Xinhuanet
ABIDJAN– Des partisans du président Alassane Ouattara, se présentant comme des victimes de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire, projettent une série d’activités à la date et au lieu choisi par la jeunesse pro-Gbagbo à Abidjan pour organiser un meeting en vue de demander la libération de l’ex- président Laurent Gbagbo en détention à La Haye, faisant craindre le risque d’un affrontement.
Depuis quelques semaines, Justin Koua, le secrétaire national intérimaire de la Jeunesse du Front populaire ivoirien (JFPI, pro- Gbagbo), sonne la mobilisation pour un meeting samedi dans son fief de Yopougon, à la Place CP1.
LE MEETING DE LA « LIBERATION »
Le but visé est d’obtenir la libération de l’ex-président Laurent Gbagbo détenu à La Haye depuis décembre 2011 et poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité suite à son refus de reconnaître sa défaite à l’élection présidentielle face à Alassane Ouattara.
Les affrontements post-électoraux ponctués par une semaine de guerre à Abidjan ont fait au moins 3.000 morts entre novembre 2010 et avril 2011.
« La peur pour nous n’existe plus. Le 16 février 2013, nous allons retourner cette peur aux FRCI (Forces républicaines de Côte d’Ivoire, nouvelle armée ivoirienne, ndlr) et aux Dozo (supplétifs pro-Ouattara) », a martelé Justin Koua lors d’une conférence de presse samedi.
« Nous allons défier leur arrogance, aussi difficile que sera le chemin, nous devons avancer pour atteindre le lieu du meeting », a- t-il ajouté appelant à la mobilisation de ses camarades pour » franchir sans peur les barrages des Dozo et des FRCI qui se dresseront » devant eux.
Dans un appel publié depuis son exil au Ghana, l’ex leader de la jeunesse pro-Gbagbo, Damana Adia Pickass, a indiqué que le meeting de samedi a pour objet de « sauver la démocratie et exiger qu’il soit restitué sa liberté à Laurent Gbagbo ».
« C’est donc l’heure du combat, Laurent Gbagbo injustement détenu à La Haye demande de vous une mobilisation extraordinaire des grands jours », a-t-il lancé à ses ouailles avant de souligner que « le 16 février, c’est le 16 février ! ».
Selon Damana Pickass, ce meeting est l’occasion de démontrer que Laurent Gbagbo « n’est pas seul » et que « seule sa libération donnera une chance à la réconciliation vraie » en Côte d’Ivoire.
UN ACTE DE « MEPRIS » POUR LES MORTS
En face de la jeunesse pro-Gbagbo se dresse une coordination de victimes qui crie au « mépris » et annonce une descente sur le lieu prévu pour le meeting de « libération » de Laurent Gbagbo.
« Nous constatons que les bourreaux d’hier continuent de narguer les victimes », a dénoncé le porte-parole de la Coordination nationale des victimes de la crise post-électorale, Aboubakari Sylla, lors d’une conférence de presse mercredi.
Il a souligné que les victimes et les parents de victimes ne sauraient « tolérer de tels actes qui manifestement sont un mépris et une insulte à la mémoire des morts ».
« Dès vendredi 15 février, nous allons organiser une veillée de prière et de recueillement à la mémoire de nos morts à la Place CP1 de Yopougon », a-t-il annoncé. Selon M. Sylla, la veillée sera suivie d’autres « activités à la même place tous les jours jusqu’à la fin de l’audience de confirmation des charges contre Laurent Gbagbo ».
Mardi, s’ouvrira l’audience de confirmation des charges contre Laurent Gbagbo poursuivi pour quatre chefs de crimes contre l’ humanité.
Le 5 décembre 2011, M. Gbagbo a comparu pour la première fois devant la CPI après son transfèrement le 30 novembre 2011 au quartier pénitentiaire de la CPI à La Haye (aux Pays-Bas) par les autorités ivoiriennes.
Aboubakari Sylla a expliqué que la Place CP1 a été « le point de départ de rassemblement d’individus obscurs qui se sont livrés à des actes de violation graves des droits de l’homme et de meurtres massifs » lors de la crise post-électorale.
« L’occupation de cet espace nous permettra de rendre hommage aux victimes de la barbarie du FPI et de Laurent Gbagbo », a-t-il relevé.
L’année écoulée, des tentatives de rassemblement populaire des militants du FPI à Abidjan avaient donné lieu à des affrontements parfois meurtriers entre pro-Gbagbo et pro-Ouattara.
Des voix se sont élevées, au sein du pouvoir, pour demander à la jeunesse du FPI de surseoir à son meeting, le jugeant » inopportun » au moment où le « dialogue direct » entre le parti et le gouvernement ouvre la voie à climat politique apaisé, à la réconciliation et à la participation du FPI aux futures élections locales annoncées pour le 21 avril.
Entre autres, une amnistie générale pour les pro-Gbagbo demandée par le FPI constitue l’un des points encore en discussion. Lundi, le président Alassane Ouattara a réitéré sa volonté de mettre fin à l’impunité en Côte d’Ivoire.
« Il faut sortir de l’impunité et les jugements doivent aller à leur terme », a-t-il déclaré assurant ne pas être en mesures de prendre des « décisions unilatérales » malgré sa « volonté ».
Le responsable de la JFPI ne semble nullement préoccupé par ces menaces ou interpellations et maintient son appel à manifester.
« Si tant est que les jeunes de l’ancien régime veulent faire une démonstration de force pour amener la Cour à libérer Laurent Gbagbo, pourquoi n’organisent-ils pas leur manifestation à La Haye? « , s’interroge un éditorialiste ivoirien qui croit savoir que le meeting vise « certainement autre chose que la libération » de M. Gbagbo.
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