Ne pas se tromper d’amnistie
Affaire Guébié, faux complots contre Houphouet, 18 février 1992 (…) Pour chacun des faits relevés plus haut et en dépit de leurs gravités, il n’y a eu aucune loi d’amnistie prise par le Président Félix Houphouët-Boigny, encore moins par son successeur Henri Konan Bédié. Ce n’est qu’à l’adoption de la Constitution du 1er août 2000, marquant le début de la Deuxième République que l’article 132 relatif à l’immunité accordée aux membres du CNSP, auteurs du coup d’Etat, a été intégré dans la constitution. En 2001, au terme du Forum de dialogue social, une loi d’amnistie a été également prise, puis en 2003 après Marcoussis et 2007, à l’issue de la signature de l’Accord politique de Ouagadougou. Malheureusement, ces dernières lois n’ont pas eu l’effet escompté, celui de mettre fin à toutes les tentatives de déstabilisation de la Côte d’Ivoire. La suite, tous les Ivoiriens et tous les habitants de la Côte d’Ivoire le savent : 3000 morts après une crise postélectorale. Les procédures judiciaires sont en cours, les acteurs politiques et les responsables des organisations de la société civile sont unanimes : elles doivent aller jusqu’au bout pour que chacun sache le niveau de responsabilité dans chaque camp. Après quoi on pourra aller à l’amnistie. Au fond, il ne faut pas exclure que la justice blanchisse des personnes actuellement inculpées et détenues.
On veut faire manger à Ouattara son pain, ou son totem. Il a promis de mettre fin à l’impunité. Dans cette optique, il a pris des décisions inimaginables et même presque suicidaires, entre autres, le transfert à La Haye de Laurent Gbagbo. Les cadres LMP sont en prison, tandis que d’autres restent libres dans le pays. Dans cette quête de lutte contre l’impunité, le chef de l’Etat a même mis en place une commission d’enquête dirigée par la magistrate Badjo Paulette qui a produit un rapport, semble-t-il ap-précié de tous. Ce rapport a situé la responsabilité des uns et des autres dans la crise postélectorale. Des pro-Ouattara ont même été mis en cause courageusement. La suite judiciaire à donner est attendue. Et voici qu’aujourd’hui avec la Loi d’amnistie, on semble demander au Président de la République Alassane Ouattara d’oublier tout ça. Comme si le chef de l’Etat s’était trompé sur toute la ligne. Comme si l’option de la lutte contre l’impunité pour tous était une mauvaise politique. Le FPI aurait voulu par ce biais, amener Ouattara, Bédié et le RHDP à se renier, à reconnaître la justice sélective et partiale dénoncée, qu’il n’aurait pas agi autrement ni le RHDP encore moins les victimes. Car en réali-té, ni le FPI qui n’a rien reconnu comme crime, n’a pas besoin de cette amnistie. Elle va protéger les détenus de quoi qu’ils n’ont pas encore subi. Le piège de l’amnistie est un gros complot à évi-ter pour ne pas en faire un cas d’école. Un permis de tuer. Un droit à l’insrrection.
CK
L’Intelligent d’Abidjan
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