Impunité, dialogue, réconciliation, Ouattara répond au FPI

ouatbed

S.Debailly
Bédié et le Pdci à l’épreuve de la cogestion du pouvoir

Une autre rencontre officielle, la première de l’an-née 2013. L’avant dernière a eu lieu courant no-vembre 2012, dans l’ambiance qui a prévalu juste avant le renvoi du Premier ministre Jeannot Ahoussou-Kouadio.

La derniere en date qui a eu lieu hier lundi 11 février 2013, intervient dans un contexte où la coalition au pouvoir est en proie à des contradictions internes face au double scrutin qui pointe à l’horizon. Les régionales et les municipales. A ce niveau, les houphouëtistes ont du mal à accor-der leurs violons quant au choix des têtes de liste. Les deux plus importants partis du Rhdp, le Rdr et le Pdci ont séparément constitué et publié des listes en faisant fi de leur destin commun. L’idée de listes communes reviendra plus tard en force avec la mise en place d’un directoire chargé de gé-rer cette situation. Une affaire qui grippe quelque peu la cohésion d’ensemble et qui exige l’intervention des pompiers Ouattara et Bédié pour éteindre le feu qui couve. Alas-sane Ouattara avait promis dans l’entre-deux-tours du scrutin présidentiel de 2010, gouverner sous l’autorité de Bédié. Ouattara avait même qualifié son «aîné» Bédié de Ju-lius Nyerere. Du nom de l’ancien Président de la Tanzanie indépendante qui abandonna le pouvoir, alors même que rien ne l’y contraignait. C’est au président du Pdci que revient encore l’honneur d’être consulté par Alassane Ouattara. Au-delà des raisons officielles de cette visite, il convient tout de même de s’interroger sur les fondements politiques de cet entretien. Une telle rencontre au sommet, selon certains observateurs, ne saurait être innocen-te. On le sait, avant la fixation de la date du 24 février 2013 pour les élections couplées, une rencontre avait eu lieu entre les deux hommes. De même, pour la nomination de Jeannot Ahoussou au poste de ministre d’Etat auprès du Président de la République. Il serait donc possible de croire qu’après cet autre tête-à-tête, une date soit annoncée pour les prochaines élections. Des sources tablaient déjà sur le 14 avril 2013. Outre les problèmes de la maison Rhdp, le front social avec ses mouvements de grève tous azimuts a été un autre sujet au menu des discussions. Bédié qui a déjà été aux affaires, six ans durant et qui a aussi affronté ces remous sociaux, a sans dou-te donné ses conseils sur les dossiers de la grè-ve des travailleurs. Au total, se pose le problème même de la gestion commune du pouvoir. Au cours de son bureau politique de 2012, le Pdci avait déjà attiré l’attention de son allié Ouattara et plus largement le Rdr, sur les dérapages qui, s’ils demeurent sans solution, pourraient nuire à la bonne marche de la coalition. Les problèmes relevés avaient pour noms : découpage électoral, rattrapage ethnique, insécurité etc. Aujourd’hui avec l’évolution du cli-mat politique, d’autres problèmes sont venus se grever à ceux qui préexistaient. Le gouvernement est engagé dans un dialogue avec l’opposition et plus spécialement l’opposition significative du Fpi. La participation de ces partis au prochain scrutin n’est toujours pas garantie. Les deux person-nalités devraient dégager une convergence d’action sur le sujet. De tout ce qui précède, le Julius Nyerere natio-nal (selon Alassane Ouattara) peut-il se soustraire à l’heure du bilan global de la gestion de Ouat-tara ? Peut-il dire que son autorité ne s’est pas suffisamment exercée quand viendra l’heure d’assumer les succès et les échecs ? Là-dessus, un cadre du vieux parti est formel : ‘’Bédié et Ouattara ont longtemps décidé de quitter la logique de la confrontation pour privilégier celle de la fraternité et de la cohé-sion. Ce tandem ne fait que se renforcer de jour en jour et rien ne saurait brouiller la bonne entente qui prévaut entre les deux personnalités. Pour l’instant nous ne sommes pas en 2015 et il ne faut pas mettre les charrues avant les bœufs. Chaque problème arrive en son temps et trouve ses solutions en son temps’’. Pour ce dernier, il ne s’agit pas de me-surer l’influence de tel, ou tel mais il s’agit d’asseoir la base d’une cogestion efficace pour le bonheur de la Côte d’Ivoire.

Inteview ‘‘Nous devons sortir de l’impunité’’
Propos recueillis par Touré Abdoulaye

Pour la troisième fois depuis son accession à la Magistratu-re suprême, le Président de la République a rencontré le lundi 11 février 2013, son aîné, le Président Henri Konan Bedié, en sa résidence à Coco-dy. Contrairement à la deuxième rencontre où le chef de l’Etat ne s’était fait accompagner d’aucun de ses collaborateurs, Alassane Ouattara avait à ses côtés, pour le rendez-vous d’hier, sa Conseillère en communication, Masséré Touré. Ci-dessous, les propos du Président de la République au terme d’une heure de tête-à-tête avec le président de la Conférence des présidents du Rassemblement des houphouétistes pour la démocra-tie et la paix (RHDP).

Monsieur le Président, vous venez de rencontrer votre aîné. De quoi avez-vous parlé ?

C’est toujours un grand plaisir de voir son aîné. Je suis venu saluer mon aîné le Président Henri Konan Bédié et lui réitérer mes vœux les meilleurs pour la nouvelle année. Et en profiter pour lui faire le point de la situation politique et sociale au niveau national et également les relations internationales, notamment l’évolution de la situation au Mali. En ce qui concerne la situation nationale, nous avons beaucoup parlé de dialogue politique avec l’op-position. Notre ardent désir et notre détermination c’est de conti-nuer ce dialogue et de le renforcer, car la Côte d’Ivoire a toujours été un pays de paix, d’entente et nous de-vons retrouver cet environnement. J’ai indiqué au Président qu’en raison de ce dialogue, les élections locales ont été reportées de quelques semaines. Mais dans les jours à ve-nir, nous serons amenés à fixer la date des élections locales. Pour la situation économique, elle est très bonne. Le Président est tenu régulièrement informé. Au plan international nous avons beaucoup parlé de l’évolution de la situation au Mali, de la nécessité pour nous de continuer d’avoir le leadership nécessaire pour aller plus loin dans la recherche de l’unicité, de l’intégrité territoriale , de la paix et surtout de l’organisation d’élections présidentielles au Mali dans les meilleurs délais. Comme vous le savez, le Président Henri Konan Bédié est le pré-sident de la Conférence des présidents des partis membres du Rhdp. Nous avons fait un tour d’horizon au niveau de la collaboration entre les 4 partis membres du Rhdp, pour que nous ayons le maximum de candidatures Rhdp pour les prochaines élections locales ; c’est-à-dire les élections régionales et les élections municipales.

Le Pape Benoit XVI a démissionné. Récemment vous avez effectué une visite à Rome au cours de laquelle vous l’avez rencontré. Quels commentaires pouvez-vous faire de sa démission ?

Le Pape est un grand homme d’Etat, un homme impressionnant. J’ai eu des entretiens particulièrement émouvants quand j’étais avec lui. Il a décidé de mettre fin à sa charge pour les raisons que vous savez. C’est un très grand homme qui a servi l’Eglise avec une grande foi et il jouissait d’une grande admiration de la part de tous.

Vous avez parlé du dialogue politique avec l’opposition. Le Fpi demande notamment une amnistie générale, la liberté pour certains dirigeants. Dans quel sens voudrez-vous
aller ?

Il faut aller le plus loin possible dans tout ce que nous faisons. Que ce soit la réconciliation, la justice. Je pense que tous nos compatriotes comprennent que nous devons également sortir de l’impunité et que les jugements en cours doivent aller à terme et que par conséquent la volonté est là. Mais évidemment, nous ne sommes pas en mesure de prendre des décisions unilatérales. C’est un tour. Un Etat de droit veut dire que la justice doit faire son tra-vail, l’Assemblée nationale, le chef de l’Etat, l’Exécutif, c’est tous ensemble que nous devons gérer l’avenir du pays, mais c’est impor-tant de savoir que la volonté est là. Nous voulons sortir de cette situa-tion d’ambigüité et faire en sorte que la reconstruction du pays qui a bien démarré puisse se renforcer et être accélérée.

L’Intelligent d’Abidjan

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