…Malgré la menace des autorités
ALAIN BOUABRÉ source Soir info
Le seigneur de guerre Amadé Ouérémi tient toujours ses positions dans la réserve du Mont Peko.
Voilà une dizaine d’années que Amadé Ouérémi s’est bâti ‘’un Etat’’ dans la forêt classée du Mont Peko, patrimoine de l’Etat ivoirien. Il y règne en maître absolu et dirige une bande armée de plusieurs hommes.
Les plaintes et complaintes, les cris et pleurs des populations des villages et autres campements de l’ouest qui l’accusent de les déposséder de leurs terres et de spolier leurs biens, sont montés jusqu’au sommet de l’Etat. Le chef d’état major général des Armées, le général de corps d’armée, Soumaïla Bakayoko, dans une interview accordée à Fraternité Matin, le 1er août 2012, avait clairement indiqué qu’il y aurait un ratissage dans la réserve du Mont Peko et qu’elle serait débarrassée des occupants illégaux.
Dans la même vaine le patron des forces armées a annoncé qu’une vaste opération dite ‘’Opération Mont Peko’’ serait lancée pour déloger Amadé Ouérémi. « Pour parler d’un milicien qui serait dans la forêt du Mont Péko, c’est le lieu de rappeler que hormis les militaires et agents de sécurité (police, gendarmerie), personne n’a le droit de porter une arme, encore moins d’en faire usage. Nous l’avons dit encore une fois, lors de notre passage, récemment, à Duékoué. C’est pourquoi nous avons rencontré les chasseurs traditionnels communément appelés Dozo, pour leur dire que cette règle s’applique à eux également. Avec l’arrivée des forces, il n’est pas question que chacun se fasse justice. Il en sera de même pour tous les miliciens. Nous irons ratisser toute la région de Duékoué. Une opération « le Mont Péko » sera lancée et nous rencontrerons le milicien dont vous parlez. Il faut qu’on arrête ces pratiques, Nous allons tout faire pour que la sécurité dans cette région soit garantie », avait fait savoir le général Soumaïla Bakayoko.
Mais ces déclarations du chef d’état major n’ont produit aucun coup de tonnerre et n’ont nullement influencé la vie tranquille et paisible que mène Amadé Ouérémi dans cette réserve pourtant interdite d’accès et d’exploitation. Le 3 octobre 2012, des officiers supérieurs des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) ont visité cette zone du pays et ont même échangé avec Amadé, dans la perspective de négocier son départ du Mont Peko.
Ce dernier aurait fait savoir aux envoyés de l’état major qu’il n’a jamais semé un climat de terreur dans les villages de Duékoué. Il a plutôt indiqué qu’il a posé de nombreuses actions en faveur des populations dont il a assuré la sécurité pendant les moments difficiles. Selon lui, toutes ces accusations contre lui ne reposeraient sur rien d’autre que « l’ingratitude ».
Le 11 décembre 2012, Gabou Kouayo Guillaume, le sous préfet de Zou (localité situé dans la région du Guemon, à l’ouest de la Côte d’Ivoire) est revenu sur la question de l’occupation illégale des forêts et autres parcelles dans cette partie du pays (Cf : Soir info du 13 décembre 2012). C’était lors de la tournée d’une délégation de l’Agence nationale d’appui au développement rural (Anader). «L’Etat est de retour. La République est débout, elle fonctionne et doit récupérer ses biens. Je viendrai dans quelques jours vérifier si la parcelle a été totalement libérée. L’Anader revient et doit mener ses activités sans obstacles », clamait le sous-préfet, faisant ainsi allusion à l’intention du gouvernement de déloger des forêts classés tous les clandestins qui refuseraient de lâcher prise après le 31 décembre 2012.
Aujourd’hui vendredi 4 janvier 2013, le chef de la bande armée qui tient toujours ses positions dans la réserve du Mont Peko, ‘’ le seigneur de guerre’’, Amadé Ouérémi, semble ne pas se sentir concerné par cet ultimatum qui a pourtant expiré depuis fin décembre 2012. « Il est toujours aperçu dans la zone avec ses gardes. Et il n’est pas inquiété. Il a l’air serein et se déplace avec beaucoup d’assurance », nous a rapporté un informateur, hier en fin d’après midi.
Selon des sources informées, Amadé aurait signifié à des autorités militaires qu’il ne partirait pas avant la fin de la saison cacaoyère, le temps pour lui de récolter ce qu’il a planté ou semé. Pour bien d’observateurs, cela a tout l’air d’une défiance vis-à-vis des autorités ivoiriennes qui donneraient l’impression de ménager des intérêts contradictoires.
Alain BOUABRE
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