Report municipales et régionales, comment le Pdci et le Rdr ont piégé la CEI

L’Expression

Les Ivoiriens n’iront pas aux urnes le 24 février pour élire leurs maires et leurs conseils régionaux. La Cei a engagé des pourparlers avec le gouvernement pour trouver une nouvelle date pour la tenue de ce double scrutin. Mais à l’analyse, les ‘‘deux Grands’’ de la politique ont été pour quelque chose dans le report du 24 février.

La moisson a été très maigre pour Youssouf Bakayoko. Au soir du jeudi 10 janvier 2013, date limite pour la réception des dossiers de candidatures pour les élections locales du 24 février, aucun candidat n’a déposé ses dossiers pour les régionales. Pour les municipales, c’est seulement 49 candidats, essentiellement des indépendants, qui se sont présentés aux guichets de la Cei ouverts à cet effet. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Serait-on tenté de se demander. Quand on sait que pour être choisi, les différents candidats à la candidature se sont livrés une guerre sans merci qui a pris parfois des allures mystiques, pourquoi ont-ils trainé les pieds pour aller déposer leurs dossiers ? Pourtant, tous les candidats et leurs formations respectives étaient informés depuis septembre qu’après le 10 janvier, ils seraient menacés de forclusion. En effet, c’est le mercredi 26 septembre 2012 que le gouvernement a entériné en Conseil des ministres la date proposée par la Commission électorale indépendante. « Au titre du ministère d’Etat, ministère de l’Intérieur, le conseil a adopté une communication relative au couplage des élections municipales et régionales. Après la tenue des élections générales, du président de la République et des députés à l’Assemblée nationale, il apparaissait nécessaire que se déroulent dans les délais les plus rapprochés, les élections locales devant permettre la mise en place des conseils municipaux et des conseils régionaux. L’organisation simultanée de ces deux (2) élections à la date du 24 février 2013, comme proposée par la Cei, permettra de réaliser des économies au plan financier, de gagner du temps dans l’achèvement des chantiers ouverts par les collectivités territoriales supprimées, et d’accélérer la mise en œuvre de la nouvelle politique de décentralisation adoptée par le gouvernement », indiquait le communiqué final qui a sanctionné le Conseil des ministres du 26 septembre 2012. 24 heures après la date limite du dépôt des dossiers qui intervient 45 jours avant la tenue du scrutin, les Ivoiriens continuent de s’interroger sur les raisons qui ont motivé les candidats à dribler Youssouf Bakayoko et la Cei. A l’analyse, ce qui s’est passé jeudi à la Cei n’est pas un fait anodin. Tout porte à croire que ce sont les formations politiques, essentiellement le Pdci et le Rdr qui ont imposé leur diktat à la Cei qui sera contrainte de reporter les élections. Aujourd’hui, en dehors du Fpi, ces deux formations et à un degré moindre l’Udpci, sont les seuls partis qui tiennent la dragée haute sur la plan politique en Côte d’Ivoire. A l’évidence, ce boycott des candidats qui ne dit pas son nom obéit à une logique. Comment comprendre que le Pdci qui a publié la liste de ses candidats en début de semaine et qui a déjà remis les lettres d’investiture à ses candidats n’ai pas déposé un seul dossier à la Cei ? A la lecture des faits, l’on se rend compte qu’au niveau du Rdr, la direction voyait les choses venir. C’est seulement le jeudi 10 janvier, date limite du dépôt des dossiers, qu’Amadou Soumahoro a publié la liste des candidats qui doivent défendre les couleurs du Rdr. Pourquoi avoir attendu le dernier jour pour publier cette liste sachant pertinemment que les candidats ne pourront pas compléter leur dossier à cette date ? Au total, que ce soit au Pdci ou au Rdr, les différents états-majors savaient que leur comportement pouvait impacter certaines décisions parce qu’en réalité, ‘‘ y a rien face’’, comme on le dit de façon triviale. Le Fpi n’est pas partant. Les indépendants ne pouvaient pas à eux seuls changer grand-chose dans le jeu électoral. A partir de cet instant, les ‘‘Big Two’’ n’ont aucune pression, parce que Youssouf Bakayoko ne pouvait pas organiser ces élections sans le Pdci et le Rdr. Avec ce qui se passe, il est certain que ces deux formations auraient eu un comportement différent si le Fpi avait décidé de participer au scrutin. C’est pourquoi bien qu’étant prêt, le Pdci ne s’est pas pressé de déposer les dossiers de ses cadres pour se donner le temps de faire les derniers réglages. Idem pour le Rdr qui n’a pas encore fini de régler ses nombreux problèmes de candidatures. Mais dans un cas comme dans l’autre, ce renvoi n’arrange pas que le Rdr et le Pdci. Ce report quasi certain intervient comme du pain béni pour les frustrés du Rdr et du Pdci qui pourront prendre une revanche sur leurs directions respectives en revenant dans le jeu. En attendant la fixation de la nouvelle date, les indépendants et tous ceux qui n’avaient pas leurs dossiers au complet peuvent dire merci aux ‘‘Big two’’ de la politique ivoirienne.

Kra Bernard

L’Expression

 

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