Arrestation et extradition de Jean-Noël Abéhi/Agban: les gendarmes réagissent
Nord-Sud
Après l’arrestation et l’extradition, mardi dernier, de l’ex-commandant du Groupe d’escadron blindé (Geb), Jean-Noël Abéhi, les gendarmes du camp d’Agban réagissent. Reportage.
9h35. Nous sommes en contact téléphonique avec notre source, un gendarme, en service au Groupe d’escadron blindé (Geb). Il nous demande de « faire mouvement » vers la caserne, car il nous attend depuis quelques minutes. 10h. Nous sommes à l’entrée principale faisant face au quartier Williamsville (Adjamé). Le gendarme en faction se dirige vers nous. Il fait le garde-à-vous, et demande à fouiller le coffre-arrière de notre véhicule. C’est un gendarme coiffé d’un béret rouge et portant un treillis de la mobile. Il porte en bandoulière son kalachnikov. Nous descendons pour ouvrir le coffre-arrière pour vérification. Rassuré, il nous demande de refermer le coffre. Nous nous exécutons. Pendant ce temps, notre source rentre à nouveau en contact avec nous. Nous lui confirmons que nous sommes bel et bien au camp, et que nous nous plions aux consignes de sécurité et de contrôle. Rendez-vous est pris devant le mess ( restaurant et buvette). On dépasse le poste de police à l’entrée où sont postés quatre gendarmes dont trois accueillent les visiteurs. Ceux-ci récupèrent les pièces d’identité des hôtes du camp avant qu’ils y aient accès. Cette mesure fait suite à l’attaque avortée du camp d’Agban, le 23 décembre dernier. De loin, nous apercevons notre interlocuteur. Celui-ci fait de grands signes. Le mess est en face du sous-bois (lieu de repos des gendarmes, ndlr). A proximité, il y a une superette, à droite du mess. A gauche, c’est la route qui sépare le mess de l’Unité d’intervention de la gendarmerie nationale (Uign) dirigée par le lt-colonel Basanté Badara. Notre interlocuteur nous invite à la buvette du mess. «Bonjour les frères. Vous avez constaté que tout est calme », lance-t-il. Assis autour d’un verre, les échanges sont chaleureux. «Que voulez-vous savoir sur le Geb ? Sachez que nous sommes des militaires. Nous suivons la hiérarchie. Nous avons appris comme tout le monde que le commandant Abéhi a été mis aux arrêts. Il n’est pas détenu ici. Mais, nous savons qu’il est tenu au secret. C’est tout », dit l’officier de gendarmerie, sous le couvert de l’anonymat. Pendant notre conversation, son téléphone portable sonne. Il est joint par un de ses éléments. Il invite le mdl CS à nous rejoindre au mess. Quelques minutes après, le sous-officier arrive. Il est en service à la légion située derrière la départementale. Les civilités sont faites. «Abéhi a fait plus de mal à la gendarmerie. Il a sali l’image de la gendarmerie. Il s’est comporté comme un voyou pendant la crise postélectorale. Lors de ces événements, cdt Abéhi a fait frapper le patron (colonel Aka N’Dri Benjamin, ndlr) du mdl CS », a-t-il révélé. Pour rappel, le vendredi 25 mars 2011, le lt-colonel Aka N’Dri Benjamin, commandant du groupe d’escadron mobile de la gendarmerie nationale, a été arrêté et emprisonné au camp d’Agban, sur initiative personnelle du cdt Abéhi Jean-Noël, commandant du Groupe d’escadron blindé (Geb). Motif avancé : il serait la taupe qui fournissait les informations au «commando invisible» pour déjouer les stratégies des ex-Forces de défense et de sécurité (Fds) restées loyales à l’ex-chef de l’Etat, Laurent Gbagbo. De plus, il lui avait été déconseillé de dire à ses proches qu’il avait été mis aux arrêts, mais plutôt en résidence surveillée. Le mdl CS est donc très amer. Selon lui, le commandant Abéhi doit être remis à la gendarmerie pour être traité comme le colonel Aka qu’il a fait torturer. « Il faut qu’on nous remette Abéhi. Nous allons le reformer. Un gendarme ne se comporte pas comme il l’a fait. Le pouvoir précédent l’avait surarmé à telle enseigne que le général Kassaraté, alors commandant supérieur de la gendarmerie, avait peur de lui. », s’est souvenu le mdl CS. Le groupe s’agrandit avec l’arrivée d’autres gendarmes. L’officier met fin aux échanges. Nous sortons du mess. Il nous montre de la main le Geb commandé aujourd’hui par le capitaine Barthélémy Ouattara. Il indique aussi un char recouvert de filet. « Nous avons pris des dispositions sécuritaires pour prévenir toute attaque après l’arrestation d’Abéhi. Au moment où je vous parle, tous les gendarmes sont heureux, parce que l’individu est dangereux », a soutenu l’officier qui nous raccompagne à notre véhicule de reportage. Il est 13h, nous quittons le camp d’Agban. Belle journée d’informations.
Bahi K.
Nord-Sud
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