Par Christophe Kouamé in Jeune-Afrique
Christophe Kouamé est coordonnateur national de la Convention de la société civile ivoirienne (CSCI).
La Convention de la société civile ivoirienne (CSCI) est née le 21 octobre 2005, en pleine crise militaro-politique ivoirienne et à quelques jours de la date de la fin constitutionnelle du mandat du président Laurent Gbagbo. Cette période de grande incertitude était marquée par la cristallisation des positions des acteurs politiques.
Pour Laurent Gbagbo et ses partisans, la partition du pays ne permettait pas l’organisation d’une élection présidentielle le 30 octobre 2005. La rébellion armée et les partis politiques de l’opposition, signataires des accords de Linas-Marcoussis, considérant quant à eux qu’au lendemain du 30 octobre 2005 Laurent Gbagbo ne serait plus le chef de l’État, étaient tous favorables à la mise de la Côte d’Ivoire sous la tutelle de l’ONU. Plusieurs accords et résolutions ont été signés (Lomé ; Accra 1, 2 et 3 ; Linas-Marcoussis ; Pretoria 1 et 2 ; résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, etc.). Tous, dans leur conception, portaient en eux les germes de leur échec. Échec souvent dû, en effet, à leur caractère tout à la fois partiel (limité aux seuls aspects politiques) et partial (réduit à des considérations partisanes).
C’est dans cette atmosphère que, las des tergiversations de la classe politique ivoirienne, certains acteurs non étatiques (organisations syndicales, professionnelles, religieuses et ONG) se sont fédérés au sein de la CSCI, en vue d’influencer les processus politiques, économiques et sociaux pour le bien-être des populations. La CSCI a donc naturellement orienté ses missions vers la recherche de consensus, pour l’émergence et l’accomplissement des valeurs démocratiques, mais, surtout, pour promouvoir la bonne gouvernance, l’État de droit et la réconciliation nationale.
Les prochaines élections locales seront une étape décisive à franchir, pour tous.
Pour ce faire, la Convention mène des activités de sensibilisation et d’éducation citoyenne. Elle organise notamment des ateliers, colloques et tables rondes sur les sujets d’intérêt national. Elle s’exprime régulièrement sur les questions d’actualité relatives aux violations des droits civils et politiques, ainsi que sur les droits économiques et sociaux du citoyen. Elle organise par ailleurs des Journées de consensus national (JCN), réunissant toutes les composantes de la vie sociale ivoirienne. La première édition, en 2009, avait pour objectif de sensibiliser l’ensemble du corps social et de déterminer les conditions préalables à une sortie de crise pacifique par la tenue d’élections transparentes et crédibles en 2010. La deuxième édition, en mars 2012, s’est concentrée sur la proposition de mesures concrètes pouvant contribuer à la consolidation de la paix, de la cohésion sociale, de l’État de droit et à la définition des bases minimales consensuelles de la reconstruction postcrise. À l’issue de ces JCN, vingt recommandations ont été présentées au gouvernement.
Aujourd’hui, nous nous attachons en particulier à promouvoir l’implication et la participation des partis de l’opposition, de la majorité et de la société civile aux élections municipales et régionales. Car le mode de scrutin à la proportionnelle, qui est l’expression du « vivre ensemble », sera sans nul doute source de réconciliation. En outre, les maires et les conseillers régionaux issus de ces élections seront les vecteurs de la réussite du Plan national de développement (PND) 2012-2015, censé élever la Côte d’Ivoire au statut de pays émergent à l’horizon 2020.
Au-delà de la franche collaboration qu’entretiennent la CSCI et le gouvernement sur les grands dossiers économiques – Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), PND, Contrat de désendettement et de développement (C2D), etc., dans l’élaboration desquels la CSCI s’investit -, nos relations sont en revanche souvent à la limite du cordial, du fait des prises de position de la Convention. Certains hauts fonctionnaires et responsables d’institutions entretiennent parfois des rapports tumultueux avec la CSCI, à laquelle ils reprochent, abusivement, de ne pas leur être « favorable ». À titre d’exemple, j’évoquerai simplement la censure dont la CSCI fait l’objet dans les médias d’État. Un changement radical de paradigme – abandon des réflexes de parti unique, lutte contre la corruption, etc. – est pourtant indispensable si la Côte d’Ivoire veut pouvoir prétendre accéder au statut de « pays émergent ».
L’État est, certes, doté d’un pouvoir régalien. Cependant, pour toutes les questions d’intérêt national, la CSCI l’exhorte à privilégier une approche participative, inclusive et consensuelle.
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