A la lecture de l’acte d’accusations du bureau du procureur Fatou Bensouda de la CPI, rendu public dans la forme, ce lundi 28 janvier 2013, nombreux sont les Ivoiriens qui se demandent : peut-on tenir l’ex président de la Côte-d’Ivoire Gbagbo , seul pénalement responsable des crimes supposés commis par les FDS et complices miliciens, sans inculper le général 4 étoiles Philippe Mangou, Chef d’état-major de Laurent Gbagbo jusqu’au 31 mars 2011 ? Sachant que son successeur pendant 11 petits jours, Dogbo Blé inculpé, croupit dans les geôles du pouvoir Ouattara depuis avril 2011. Philippe Mangou lui, s’est trouvé une autre vocation, celle de diplomate. En effet, l’ex général « patriote » exerce depuis plusieurs mois comme Ambassadeur de la Côte-d’Ivoire au Gabon.
Les quelques extraits ici-bas du document amendé de notification des charges contre Laurent Gbagbo, pourraient laisser présager que l’étau se resserre autour de Philippe Mangou.
……
Morceaux choisis
LE PROCUREUR c. LAURENT GBAGBO
Version publique expurgée
Document amendé de notification des charges
Original: français N° ICC‐02/11‐01/11
Date: 25 janvier 2013
(…)
5. Avant l’élection, GBAGBO a pris des dispositions dans la poursuite de la Politique pour faire en sorte de se maintenir au pouvoir en cas de défaite électorale. Il a consolidé son autorité absolue ainsi que le contrôle qu’il exerçait sur les Forces de défense et de sécurité ivoiriennes (FDS). Celles‐ci étaient constituées de cinq composantes principales qui ont pris part à la commission des crimes : les forces armées (FANCI), la gendarmerie, la garde républicaine (GR), le Centre de commandement des opérations de sécurité (CeCOS) et la police. Elles étaient commandées par des personnes fidèles à GBAGBO. Lors de la crise postélectorale, sur ordre de GBAGBO, leurs opérations ont été coordonnées par le chef de l’état‐major des forces armées, le général Philippe MANGOU auquel DOGBO BLÉ a succédé après le 31 mars 2011.
37. Les membres de l’entourage immédiat de GBAGBO se sont fait l’écho de ses déclarations et ont indiqué qu’ils auraient recours à tous les moyens nécessaires, y compris à la violence meurtrière, pour le maintenir au pouvoir. Le 22 janvier 2011, MANGOU a déclaré devant des milliers de jeunes au quartier général des FDS à Abidjan : « S’il faut se battre jusqu’à ce qu’on perde notre vie, nous allons le faire. […] [N]ous n’accepterons pas que quiconque vienne ici pour toucher à un seul cheveu du Président [GBAGBO] ».
69. GBAGBO exerçait par ailleurs un contrôle de facto sur les FDS. Avant et pendant la crise postélectorale, il a consolidé ce contrôle en nommant des proches à des postes‐clés. Ces personnes, dont certaines appartenaient à son entourage immédiat, se sont vues confier le contrôle des diverses sections des FDS. Le 7 décembre 2010, GBAGBO a nommé son « Gouvernement » dont Alain DOGOU qui occupa le poste de Ministre de la défense. Le 3 août 2010, GBABGO a promu MANGOU au rang de général des forces armées (chef de l’Etat‐major). MANGOU consultait toujours GBAGBO avant de prendre la moindre décision.
70. Après la prestation de serment de GBAGBO en tant que Président le 3 décembre 2010, tous les responsables des FDS lui ont fait vœu d’allégeance. MANGOU, en présence de KASSARATÉ, FAUSSIGNAUX, BI POIN, DOGBO BLÉ, DETHO et BREDOU M’BIA, a déclaré: « Suite à la réélection de Monsieur le Président […] Nous sommes venus présenter notre admiration à Monsieur le Président de la République, lui réitérer notre disponibilité, notre fidélité et lui dire que nous sommes prêts à accomplir toutes les missions qu’il voudrait bien nous confier ».
81. Début décembre 2010, GBAGBO a ordonné par décret présidentiel aux forces armées d’appuyer les FDS, dont la gendarmerie et la police, afin de contenir les manifestations des partisans de OUATTARA. (…) Sous l’autorité de MANGOU, les forces armées ont coordonné les opérations des FDS visant à réprimer les manifestations à caractère politique.
82. À la midécembre 2010, GBAGBO a chargé MANGOU de coordonner les opérations des FDS dans le but d’empêcher les manifestants acquis à la cause de OUATTARA de pénétrer dans le siège de la adiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI) situé dans le quartier de Cocody et de « libérer » cette institution. MANGOU a fait déployer des troupes lourdement armées autour du bâtiment de la RTI et dans d’autres secteurs d’Abidjan afin de disperser les manifestants. Du coup, les forces pro‐GBAGBO ont attaqué ces derniers sans aucune retenue, ce qui s’est traduit par la commission des crimes énumérés aux paragraphes 43 à 51.
84. Simone GBAGBO et d’autres membres de l’entourage immédiat de Laurent GBAGBO ont également donné des instructions quant à la mise en œuvre du Plan commun. Celles‐ci étaient toujours transmises en présence de GBAGBO ou celui‐ci en était informé et les avait approuvées, et les commandants des FDS les communiquaient à leur tour à leurs subordonnés. Par exemple, aux alentours de fin février ou début mars 2011, Simone GBAGBO a chargé les principaux généraux des FDS de faire tout leur possible pour prendre le contrôle d’Abobo et le chef de l’état‐major a confirmé qu’ils s’exécuteraient. En outre, lors d’une réunion avec ces mêmes généraux en février ou mars 2011, MANGOU leur a ordonné de mettre fin aux « manifestations des rues » et aux « grandes manifestations qui [étaient] du niveau de l’ordre public ». En conséquence, les forces pro‐GBAGBO ont eu recours à des « armes de guerre » et au « répertoire complet de ce que les militaires [avaient] » pour disperser les manifestants lors de ces troubles.
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