Condamné à 50 ans, l’accusation demande 80 ans en appel contre Taylor

Peine aggravée requise pour Charles Taylor en appel à La Haye

Nouvel Observateur
LA HAYE (Reuters) – Le parquet a requis mardi une peine aggravée pour l’ex-président du Liberia Charles Taylor, condamné à 50 ans de prison par le Tribunal spécial sur la Sierra Leone (TSSL) pour son rôle dans des crimes contre l’humanité commis pendant la guerre civile sierra-léonaise.

Le TSSL, dépaysé de Freetown à La Haye, ne l’avait pas reconnu coupable d’avoir ordonné ou planifié ces atrocités.

La défense de Charles Taylor, qui a fait appel pour obtenir que ce jugement soit cassé, a fait valoir devant la cour que le jugement rendu l’an dernier était « truffé de contradictions internes, d’inexactitudes quant aux preuves et de conclusions contradictoires ».

Mardi toutefois, l’accusation a déclaré que l’implication de l’accusé allait au-delà de la perpétration de crimes et a estimé que Charles Taylor devrait être reconnu coupable d’avoir directement commis des crimes et de les avoir commandités.

Le parquet a également demandé que sa peine de réclusion criminelle passe de 50 à 80 ans, peine requise déjà en mai 2012.

« Il était au courant des crimes (qui étaient commis en Sierra Leone) grâce à ses propres sources en sa qualité de président du Liberia et via les informations des médias », a dit Brenda Hollis, procureure en chef auprès du TSSL, lors de l’audience de mardi.

Charles Taylor, qui est âgé de 64 ans et est incarcéré aux Pays-Bas, a écouté attentivement les arguments tout en restant impassible.

Il est le premier ancien chef d’Etat depuis les procès des anciens dignitaires nazis à Nuremberg en 1945-46 à être condamné pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre.

La guerre civile en Sierra Leone, qui a duré plus de dix ans et s’est terminée en 2002, a fait environ 50.000 morts. Charles Taylor a été reconnu coupable d’avoir aidé les rebelles sierra-léonais du Front révolutionnaire uni (Ruf) en leur fournissant des armes en échange de diamants.

Thomas Escritt, Jean-Loup Fiévet pour le service français, édité par Gilles Trequesser

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Procès Taylor : Les rebelles sierra-léonais dépendaient de son soutien logistique

LEIDSCHENDAM (© 2013 AFP) – Les rebelles sierra-léonais dépendaient du soutien logistique de Charles Taylor, sans lequel des milliers de personnes n’auraient pas été tuées, mutilées et violées lors de la guerre en Sierra Leone, a affirmé mercredi l’accusation lors du procès en appel de l’ex-président du Liberia.

Le Front révolutionnaire Uni (RUF) « dépendait de l’aide logistique de Taylor », a soutenu lors d’une audience publique Nicholas Koumjian, représentant du bureau du procureur, au deuxième et dernier jour de ce procès en appel devant le Tribunal spécial pour la Sierra-Leone (TSSL), à Leidschendam, dans la banlieue de La Haye.

« Sans ce soutien, les crimes n’auraient pas été commis », a-t-il ajouté : « des milliers de personnes n’auraient pas été tuées, amputées, utilisées comme esclaves sexuels ».

Vêtu d’un costume gris, chemise blanche et cravate sombre, et portant de petites lunettes rondes sans montures, l’accusé a régulièrement froncé les sourcils tout en écoutant attentivement les arguments de l’accusation.

Charles Taylor avait été condamné en 2012 à 50 ans de prison pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre, devenant le premier ex-chef d’Etat condamné par la justice internationale depuis le tribunal militaire de Nuremberg, qui jugea les responsables nazis après la Seconde Guerre mondiale.

Président du Liberia de 1997 à 2003, Charles Taylor avait été reconnu coupable d’avoir « aidé et encouragé » une campagne de terreur visant à obtenir le contrôle de la Sierra Leone pendant une guerre civile ayant fait 120.000 morts entre 1991 et 2001 et marquée par des nombreux actes de cannibalisme et mutilations.

Selon les juges, Charles Taylor avait notamment fourni, en échange de diamants, des armes et des munitions au RUF sans pour autant avoir le contrôle direct de ces rebelles.

L’accusé, qui plaide non coupable, et le procureur, qui souhaite que M. Taylor soit condamné à 80 ans de prison et estime qu’il aurait également dû être reconnu coupable d’avoir donné des ordres directs aux rebelles en plus de les avoir aidés, ont tous deux interjeté appel.

Un jugement est attendu après l’été.

Mardi, la défense, qui reprendra la parole mercredi, avait soutenu que M. Taylor ne savait pas que les armes seraient utilisées pour commettre des crimes et pensait qu’elle étaient utilisée dans le cadre d’une campagne militaire légitime.

« Charles Taylor savait pour ces crimes », a pourtant assuré mercredi M. Koumjian : « il savait ce qui se passait et comment le RUF opérait ».

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