Le Nouveau Réveil
Hamed Bakayoko et Soro Guillaume: Vraiment la guerre froide ?
« Hamed Bakayoko demeure mon ami et mon frère. Nous sommes tous deux surpris et ahuris qu’un pavé jeté dans la mare ait pu emballer les journalistes et déclencher cette ire médiatique. Hamed et moi, nous nous sommes retrouvés pour recouper nos informations et nous avons compris que tout ceci était l’œuvre d’une officine basée dans un pays voisin qui a usé d’une tactique classique, désormais bien connue des services de Police. Créer la rumeur, l’alimenter en la nourrissant d’intoxication et la propager. En sachant qu’une fois la rumeur crée et distillée dans le corps social, elle laissera forcément des traces et il faudrait un temps bien long pour qu’elle meure.» ainsi s’exprimait, le 20 janvier dernier, le président du parlement, Guillaume Soro. N’en pouvant plus du poids de la rumeur, il s’est, pour la première fois, confié sur « la guerre » qui l’opposerait au ministre d’etat, ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko.
Y a t il oui ou non une guerre Guillaume Soro et celui que les fans appellent Ham Back ?
Il n’y a pas de fumée sans feu, dit on. En cela, la sortie de Guillaume Soro a peut être davantage rendu service à la rumeur. En faisant croire que son «frère» Hamed Bakayoko et lui fument le calumet de la paix, le président de l’assemblée nationale a contribué à faire entrer un peu plus dans la tête des gens, l’idée qu’il y aurait le feu entre les deux fidèles du président ouattara. diffusée dans le journal, répercutée par les journaux en ligne ou les réseaux sociaux, son interview de clarification a quelque part ajouté des zones d’ombres dans le tableau de ses relations avec son frangin surnommé le «mata dor» du palais présidentiel. Ce qui devrait être un coup de semonce contre la rumeur s’est mué, pour celle ci, en un coup de pouce. Résultat : le débat se poursuit dans les salons. Il enflamme les réseaux sociaux et la presse. Tout se passe comme s’il y avait réellement un pavé dans l’establishment ouattara. Le feu dans la demeure des Républicains. Chaque évènement résonne comme un écho de la bataille présumée Soro-Bakayoko. Le limogeage, le 14 janvier 2013, des trois procureurs d’abidjan, a résonné comme un retentissement de cette détérioration présumée des rapports entre les deux grands serviteurs de l’etat et proches du président alassane ouattara. L’arrestation, le 17 janvier suivant, du leader des «jeunes patriotes», Charles Blé Goudé, ancien colistier de Guillaume Soro, a également été reçue par beaucoup d’internautes et de commentateurs, comme un contrecoup de ce duel. Le report des élections locales et surtout les difficultés à trouver des consensus au Rassemblement des Houpohouëtistes pour la paix (Rhdp) auraient, pour certains, quelque chose à voir avec la guéguerre entre les deux dinosaures. Il y a trois jours, un confrère parlait ouvertement de «guerre fratrici-de». Vrai ? Faux ? La polémique semble gagner le Rdr. Le parti au pouvoir aurait piqué le rhume depuis que la rumeur a infesté l’atmosphère des relations entre les deux illustres collaborateurs du président alassane ouattara. La presse s’est enrichie de nouveaux canards soupçonnés d’être soutenus par des ministres Républicains qui seraient «en rébellion» contre le ministre de l’Intérieur qui, comme chacun le sait, fut le patron du journal «Le Patriote», quotidien qui, depuis la nuit des temps, porte haut l’étendard idéologique des Républicains. Désormais, d’aucuns voient derrière les faits et gestes de chacun des deux pro ouattara, une stratégie qui vise pour chacun à effacer les traces de l’autre. Ce fut le cas, récemment, lorsqu’ils se sont successivement rendus dans le Sanwi : le ministre d’etat, le 2 septembre 2012 et le président du parlement, le 19 et 20 décembre 2012. A l’assemblée nationale, certes, on est loin d’une ligne maginot où il y aurait d’un côté, des pro Soro et de l’autre, les pro Bakayoko. Mais, peut être, faut il, justement, faire en sorte que cette rumeur qui «emballe les journalistes», n’emballe les députés et qu’elle n’entame pas la confraternité parlementaire au sein du Rhdp. Sans doute, importe t il de faire en sorte que la solidarité gouvernementale ne pâtisse pas, non plus, de « cette tactique » de l’ennemi. La guerre Soro Bakayoko, une fiction ? Si non, pour quel objectif ? Le contrôle du Rdr ? Le contrôle du pouvoir d’etat ? La succession de l’actuel chef de l’etat ? En tout cas, personne ne souhaiterait une telle dissidence interne au président ouattara dont les partisans promettent deux mandats et qui n’est qu’à la moitié du premier. Elle viendrait tuer tous les espoirs. elle fragiliserait sa gouvernance et mettrait en péril l’union sacrée du Rhdp. au délà, c’est l’etat qui en sortirait affaibli. Et la réconciliation qui prendrait un sérieux coup. Il serait à craindre que rien ne se fasse désormais sans qu’on y voie les manifestations du clash supposé entre les deux proches du président ivoirien. La sortie de l’un, le 20 janvier, n’a pas enterré la polémique. Et le silence de l’autre, la laisse courir. Quand un poussin, dit on, s’échappe de la chambre à coucher et parvient au salon, il devient une poule. Lorsqu’il franchit la porte de la maison pour se retrouver dans la cour, c’est un coq. Il devient encore plus difficile à attraper. En dehors, c’est un taureau. Le pouvoir doit faire en sorte que le poussin ne devienne pas un taureau.
BENOIT HILI
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