Par Thomas Porlon – sofoot.com
Ils sont ivoiriens, marocains, maliens, nigérians ou encore zambiens. Buteurs hors pair, passeurs géniaux ou dribbleurs talentueux, ils ont marqué leur époque, leur poste ou leur pays. Leur point commun ? Aucun d’eux n’a pu accrocher une Coupe d’Afrique des nations à son palmarès. Une liste de dix types qui peuvent envier Francileudo Santos, oui oui.
Jomo Sono (Afrique du Sud)
Matsilela Ephraim Sono n’est pas né à la bonne époque pour être noir et footballeur en Afrique du Sud. Considéré comme le meilleur joueur sud-africain de l’histoire, celui qu’on surnomme Jomo n’a jamais eu la chance de se mesurer aux autres stars du continent. Et pour cause, le gouvernement sud-africain, déterminé à vouloir envoyer une équipe de joueurs blancs ou noirs mais surtout pas les deux, a été logiquement expulsé de toutes compétitions internationales durant l’Apartheid. Pourtant nul doute qu’une association Jomo Sono – Patrick « Ace » Ntsoelengoe, autre superstar du pays à l’époque, aurait fait de sacrés dégâts sur les pelouses du continent dans les 1970’s. Quoi qu’il en soit, en 1996, le Prince noir, devenu adjoint du sélectionneur Clive Barker, est de la partie lors du sacre des Bafanas Bafanas chez eux, à Johannesburg. Deux ans plus tard, en 1998, Jomo Sono, promu sélectionneur, manque le doublé, battu en finale par l’Égypte.
Mustapha Hadji (Maroc)
Lorsque que l’on évoque 1998, ce n’est sûrement pas à Mustapha Hadji et à sa queue de cheval que l’on pense en premier, certes. Pourtant, cette année là, l’ancien Nancéien fout un sacré bordel sur les pelouses où il se passe. Notamment celle de la Mosson lors du Mondial français. Lors d’une douce soirée d’été, « Mouss » torture la défense norvégienne et marque l’un des plus beaux buts de sa carrière. Quelques mois plus tôt à la CAN, celui qui terminera Ballon d’or Africain cette même année 1998, envoyait les Lions de l’Atlas en quarts d’un splendide ciseau acrobatique inscrit à la dernière minute face à l’Égypte. Hadji et sa bande ne dépasseront finalement pas le stade des quarts, alors que les Pharaons iront eux soulever le trophée. Sans rancune. « J’ai toujours été béni d’Allah contre l’Égypte. Aujourd’hui, les Égyptiens m’accueillent toujours très bien chez eux malgré ce but qui restera ma plus belle réalisation. »
Laurent Pokou (Côte d’Ivoire)
Laurent N’Dri Pokou est un homme de paradoxe. Recordman des buts inscrits lors de la compèt’ pendant 38 ans avec 14 pions en seulement deux participations (six en 1968 et huit en 1970), il n’a pourtant jamais eu l’honneur de soulever le trophée. En 1968, l’Empereur Baloué va exploser à la face du continent en demi-finale de la CAN éthiopienne. À Asmara, le futur avant-centre du Stade rennais martyrise la défense ghanéenne sous les yeux de l’Empereur Haïlé Sélassié. Auteur d’un doublé, Pokou n’empêche pas l’élimination des Eléphants mais repart au moins avec les honneurs de l’empereur et son surnom de « l’homme d’Asmara ». Deux ans plus tard, l’attaquant en passe cinq à cette même Éthiopie avant de tomber à nouveau en demi, à nouveau face aux Black Stars. En 2008, Pokou se fait tabasser par cinq policiers. Après vérification, ces derniers n’étaient pas Ghanéens.
Kalusha Bwalya (Zambie)
Avant l’explosion de Chris Katongo et le sacre des Chipolopolos l’an dernier, Kalusha Bwalya représentait à lui tout seul le football zambien. Recordman de sélection avec 100 capes et meilleur buteur de l’histoire des Chipolopolos (50 pions), l’actuel Président de la Fédé zambienne est de la trempe des joueurs emblématiques. Chanceux aussi. Capitaine et sélectionneur dans les 1990’s, le joueur, retenu ce jour d’avril 1993 pour un match avec le PSV Eindhoven, n’avait pas pris place dans l’AF-319 qui s’écrasa sur sa route vers le Sénégal avec à son bord toute la délégation zambienne. Un an plus tard, Bwalya emmènera sa nouvelle équipe jusqu’en finale de la CAN tunisienne avant de tomber face au Nigeria de Yékini. L’histoire était trop belle.
Nwankwo Kanu (Nigeria)
Le palmarès du Nigérian est à l’image de ses cannes et son mètre 97 : long, très long. Champion du Nigeria en 1993 puis champion du monde des moins de 17 ans avec les baby Green Eagles la même année, le géant Nwankwo décolle pour l’Europe gratter tous les titres qui se présentent à lui. Et tant pis s’il ne joue pas plus que ça dans un premier temps. Avec au compteur trois Eredivisie, deux Premier League, trois FA Cup, une Ligue des champions, une Coupe UEFA, une Supercoupe d’Europe, une Coupe intercontinentale, un titre olympique, deux Ballons d’or Africain et un statut de miraculé après une opération à cœur ouvert, il ne lui manque rien ? Bah si. Pas de Coupe d’Afrique pour le grand Kanu, battu au tirs-au-but en 2000 par les Mboma, Song, Eto’o et toute leur clique avant de monter quatre fois sur la dernière marche du podium en cinq participations. On peut pas tout avoir non plus.
Salif Keïta (Mali)
« 24 heures avant la finale contre le Congo, Salif Keïta avait la cheville gonflée comme une boule. Les médecins m’ont dit qu’il allait peut-être récupéré et ont passé toute la nuit à soigner le joueur. Mais le lendemain, la cheville était encore plus gonflée et c’est pour cette raison que Salif n’a passé qu’une vingtaine de minutes sur le terrain. Il ne devait même pas jouer, on l’a aligné juste pour faire peur à l’adversaire. » Malheureusement pour l’Allemand Karl-Heinz Weigang et ses Aigles du Mali, la vingtaine de minutes de la Panthère noire passée sur le pré de Yaoundé en cette finale de CAN 1972 n’effraya guère les Diables rouges du Congo-Brazzaville qui s’imposent 3-2. Le vainqueur du premier Ballon d’or Africain deux ans plus tôt voit son unique chance de remporter le trophée partir en fumée. Quarante plus tard, son neveu, Seydou, montera à son tour sur le podium. À la troisième place cette fois-ci. Putain d’héritage.
Larbi Ben Barek (Maroc)
« Si je suis le roi du football, alors Ben Barek en est le Dieu. » L’hommage est d’autant plus remarquable qu’il est signé de sa Majesté Pelé en personne, un type qui d’ordinaire préfère garder ses meilleurs compliments pour lui-même. C’est dire. Surnommé la Perle Noire, Larbi Ben Barek met la France et l’Espagne à ses pieds à l’aube puis au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Né en 1917 dans un Maroc sous protectorat français, Ben Barek jouera à 19 reprises sous le maillot des Bleus sans même avoir la nationalité française. Lorsqu’il met fin à sa carrière en 1955, la Coupe d’Afrique n’en est alors qu’au stade de la simple idée. En septembre 1992, celui désormais considéré comme l’un des meilleurs joueurs de tous les temps meurt dans la solitude la plus totale. Un bien triste clap de fin.
Lakhdar Belloumi (Algérie)
Pas de CAN non plus pour Lakhdar Belloumi. Le numéro 10 algérien à moustache a beau être le 4e meilleur joueur africain du dernier siècle, Ballon d’or du continent en 1981, inventeur de la passe aveugle et héros de la victoire des Fennecs face à la RFA au Mundial 82, il n’aura jamais réussi à accrocher une Coupe d’Afrique à son palmarès. Et ce malgré cinq tentatives en 1980, 1982, 1984, 1986 et 1988. Finalement l’édition 1990 sera la bonne pour les Fennecs qui s’imposent face au Nigeria à Alger. Mais sans Belloumi cette fois, retraité depuis quelques mois. Dur.
Didier Drogba (Côte d’Ivoire)
12 février 2012. Sous une pluie battante, les Éléphants ivoiriens, cinq matchs, cinq victoires et autant de cleansheets, se présentent sur le pré du stade d’Angondjé de Libreville (Gabon) avec la ferme intention d’écraser les surprenants Chipolopolos de la Zambie et de remporter enfin cette satanée Coupe d’Afrique qui les nargue depuis vingt ans. À la 68e, le score est toujours vierge lorsque Gervinho déborde et s’écroule dans la surface. Pénalty. Tout sourire dans les tribunes, le président Alassane Ouattara s’y voit déjà. Drogba lui, prend le ballon, ses responsabilités avec, et se présente face au portier zambien. Le continent entier retient son souffle. Le double D attend le signe de l’arbitre, s’élance et boum ! Le ballon jaune fluo s’envole très haut dans le ciel de la capitale gabonaise et emmène avec lui les espoirs de triomphe des Éléphants. Car la suite est connue. Prolongations, tirs au but, mort subite. Gervinho se rate, pas Sunzu qui envoie la Zambie au sommet. Deux finales perdues aux tirs-au-but, ça commence à faire vraiment beaucoup pour la génération Drogba. En Afrique du Sud, la star disputera sa cinquième et peut-être dernière Coupe d’Afrique des nations. Il serait peut-être temps de la gagner celle là Didier.
George Weah (Liberia)
Ah si Mister Geoge était né quelques centaines ou quelques milliers de kilomètres plus à l’est en Côte d’Ivoire voisine ou au Ghana, peut-être l’aurait-il remporté cette Coupe d’Afrique des nations. Peut-être oui. Mais peut-être qu’il n’aurait pas réalisé la carrière qu’il a réalisé. Enfin bref, peu importe. En attendant, George Weah est bien né au Libéria, dans un pays qui ne brille pas vraiment par ses succès footballistiques (deux timides participations à la CAN en 1996 et 2002). Ce qui n’a pourtant pas empêché notre homme d’être sacré meilleur joueur de la planète en 1995, joueur africain du siècle l’année suivante et de régaler le monde entier avec ses dribbles, ses accélérations et ses buts dans les 1990’s. Au passage, il ferait combien Santos lui aux présidentielles en Tunisie ?
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