Laurence Hallé Source: Jeune-Afrique
La morosité de l’économie mondiale ne semble pas avoir d’incidences sur les transferts d’argent des migrants. Si la tendance se maintient, le volume des fonds ainsi transférés devrait grimper de 8 % en 2013. Un service que les Africains continueront à payer au prix fort, à moins que les gouvernements n’interviennent.
L’Afrique représente, et de loin, la région où cela coûte le plus cher d’envoyer des fonds aux proches restés au pays. Pour l’année 2012, les tarifs s’élevaient par exemple, en moyenne, à 12 %. Et, alors que la moyenne mondiale se situe à 8,96 %, les dirigeants des pays des G8 et G20 se sont engagés à l’abaisser à 5 % d’ici à 2014. Plafonner ainsi les tarifs de transfert permettrait aux travailleurs migrants africains de réaliser des économies de l’ordre de 4 milliards de dollars, selon les calculs de la Banque mondiale. Et, pour y parvenir, les gouvernements devront faciliter la compétitivité du marché des transferts de fonds, estime l’institution, dans un rapport publié le 28 janvier. Les enjeux sont de taille, alors que près de 60 milliards de dollars ont été acheminés sur le continent africain par 30 millions de travailleurs migrants pour la seule année 2012. De telles données demeurent toutefois approximatives, puisqu’elles ne tiennent pas compte des sommes envoyées par des circuits informels.
Plafonner les tarifs de transfert permettrait aux travailleurs migrants africains de réaliser des économies de l’ordre de 4 milliards de dollars.
Oligopole
La concurrence constitue l’obstacle principal à la baisse des tarifs sur le continent africain, alors que les grands acteurs du transfert de fonds exigent, la plupart du temps, une exclusivité avec l’établissement local qui distribue l’argent. Le Nigeria et le Rwanda ont, ces dernières années, instauré des mesures pour accroître la compétitivité, mais l’exclusivité liant les bureaux de poste, épiceries et autres établissements intermédiaires aux grandes sociétés de transfert de fonds demeure la norme.
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À cela s’ajoute le large éventail des différents pays où s’établissent les migrants africains, qui influence directement le nombre de succursales présentes sur le continent. Les transferts de fonds intra-Afrique devraient eux aussi être revus, alors que les tarifs frisent les 20 % vers l’Afrique du Sud, le Ghana et la Tanzanie, indique la Banque mondiale. L’institution avait par ailleurs déjà prévenu que des taux aussi élevés étaient un obstacle supplémentaire aux transferts de fonds. Les leaders mondiaux, Western Union et MoneyGram, accaparent la majeure partie du marché, bien que de nouveaux services tentent de se faire une place.
Les travailleurs africains établis en France effectuent majoritairement leurs transferts vers l’Algérie, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Maroc, le Sénégal et la Tunisie. Et, malgré la crise, la Banque mondiale avait prévu, pour l’année 2012, une hausse de 6 % du volume des transferts de fonds, qui atteignent plus de 405 milliards de dollars. L’Inde et la Chine ont été au premier rang des destinations, avec 70 et 66 milliards de dollars respectivement.
L’Asie du Sud-Est représente la zone la moins onéreuse au monde pour les transferts de fonds, avec des tarifs d’environ 6,5 %.
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