Ange Kessi « Ce que les détenus militaires à Korhogo m’ont confié »

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Dogbo Blé en détention

Soir info

Approché à l’hôtel le Mont Korhogo, le commissaire du gouvernement, le procureur militaire Ange Kessi Kouamé nous a fait part de l’objet de sa visite dans la cité du ‘’poro ‘’. Il s’agissait de rencontrer et d’échanger avec les 22 prisonniers militaires proches de l’ancien régime, incarcérés au 4ème Bataillon d’infanterie de Korhogo. C’était le 12 février 2013.

Quel est l’objet de votre visite dans la cité du ‘’poro’’ ?

C’est une visite au 4ème Bataillon d’infanterie où sont détenus 22 militaires. Je suis venu m’enquérir de leur état de détention et leur état d’esprit, s’ils sont bien traités et quels sont leurs problèmes. S’ils n’arrivent pas à voir leurs avocats. C’est dans ce cadre que je suis ici.. Et c’est l’occasion également pour eux, d’échanger avec le procureur, sur leurs conditions de détention. C’est dans une atmosphère conviviale que j’ai trouvé les prisonniers avec leurs frères d’arme et avec le commandant Fofié Kouakou Martin. Ils se tapotent et ils ne sont pas malheureux. Je leur ai donné la parole et ils m’ont dit qu’ils sont bien traités et en bonne relation avec le commandant Fofié Kouakou Martin.

Qui sont-ils les 8 prisonniers qui seront acheminés les prochains jours à Abidjan ?

Ce sont des dossiers de 08 policiers qui sont prêts à être jugés à Abidjan. Parmi eux, l’ancien directeur de la Dst, Néglé César et le commandant adjoint du Cecos. Ils seront acheminés sur Abidjan pour être jugés. Tous les dossiers ne peuvent pas être prêts à la fois. Ce sont des frères d’armes qui, à un moment donné, ont enfreint la loi. Donc, ils assument leurs responsabilités. Ils se sont écartés de la loi et c’est à nous de les ramener dans les normes de la société. Il nous appartient de ne pas faire trop durer leurs souffrances. C’est pourquoi, nous faisons tout pour qu’ils soient rapidement juger afin de connaître leur sort.

Quels sont les faits qui leur sont reprochés ?

Pour certains, c’est l’atteinte à la sûreté de l’Etat, d’autres, assassinat, complicité d’assassinat, participation aux recrutements de mercenaires et de milices…

Ya-t-il eu une cérémonie particulière lors de votre rencontre ?

Non, il n’y a pas eu de cérémonie particulière. Quand je suis arrivé, je leur ai presenté mes meilleurs vœux de 2013 et je leur ai donné la parole. Ils sont venus me rencontrer un par et un. Parmi eux, Bahi Partice … ils se tapotaient avec les autres frères d’armes. La relation, l’ambiance avec le commandant Fofié a été l’un des cotés positifs que j’ai remarqué. Un sous-officier s’est présenté comme le chef de village des officiers. La Mama (Maison d’arrêt militaire d’Abidjan) est pleine. Et comme ce sont des officiers supérieurs, nous avons trouvé normal qu’ils soient mis à Korhogo . Les prisonniers m’ont dit : « tirez-nous de là ». C’est un vœu légitime que tout prisonnier exprime. Mais nous appliquerons la loi. C’est pour cela, avant de tuer son prochain ou attaquer l’Etat, il faut beaucoup réfléchir. Dogbo Blé prend 15 ans. Ceux qui ont froidement tué le colonel major Dosso ont été condamnés. Vous tuez quelqu’un de sang froid, qui n’a rien fait et vous voulez recouvrer la liberté. Pensez-vous que les parents du colonel l’accepteront ? De l’autre côté, les parents de Dogbo Blé veulent qu’il retrouve la liberté. Nous disons que c’est la loi qui parle. Il faut donc appliquer la loi. Pas de parti pris ou de passion, mais appliquer la loi, rien que la loi.

Depuis un certain temps, on assiste à des condamnations par le tribunal militaire. Peut-on faire le point de ceux qui ont été mis aux arrêts ?

On ne peut pas faire le point actuellement. Au moment opportun, nous allons vous informer. Nous avons ouvert les procès pour la moralisation de l’armée. Maintenant, c’est la grande guerre qui est économique et qui nous suit tous les jours qu’il faut combattre. La cherté de la vie. Pour cela il faut combattre la corruption, le racket et toutes les actions qui constituent un frein au développement du pays. Dans l’armée, on vient pour servir et non se servir. Un militaire qui est riche ou étale ses richesses, n’est pas un bon militaire. C’est pour cela, ils sont bien traités pour bien servir la nation. En voulant être riche, on commet des infractions, des détournements des rackets. La richesse est aux hommes d’affaires privés.

Un message à l’endroit des militaires, gendarmes, policiers et douaniers ?

Chaque fois que je les rencontre lors des procès ou lors des conférences, dans le cadre des préventions, j’en profite pour les former, les éduquer. Je leur dis,  »vous représentez le miroir de la société ». L’impunité c’est terminé. Il fallait une volonté politique. Maintenant que nous avons cette volonté politique, nous allons agir.

Soyez plus explicite !

Un exemple. Celui qui a giflé l’ancien joueur international de football, Pokou Laurent, n’a pas été jugé parce que l’ancien ministre n’a jamais voulu qu’il soit jugé. Aujourd’hui, nous avons cette volonté politique. Tant que les policiers et les autres corps habillés ne cesseront pas de tuer et de racketter, les procès continueront. Car, ils représentent le miroir de la société. Le comportement d’un militaire, d’un gendarme, d’un policier ou d’un douanier, doit être digne de la société ivoirienne. Si cette image est mauvaise, l’Etranger qui a été victime de son comportement, retourne avec cette mauvaise image alors qu’il s’agit d’une partie infime de la société ivoirienne. La loi les protège. Alors ils ne doivent pas se faire justice. Si les civils les provoquent, ils peuvent les envoyer à la justice et non se faire justice.

Nos militaires, policiers, gendarmes, douaniers sont bien formés. Mais c’est l’application qui n’est pas bien suivie. C’est cette application sur le terrain que nous voulons combattre.

Interview réalisée par Aly OUATTARA

Correspondant régional

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