’accusation sont suffisamment solides pour permettre, plus tard, la tenue d’un procès.
Mardi, l’accusation avait déclaré que le plan mis en place par Laurent Gbagbo avait mené la Côte d’Ivoire à la violence et au chaos, et qu’il était responsable « de la mort, des viols, des blessures graves et de la détention arbitraire de nombreux citoyens, respectueux des lois, perçus comme soutenant M. Ouattara ».
mbr/cjo/hm
CPI – deuxième jour d’audience pour Laurent Gbagbo
La Haye – Connectionivoirienne.net 21.02.2013
Le procès de [non]-confirmation des charges contre Laurent Gbagbo débuté hier devant la cour pénale internationale [CPI], se poursuit ce mercredi 20 février à La Haye au Pays-Bas. Les audiences qui dureront 8 jours, prendront fin le vendredi 28 février 2013. Cette dernière journée pourrait enregistrer une forte audience. En effet, selon le programme communiqué par la CPI à la presse, l’ex chef de l’Etat de Côte-d’Ivoire prendra la parole durant cette séance de clôture des audiences. Il s’agira de l’unique intervention de l’accusé, durant les 8 jours d’audience.
Pour la première journée d’hier lundi 19 février, la CPI avait enregistré une forte audience, plus forte que celle du 5 décembre 2011. Il y avait du beau monde. Environ 700 supporters venus des quatre coins de la planète [surtout d’Europe de l’ouest] avaient effectué le déplacement, pour manifester leur soutien au plus célèbre des détenus de la prison de Scheveningen. Avec la présence des têtes fortes de la galaxie Gbagbo que nous connaissons désormais [Apollos Dan Thé, Topo Léontine, Abel Naky, Patrice Kouté et tous les autres] l’ambiance que nous avons pu constater hier, était entre retrouvailles et tristesse. Entre accolades et poignées de mains, nous avons pu observer des dames entrer en transe ou carrément s’évanouir. Des larmes, des pleurs, des cris, il y en a eu suffisamment à la vue de Laurent Gbagbo, assis en chair et en os dans le box des accusés, derrière ses conseils. Malgré sa bonne mine et ses petites lunettes, l’ex président de la Côte-d’Ivoire, paraissait marquer par la vie en prison. « C’est lui, c’est Gbagbo ! Il est vivant ! Et Dieu est grand ! Alléluia papa Gbagbo… on t’aime ! » avons-nous entre autres cris, pu entendre.
Le programme de ce jour démarrera à 14h30 pour prendre fin à 18h30 heure locale [GMT + 1]. Le temps de parole sera réparti entre les représentants des victimes, la Défense de Laurent Gbagbo et le bureau du Procureur. L’affluence de ce mercredi n’est pas aussi forte que celle d’hier, jour d’ouverture des débats. Les mesures draconiennes de sécurité restent en place, portique de détection de métaux, scanner comme dans les aéroports, badges pour les journalistes contre présentation de la carte de presse, petit pass blanc [type carte bancaire] pour les visiteurs ordinaires, un personnel de la CPI accueillant, un chef de presse aux petits soins des journalistes…
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