La Coordination FPI en exil épingle Bert Koenders et dénonce le dernier rapport de l’ONUCI

Le Conseil de sécurité se réunit le 17 janvier prochain, selon le programme de travail provisoire communiqué le 14 janvier 2013. A cette occasion, le Secrétaire Général (SG) de l’ONU présentera un rapport d’étape (S/2012/964), le 31ème sur l’ONUCI, en application de la résolution 2062 (2012) du 26 juillet 2012.

Comme dans les autres rapports et en particulier celui du groupe d’experts sur la Côte d’Ivoire, de mi-octobre 2012, ce rapport cherche à dédouaner Ouattara et son régime ethno-génocidaire et dictatorial tout en accablant les pro-Gbagbo.

La Coordination FPI en exil, désapprouve cette manière de faire de l’ONU et la dénonce pour les raisons suivantes :

1- L’emploi du conditionnel pour incriminer des pro-Gbagbo dans les attaques armées contre les FRCI

Le rapport revient sur l’implication des pro-Gbagbo dans les attaques armées contre les FRCI. Il prend la précaution de les indexer en utilisant le conditionnel : « Ces attaques auraient été préparées, financées et, dans une certaine mesure, perpétrées par des réseaux ou des individus situés tant en Côte d’Ivoire qu’à l’étranger, qui seraient affiliés à des membres du gouvernement de l’ancien Président Gbagbo et dont certains auraient été recrutés, formés et armés au Libéria » (paragraphe 2). « Les attaques, dont une partie au moins aurait été menée par des réseaux et des individus affiliés à des membres de l’ancien gouvernement du Président Gbagbo » (paragraphe 18).

A l’évidence, il n’y a aucune preuve tangible de l’implication des pro-Gbagbo. Ce ne sont pas les « aveux télévisés» de Lida Kouassi Moïse, obtenus sous la torture d’une décharge électrique (voir Le Nouveau Courrier N° 696 du Mercredi 09 Janvier 2013) qui vont fonder une conviction. Pas plus que les coups d’État montés de toutes pièces par le régime en utilisant un certain Tao Tchikata pour éclabousser les pro-Gbagbo exilés au Ghana. Ce n’est pas non plus le rapport du groupe d’experts indépendants (S/2012/766 du 12 octobre 2012), que le présent rapport ne cite même plus. Alors, pourquoi malgré tout, continuer à les accuser ?

2- Selon le rapport, une partie au moins de ces attaques n’aurait pas été menée par des réseaux pro-Gbagbo. Par qui l’autre partie a-t-elle été menée ?

Le hic, c’est que le rapport n’impute qu’une partie de ces attaques aux pro-Gbagbo. Mais à qui faut-il imputer l’autre partie ? Seraient-ce les mercenaires déçus de Ouattara ? Serait-ce la guerre de positionnement Soro – Hamed Bakayoko qui fait rage ? En tout cas, pour l’information du Secrétaire Général de l’ONU, plusieurs sources l’affirment. Et il devrait aussi être préoccupé (paragraphe 74) par les dérives de cette lutte interne. Pourquoi, même au conditionnel, le Secrétaire Général ne désigne-t-il pas ces auteurs présumés ? Pourquoi, lorsqu’il s’agit des pro-Gbagbo, l’ONU est-elle si prompte à l’accusation facile et si réservée lorsqu’il faut aller au fond des choses pour restituer les faits et la vérité dans toute sa plénitude sur les auteurs présumés des attaques?

3- Des milliers de déplacés suite aux attaques, dit ce rapport

Il faut faire sensation pour obtenir encore et toujours le durcissement des positions contre les pro-Gbagbo. En effet, dans le paragraphe 2, au titre des conséquences de ces attaques, il est fait état de milliers de déplacés. A partir de quel mouvement ou de déplacement de populations ou à partir de quel lieu de localisation des déplacés annonce-t-on de tels chiffres ?

4- Des attaques contre les cibles pro-Gbagbo

A propos des attaques contre le siège du FPI et contre la presse du groupe Cyclone, proche du FPI, le rapport se contente d’incriminer des »groupes non identifiés ». Et, depuis le 18 août 2012, date des faits, aucune enquête n’a été diligentée. Ce parti pris est inacceptable. Et ce qui est écrit dans ce rapport est même scandaleux. Il est en effet écrit à propos de la violation flagrante de la liberté de la presse, que « en réaction à la publication de propos provocateurs dans des médias privés, le Conseil national de la presse a décidé de suspendre provisoirement la parution de tous les journaux d’opposition entre le 12 et le 17 septembre, ce qui est du jamais vu et a suscité des inquiétudes quant à la liberté d’expression.» En Europe et aux USA, il n’existe aucune restriction à la liberté de la presse. Mais, en Afrique, l’on peut évoquer vaguement des « propos provocateurs » pour atténuer les dérives d’un régime que l’on soutient? Le SG de l’ONU n’a même pas cru bon devoir dénoncer ces dérives dictatoriales contre la liberté de la presse. Il évoque, comble de l’ironie, les bons offices de son représentant : « Mon Représentant spécial a usé de ses bons offices et plaidé en faveur de la liberté d’expression dans le respect des lois régissant les médias, contribuant ainsi à la levée de la suspension ».

5- Les demandes de protection adressées à l’ONUCI

Le Rapport précise qu’à la suite des attaques contre le siège du FPI et la maison d’édition Cyclone du FPI au mois d’Août 2012, « 13 demandes de protection ont été adressées à l’ONUCI, qui sont étudiées par le gouvernement ». Des Ivoiriens menacés, adressent des demandes de protection en toute connaissance de cause à l’ONUCI et pour l’ONUCI, c’est le gouvernement qui doit les étudier ? Depuis donc 5 mois, face à une détresse et un appel au secours, pas de suite puisqu’il s’agit des pro-Gbagbo. Est-ce vraiment surprenant ? L’on se souvient que c’est à partir de la Pergola où des anciennes autorités du camp Gbagbo avaient trouvé refuge avec l’accord de l’ONUCI, qu’ils ont été déportés dans les goulags du nord de la Côte d’Ivoire.

6- L’attaque du camp de Nahibly

Sur l’attaque du camp de Nahibly, l’ONUCI continue de maintenir son chiffre de « Onze personnes tuées », quand bien même la preuve a été faite que le nombre réel se situe bien au-delà, autour d’une cinquantaine de morts, après la découverte des six corps sortis d’un charnier près du camp, dont le rapport fait état (paragraphe 42). Les chiffres avancés par d’autres sources font état d’un nombre plus important. Pourquoi l’ONU dédramatise -t-elle cette tragédie en minimisant le nombre de morts ?

Du reste, pour un événement qui a eu lieu depuis le 20 juillet 2012, le rapport ne semble pas gêné par le fait jusqu’à ce jour, aucun rapport d’enquête n’est disponible ; et ce, en dépit de l’exhortation de l’expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme et du Sous-Secrétaire général de l’ONU aux droits de l’homme (paragraphe 42). En contraste, les événements regrettables du 31 décembre 2012 ont déjà fait l’objet d’enquête et des « têtes » auraient été déjà sacrifiées.

Les lenteurs de l’enquête qui préfigurent l’absence de suite judiciaire n’étonnent personne. C’est dans la suite logique de la « justice des vainqueurs » instaurée par Ouattara depuis sa prise de pouvoir. C’est d’ailleurs pourquoi le rapport se contente de dire que Ouattara a demandé des suites après la réception du rapport de la commission nationale d’enquête. Le rapport fait l’impasse sur la date de réception du rapport (8 août 2012) certainement pour ne pas être obligé de faire le constat que plus de cinq mois après, aucune suite judiciaire n’a encore été donnée.

Et pourtant, Ouattara avait affirmé que cette commission avait été mise en place pour « mettre fin à l’impunité » et que « tous ceux qui ont posé des actes répréhensibles répondront de leurs actes devant la justice ».

Fait cocasse qui mérite d’être relevé, c’est que depuis le 20 juillet, date des faits, et ce, en présence des troupes de l’ONUCI dont le camp se trouve contigu à ce camp de déplacés, il n’y a pas de résultats d’enquête : « le gouvernement et l’ONUCI mènent chacun de leur côté une enquête sur ces événements ».

7- La réconciliation nationale

L’ONUCI semble imputer les lenteurs de la réconciliation aux groupes pro-Gbagbo qui restent sourds aux appels lancés (paragraphe 18), qui refusent de participer au dialogue politique (paragraphe 19). Il est du reste curieux de voir évoquée au point 19, la rencontre du FPI avec le Président Macky Sall dans les termes suivants : « À cette occasion, ils auraient évoqué les moyens d’apaiser les tensions entre le Gouvernement et les partis d’opposition et la participation de ceux-ci aux élections locales. » Il y a là manifestement une falsification et l’ONUCI aurait pu se rapprocher du cabinet du Président sénégalais Macky Sall pour être précis dans ses affirmations. En réalité, à Dakar, le FPI a montré sa ferme volonté de participer au dialogue avec les autorités politiques ivoiriennes, toujours fidèle à sa ligne »asseyons-nous et discutons ». A cette occasion, le FPI a demandé au Président Macky sall d’obtenir la libération du Président Gbagbo afin que lui et Ouattara engagent de vraies discussions pour aboutir à la paix.

L’opération de communication qui consiste à faire semblant d’engager le dialogue avec l’opposition lorsqu’une personnalité internationale fait un tour à Abidjan ou à la veille d’un grand événement est suffisamment connue des ivoiriens (voir à cet effet : Lettre du 6 janvier de Mamadou Koulibaly à Kablan Duncan et déclaration des jeunesses des partis membres du CPD du 11 janvier 2013 qui refusent désormais d’être instrumentalisés par le pouvoir), sauf du SG de l’ONU. Pour preuve, Ouattara essaie de reprendre langue avec l’opposition, y compris avec le FPI, à la veille de la réunion du Conseil de sécurité de ce 17 janvier 2013. Mais parions que, une semaine après, on n’entendra plus parler de ce dialogue. Quel est ce dialogue qui met autant de temps à s’organiser ? En Centrafrique, combien de jours a-t-il fallu pour s’entendre sur la nécessité d’un dialogue, l’organiser à Libreville et aboutir à un accord ? Est-ce si difficile d’imiter le Président Gbagbo en organisant un dialogue direct au vu et au su de tout le monde, sous l’égide d’un médiateur et qui aboutit à un accord signé par les leaders des deux parties, Gbagbo et Ouattara ?

8- L’impasse du rapport sur les réfugiés ivoiriens dans les pays voisins

Des milliers d’Ivoiriens vivent dans des conditions extrêmement difficiles en exil dans des pays voisins. Pourquoi la visite du représentant spécial du SG aux réfugiés ivoiriens du Ghana ne fait-elle l’objet d’aucune mention dans ce rapport ? Qui sont-ils ? Combien sont-ils aujourd’hui et dans quelles conditions vivent-ils ? Ce sont des pro-Gbagbo, donc sans intérêt pour l’ONU ?

En conclusion,

La Coordination FPI en exil appelle à nouveau l’attention de la communauté internationale et singulièrement celle des membres du Conseil de Sécurité de l’ONU sur la nature des rapports à partir desquels ils sont souvent amenés à prendre des décisions. La Côte d’Ivoire n’a pas besoin de boucs émissaires. Elle a surtout besoin de dialogue. Celui-ci a ses principes, et pour s’asseoir et discuter il faut être deux. Par tous les artifices, il n’est pas bon de continuer de vouer aux gémonies le Président Gbagbo et ses partisans. Car c’est avec Gbagbo que Ouattara sauvera notre pays des périls qui le guettent.

Fait à Accra, le 12 janvier 2013

Pour la Coordination FPI en exil

Dr. Assoa Adou

Coordinateur et Porte-Parole

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