L’ONU dénonce le «cercle vicieux de l’impunité» à Duékoué

soro-gbagbo-8-janvier-2012

Par RFI

Edmond Mulet, le sous-secrétaire général de l’ONU aux opérations de maintien de la paix s’est rendu à Duékoué, dans l’ouest du pays. Il y a insisté sur la nécessité d’accélérer l’enquête ouverte suite à la découverte de six corps sans vie dans un puits, au risque de laisser s’instaurer un dangereux climat d’impunité.

Le 21 juillet dernier un camp de déplacés de Nahibily, en lisière de Duékoué, a été la cible d’une attaque meurtrière, lancée par une foule de jeunes de la ville. Malgré la présence de forces de l’Onuci et de soldats des FRCI (Forces républicaines de Côte d’Ivoire), le bilan officiel faisait alors état de 11 tués et de nombreux blessés. Quelques mois plus tard, en octobre 2012, la découverte de six cadavres dans une fosse commune à proximité d’un puits a encore ravivé les tensions, déjà vives. A Duékoué, nombreux sont ceux qui accusent les soldats des FRCI d’être à l’origine de la mort des six hommes dont les corps ont été retrouvés dans cette fosse.

L’enquête au point mort

Jusqu’à présent, seule l’autopsie des corps a été pratiquée. Aucun n’a encore été officiellement identifié. Pourtant plusieurs familles qui ont perdu leur proche le jour de l’attaque du camp de Nahibly se sont présentées aux autorités judiciaires de Duékoué. Julien Kpahi affirme avoir reconnu les vêtements de son frère à côté du puits où les six corps avaient été ensevelis. Il ne comprend pas la lenteur de la justice. « La justice ne nous convoque même pas. Nous sommes étouffés dans nos chairs », lâche-t-il, regrettant que les résultats de l’autopsie ne soient toujours pas connus. « Sincèrement, les moyens font défaut », accuse-t-il encore, jugeant qu’il s’agit d’une « affaire d’Etat ».

Les autorités interpellées

De fait, plusieurs suspects ont été pointés du doigt, mais aucun n’a jamais été entendu. Edmond Mulet, le sous-secrétaire général de l’ONU aux opérations de maintien de la paix, condamne cet état de fait. « Toute cette enquête prend trop de temps. Nous demandons aux autorités ivoiriennes de faire le nécessaire pour que les responsables soient menés devant la justice », martèle-t-il. « Il faut qu’il y ait vraiment des punitions, sinon, on va continuer avec le cercle vicieux de l’impunité en Côte d’Ivoire », prévient-il encore.

Le procureur de Man, en charge de l’enquête, encourage de son côté les témoins et proches de disparus à venir le rencontrer. Un déplacement d’une centaine de kilomètres qui est souvent trop cher pour les villageois.

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