Municipales et régionales couplées reportées
Par Guy Tressia
Prévues pour le 24 février prochain, les élections couplées des municipales et régionales n’auront pas lieu à cette date. Une nouvelle est prévue mais pas encore déterminée. Les vraies raisons de ce probable report de ces joutes.
A la date du 10 janvier 2013, prévue pour la clôture des dépôts des candidatures aux élections couplées des municipales et régionales, la Commission électorale indépendante (CEI) chargée de l’organisation de ces joutes, n’a pu enregistrer des candidatures aux régionales (31 régions) et seulement 49 sur les 197 communes. Alors, le président Youssouf Bakayoko et ses collaborateurs de la CEI n’ont pu confirmer la date du 24 février. Ils souhaitent un report pour pallier la carence de candidature. C’est pourquoi, « conformément aux dispositions légales en vigueur, et comme annoncé précédemment, la réception des dossiers de candidature aux élections locales 2013 (Conseillers Régionaux et Conseillers Municipaux) a pris fin ce jour, 10 janvier 2013, à 17 heures. La Commission Electorale Indépendante (CEI) a enregistré 49 (quarante neuf) candidatures à cette date limite de dépôt des candidatures, dont 0 (zéro) candidature pour l’élection des Conseillers Régionaux (31 Régions) et 49 (quarante neuf) pour l’élection des Conseillers Municipaux (197 Communes). Eu égard au fait que la CEI n’a reçu aucune candidature pour la plupart des Circonscriptions électorales, elle a engagé des pourparlers avec le Gouvernement pour arrêter les mesures qui s’imposent, notamment une nouvelle date tant pour la tenue de ces élections couplées que pour la clôture des dépôts de candidatures. A l’issue de ces pourparlers, les décisions qui auront été prises seront portées à la connaissance de la population et des candidats », a annoncé Youssouf Bakayoko, président de la Commission électorale indépendante (CEI), dans un communiqué, le 11 janvier dernier.
La raison fondamentale de ce report inévitable est que la coalition des partis du RHDP n’a déposé aucune candidature. Les hésitations des Houphouétistes à aller en rangs serrés à ces élections en sont la raison. Car, ce n’est que 48 avant la clôture des dépôts des candidatures que les leaders de la coalition ont décidé d’aller en RHDP pour les régionales et non aux municipales. Du coup, le Secrétaire général adjoint du PDCI-RDA chargé de l’Organisation et de la Mobilisation, et par ailleurs occupant les mêmes fonctions au niveau du RHDP, Pr Maurice Kakou Guikahué, a accordé une interview au journal « Le Nouveau Réveil », proche de son parti, le PDCI. « La décision d’aller en Rhdp aux régionales est bonne, mais doit être totale », a-t-il lancé comme un cri du cœur aux leaders. Puis d’expliquer sa position : « Moi, je suis très heureux que les présidents aient pris une décision politique où ils demandent aux uns et aux autres de s’organiser pour aller en Rhdp. Pourquoi ? Parce que pour moi, personnellement, le Rhdp, c’est un esprit fort. Parce que pour avoir vécu le blocus du Golf, on ne peut pas me conter ce qu’est le Rhdp. Quand j’étais au Golf, il n’y avait pas d’hypocrisie, il n’y avait pas de double jeu. Je me suis donné en tant que Guikahué parce que je crois au Rhdp, je crois en Houphouët-Boigny et tous les Ivoiriens savent les actes que j’ai posés pour montrer que j’étais Rhdp. Donc, le fait de ne pas partir aux législatives en Rhdp, j’étais l’un des plus malheureux. Parce qu’on est parti en Rhdp pour la présidentielle au second tour et puis, ne pas aller en Rhdp aux législatives, c’était un recul. Et si on continuait, ça voudrait dire qu’on allait reculer. Mais, le fait que les présidents ont pris la décision, ça s’est amélioré. Le Pdci a préparé les militants, il y a eu un cheminement depuis le 02 juin. Ça fait plus de 6 mois. Un Bureau politique s’est tenu et le Pdci a décidé d’aller en Rhdp pour les élections locales, les régionales et les municipales. Ensuite, le directoire a fait, il y a deux mois, un communiqué pour dire qu’après la rencontre, le directoire conseillait vivement aux bases d’aller en Rhdp. Donc, les bases qui étaient d’accord vont en Rhdp. Les bases qui n’étaient d’accord vont de façon individuelle mais de manière civilisée. Voici les discussions qui étaient en cours et nous avons transmis tout cela à nos militants. Moi, en tant qu’organisateur du parti, j’ai eu à interpeller et à m’interroger moi-même: « si les élections municipales et régionales se tenaient à des dates différentes, moi Guikahué, ça ne me posait aucun problème. Parce qu’on peut s’organiser en Rhdp et aller battre la campagne. Mais les deux élections sont couplées, elles se tiennent le même jour. Et dans les municipalités, il y a deux urnes. Il y a une urne pour les municipales et une urne pour les régionales », a-t-il dit. Il va un peu plus loin pour démontrer l’inadéquation d’aller en RHDP aux régionales et en rangs dispersés aux municipales. « Pour prendre l’exemple de Gagnoa. On va en Rhdp pour la région et on va dispersés pour la mairie. Alors le matin, on va aller voir des communautés en Rhdp. On a le même cortège, on parle en Rhdp, on se retire et puis, l’après-midi, je reviens voir les mêmes communautés en Pdci pour battre la campagne pour le compte du Pdci. Vous savez très bien que pendant les campagnes, même si on ne s’insulte pas, chacun veut montrer qu’il est le meilleur. Il y a donc quelques piques qu’on s’envoie », a-t-il ajouté avant de proposer qu’il était impératif d’aller en RHDP à ces élections couplées. « Je plaide auprès des présidents du Rhdp de franchir le pas décisif, de prendre une décision totale. On va en Rhdp aux régionales et en même temps aux municipales. Ils ont pris la décision politique, ils doivent aller loin. Moi, je plaide parce que ce n’est pas vivable, c’est difficile. Il ne faut pas qu’on donne l’occasion à des militants de paraître un peu perdus, et un indépendant d’un autre parti politique qui tiendra un discours cohérent va tout rafler », a-t-il plaidé.
Son message semble avoir été entendu. Depuis hier lundi 14 janvier, les partis du RHDP se sont réunis pour voir comment ils pourraient aller en rangs serrés à ces deux élections coulées. « Le RDR a demandé 3 jours pour se prononcer quand le PDCI a convoqué ses délégués départementaux ce jeudi 17 janvier, pour étudier la situation même si les hommes de Bédié sont déjà prêts et ont préparé leurs militants à l’esprit du RHDP », nous confie un haut dirigeant du RHDP qui a participé à la réunion d’hier lundi. Les partis du RHDP vont donc partager la Côte d’Ivoire. Mais, le RDR et le PDCI se tailleront la part du lion. Les autres venant occuper des postes de vice-président aux régionales et d’adjoint au maire aux municipales. « On choisira les têtes de listes selon les poids des partis dans la commune et dans la région. Si par exemple, le RDR est très présent en Commune et faible en région, le maire sera RDR quand le parti fort en région prendra le Conseil régional. Et on affectera les postes d’adjoints aux maires et de vice-présidents aux autres partis. Si le PDCI prend la régionale, le RDR sera le premier vice-président. Parce qu’en réalité la bataille se passe entre le RDR et le PDCI. On partagera tous les postes sur toute l’étendue du territoire ivoirien, surtout les grandes villes », révèle notre informateur.
Les élections seront donc reportées parce que le PDCI, le RDR, l’UDPCI et le MFA veulent se partager la Cote d’Ivoire. Elles n’auront que lorsqu’ils auront fini par s’accorder ou se clasher.
Une contribution particulière de GUY TRESSIA (RED-CHEF de LEBANCO.NET)
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