Bamba Idrissa, source Soir info
Du moins, pour l’instant. Les deux camps ont non seulement des visions totalement opposées sur la question, mais ils sont engagés dans un véritable dialogue de sourds depuis la fin de la crise postélectorale en avril 2011. Une seule et vraie pomme de discorde est à la base des rapports difficiles entre le pouvoir Ouattara et le parti de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo. Il s’agit de l’option ou de la voie à emprunter pour parvenir à la réconciliation des Ivoiriens. Alors que le Chef de l’Etat estime que la justice doit précéder et conduire à la réconciliation, le principal parti de l’opposition ivoirienne, quant à lui, pense qu’à défaut de traduire devant les tribunaux, tous les protagonistes de la crise postélectorale, il faut faire table-rase de tout ce qui s’est passé pour aller à la réconciliation.
Le Président de la République ne manque donc pas d’occasion pour réaffirmer sa vision. »La justice d’abord doit faire son travail et ensuite nous verrons ce qu’il y a lieu de faire mais je n’interviendrai pas dans les questions de justice. Je crois en la séparation des pouvoirs. Je l’ai dit, je le répète, nous avons des mécanismes pour que nous puissions aller à la réconciliation mais ceci demande que nous tenions compte également des victimes et des proches des victimes qui ont besoin que justice soit rendue », affirmait-il encore au terme de sa visite d’Etat dans le District du Zanzan, le 30 novembre 2012. Engagé de la même façon à défendre la position de sa formation politique, Sylvain Miaka Oureto, le Président par intérim du Fpi, à la veille de son départ pour la France, début janvier 2013, précisait : « Si Laurent Gbagbo sort de prison, la réconciliation va passer comme lettre à la poste. C’est une vérité de La Palice…On nous oppose chaque fois l’Etat de droit, la justice…On voit tous que la justice brandie par les tenants du pouvoir a montré ses limites. On voit aussi que l’Etat de droit a montré ses limites. Car, pour parler d’Etat de droit, la justice doit être impartiale. On applique strictement les règles de droit. On ne les applique pas de manière partisane comme on le voit en Côte d’Ivoire presqu’au quotidien…Il faut recourir à une solution politique. Que le président Ouattara recoure donc à une solution politique ». Comme on le constate, les étapes pour aboutir à la réconciliation, sont définies différemment
par le pouvoir Ouattara et le Fpi. Le numéro un ivoirien qui affirme haut et fort qu’il veut mettre fin à l’impunité, refuse que l’on passe par perte et profit, les »crimes graves » commis lors de la crise postélectorale. Pour lui, tous ceux qui ont commis des crimes, doivent répondre de leurs actes devant la justice. Dans le camp de l’ex-président ivoirien, la libération des prisonniers, le retour des exilés pro-Gbagbo, la recomposition de la Commission électorale indépendante (Cei)…sont les clés de la réconciliation en Côte d’Ivoire.
Entre ces deux positions tranchées, se situe la Commission dialogue-vérité-réconciliation (Cdvr) conduite par Charles Konan Banny qui semble prêcher dans le désert au niveau des hommes politiques. La récente extradition de l’ex-leader des jeunes Patriotes, Charles Blé Goudé, illustre la divergence de vue entre le pouvoir et l’opposition significative. Les partisans du Chef de l’Etat se réjouissent du fait que Blé Goudé soit traduit devant les Tribunaux. Par contre, du côté du Fpi, l’arrestation puis l’inculpation de l’ancien ministre de la jeunesse et de l’emploi de Laurent Gbagbo, »jurent avec les professions de foi de volonté (du pouvoir, Ndlr) d’aller à la paix et à la réconciliation ».
BAMBA Idrissa
[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »144902495576630″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]
Commentaires Facebook