Source: Le Point.fr
Les forces françaises au Mali déplorent depuis le lancement de la guerre le 11 janvier, outre un mort au début, « quelques blessés français, mais des blessés relativement légers », a déclaré mercredi le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, sans les chiffrer. « Il y a eu malheureusement un mort, donc, c’est une vraie guerre », a-t-il affirmé à la radio Europe 1, sans préciser le nombre de blessés, les circonstances dans lesquelles les militaires ont été blessés ni quand cela s’est produit. « Il y a eu des pertes significatives du côté des jihadistes, je ne vais pas faire une comptabilité », a-t-il dit. Mais « il y a eu une vraie guerre avec des pertes significatives », a-t-il insisté.
Mardi, le ministre de la Défense avait déjà évoqué « plusieurs centaines » de combattants islamistes tués lors d’accrochages, mardi, dans les environs de Gao. Côté français, il avait déclaré que « les forces françaises ont eu pour leur part un mort, le pilote d’hélicoptère tué aux premières heures de l’intervention », et « deux ou trois blessés anecdotiques, sans gravité ». Mercredi, il n’a pas précisé si les blessés qu’il a évoqués étaient ou non les mêmes.
Les forces françaises totalisent aujourd’hui 4 000 hommes, soit presque le double de ce qui avait été annoncé au début du conflit. Ce chiffre n’augmentera plus, a précisé mercredi le ministre de la Défense. Ce chiffre de 4 000 équivaut au nombre de militaires déployés en Afghanistan à son maximum en 2010. En outre, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a annoncé que l’armée française se retirera « à partir de mars, si tout se passe comme prévu ».
Paris confirme « des accrochages » avec des islamistes mardi près de Gao
PARIS (© 2013 AFP) – Jean-Yves Le Drian a confirmé mercredi que des « accrochages » avaient eu lieu la veille dans les environ de Gao, dans le nord du Mali, entre les troupes françaises et maliennes d’une part et « des groupes jihadistes résiduels ».
« Il y a eu des accrochages hier dans les environs de Gao. A partir du moment où nos forces, soutenues par les forces maliennes, ont commencé à faire des missions et des patrouilles autour des villes que nous avons prises, on rencontre des groupes jihadistes résiduels et qui se battent », a déclaré le ministre de la Défense sur Europe 1.
« On va les chercher. On sécurise avec les forces maliennes autour des villes que nous avons pu reprendre », a souligné le ministre. « Hier il y a eu des tirs de roquettes de groupes jihadistes résiduels dans la région de Gao ».
Interrogé sur le bilan de « plusieurs centaines » de combattants islamistes tués depuis le début de l’opération française, qu’il a donné mardi, M. Le Drian a répondu: « Il y a eu une vraie avec des pertes significatives », se refusant à faire « une comptabilité ».
Un groupe islamiste armé, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), avait affirmé mardi avoir attaqué les positions des soldats français et africains à Gao, une information démentie par la force ouest-africaine, alors que des témoins ont fait état d’explosions lointaines.
Mali : À Douentza, une vie en état de siège, entre chars, mines et pénurie
DOUENTZA (© 2013 AFP) – « Nous vivons sous embargo, nous ne pouvons pas circuler », se plaint un habitant de Douentza au Mali. La vie s’y déroule en état de siège: la pénurie règne, la ville est cernée de chars et de pick-up maliens, et ses accès seraient minés.
Située en Pays Dogon, dominée par de superbes petites montagnes quasi verticales (la « Falaise de Bandiagara ») qui attiraient autrefois les touristes, Douentza (800 km au nord-est de Bamako) comptait quelque 25.000 habitants avant le conflit, dont 10.000 environ ont fui l’occupation depuis septembre 2012 de la ville par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), un groupe islamiste armé.
Selon des habitants, les islamistes ont quitté la ville après plusieurs frappes aériennes françaises mi-janvier. Les bâtiments où ils étaient basés, le lycée, l’académie d’enseignement et l’hôtel N’Douldi, ont été éventrés par les missiles et sont parsemés de munitions qui ont explosé à cause de la chaleur.
D’après Boureima Cissé, comptable de 28 ans, les islamistes ont tué ici un homme, un milicien gouvernemental Gandakoye (anti-islamiste) qui refusait de les soutenir. « Il possédait des armes, quelqu’un l’a dénoncé. On a formé un comité pour plaider sa cause, mais ils l’ont tué à coups de pierre et de bâton », explique-t-il.
Pas d’amputations, ce que confirment d’autres habitants, mais comme ailleurs la « chicotte » (fouet) publique et les viols étaient fréquents.
Les extrémistes partis, les militaires sont arrivés le 21 janvier.
Reste aujourd’hui une forte présence malienne: d’antiques chars T55 rouillés de conception soviétique et des pick-up de combats camouflés sont positionnés aux sorties de la ville, leurs canons et mitrailleuses lourdes orientés vers la brousse sèche où rôdent « des éléments » islamistes, selon un officier malien.
Requérant l’anonymat, ce dernier assure que des mines auraient été posées sur la route reliant Douentza à Tombouctou (250 km au nord), et sur celle menant à Gao (400 km au nord-est), stratégique pour accéder à la région de Kidal (1.500 km au nord-est de Bamako), où de nombreux islamistes se seraient retranchés avec les sept otages français.
« Nous vivons sous embargo »
Deux soldats maliens ont péri jeudi sur une mine près de Douentza, et deux mines artisanales ont été découvertes dimanche sur l’axe Douentza-Gao, selon des sources militaires.
La circulation est possible sur cette voie et vers Tombouctou, mais la route du Sud, vers Bamako, essentielle pour l’approvisionnement, reste fermée pour limiter les mouvement des islamistes.
Du coup, les habitants se plaignent: « Nous vivons sous embargo, nous ne pouvons pas circuler », grogne Ousmane Koïta, propriétaire de l’hôtel La Falaise, fermé depuis 10 mois.
« La vie commence à reprendre son cours normal, mais l’électricité fait grand défaut depuis l’envahissement (sic) par les hommes du Mujao », explique-t-il.
« Pour le moment, il y a assez à manger, mais le commerce est presque paralysé. On peut sortir mais pas entrer » dans la ville, souligne-t-il.
Sur le marché où fruits et légumes sont rares, des hommes traînent, désoeuvrés sur la place sablonneuse – le chômage est massif.
Amadou Traoré, 25 ans, vend des patates dans son échoppe, quatre troncs d’arbres maigres et tordus surmontés d’un toit de paille. « On ne trouve pas de pommes de terre car la route est coupée. Ca fait presqu’un mois qu’on ne gagne rien », depuis le début de l’intervention militaire française le 11 janvier, déplore-t-il.
Devant lui trône son maigre stock: 4 à 5 kg de patates, dont le prix a bondi de 450 à 700 francs CFA (0,69 à 1,07 euro) le kg.
A côté, dans un container métallique transformé en station-service, Ousmane Omgoïba arrive toujours à fournir ses clients. La pénurie totale menaçant, l’armée malienne a fait venir une citerne il y a quelques jours.
« La citerne nous a sauvés un peu », commence le quadragénaire avant de s’interrompre: le corbillard de Douentza vient faire le plein. Sur son flanc est inscrit en lettres blanches: « Toute âme connaîtra la mort ».
[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »144902495576630″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]
Commentaires Facebook