Source: http://blogs.lexpress.fr/lumiere-franc-macon
François Koch
Comme il l’avait annoncé dans son premier discours de nouveau Grand Maître à peine installé, Jean-Pierre Servel a suspendu depuis le 4 décembre 2012 son prédécesseur François Stifani, ancien Grand Maître. Cette suspension vaut interdiction de fréquenter toutes les structures de l’obédience et à toute loge de le recevoir. Un bannissement en quelque sorte, moins de trois jours après sa descente de charge. Servel annonce aussi que les instances disciplinaires seront saisies à son encontre. Rien de moins. Qui aurait pu imaginer qu’après avoir tant résisté, au point de parvenir à faire fuir de découragement la plupart de ses opposants, son successeur le ferait toucher terre si rapidement.
Pour justifier cette sanction radicale à l’encontre de celui fut Grand Maître cinq années, dont trois contre la volonté de la majorité des membres de la GLNF, Jean-Pierre Servel évoque avant tout la lettre de soutien à Nicolas Sarkozy de janvier 2009. Celle-là même qui fut révélée par L’Express le 30 novembre 2010. Servel souligne « malgré les plaintes pour faux et usage de faux ». En effet, François Stifani n’a jamais répondu à la question que je lui ai posée le 26 novembre 2010: « Comment votre attention n’a-t-elle pas été attirée par la réponse de Monsieur Nicolas Sarkozy qui évoque «la confiance que vous me témoignez et le soutien résolu dont vous m’assurez me confortent dans ma ferme volonté de poursuivre le mouvement de réformes engagé» ? «Il y a effectivement eu une plainte pour faux et usage de faux. J’en sais quelque chose puisque j’ai été convoqué par la police à ce sujet. Qu’est devenue cette plainte ? A-t-elle été classée sans suite ? Sans doute. Toujours est-il que ma conviction n’a pas varié depuis deux ans : la plainte n’a été déposée que pour tenter de faire illusion vis-à-vis des Anglais. En vain comme on le sait. Même si on sait aussi que les Anglais se sont hâtés lentement. Avec flegme.
Et pourtant, et cela constitue un autre grief pour Servel, Stifani n’a pas hésité à suspendre lui-même les relations de la GLNF avec la Grande Loge Unie d’Angleterre (GLUA), un acte jugé extravagant par bien des spécialistes des relations maçonniques internationales. Et ce de manière rétroactive au 14 juillet 2011, une date républicaine symbolique, sans doute à titre de provocation.
Le plus rude sans doute pour François Stifani, c’est certainement la conclusion de l’ordonnance de Jean-Pierre Servel : l’accusation de « comportements contraire à l’éthique maçonnique, violation des textes fondateurs, le tout portant gravement atteinte aux Principes Fondamentaux de l’Ordre ». Rude pour Stifani, lui qui, l’avant-veille de l’installation de son successeur, déclarait encore dans une singulière vidéo qu’il était le vrai défenseur des statuts, des us et des coutumes.
Comment réagira demain François Stifani ? Qui peut croire qu’il va demeurer inerte ? Sans contre-attaquer ? Il a montré une telle pugnacité devant l’adversité depuis trois ans qu’il subit coup après coup sans jamais avoir laissé sa place, qu’il prépare sans doute déjà une riposte cinglante, forcément cinglante.
François Stifani a dû y penser. Notamment en prenant connaissance du discours d’installation de Jean-Pierre Servel, lorsqu’il a mis en accusation son prédécesseur : « Par ses actes et, notamment, les procédures qui se sont multipliées, en sachant à quel point les autres Obédiences sont attentives à ce signe de désordre, il s’est lui-même écarté de la chaîne d’union qui relie tous les Frères entre eux, ainsi qu’aux Grands Maîtres qui se sont succédés. » [Il vise surtout Claude Charbonniaud… quant à Jean-Charles Foellner…] Servel lui reprochant aussi le fait que : « De nombreux Frères ont été poursuivis, condamnés et exclus pour des délits d’opinion, sans avoir causé à l’Ordre un préjudice irréparable. »
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