Par ANASSÉ ANASSÉ Source L’inter
Koné Katinan Justin n’est-il plus poursuivi au Ghana pour ‘’crimes de sang’’ ? La justice ghanéenne semble avoir abandonné les charges portant sur le meurtre de deux individus en Côte d’Ivoire alléguées par les autorités ivoiriennes contre l’ancien ministre du Budget du dernier gouvernement de Laurent Gbagbo pendant la crise post-électorale.
Selon une dépêche de l’AFP en date du 1er octobre, Koné Katinan Justin et Désiré Dallo, ancien ministre de l’Économie et des Finances dans le gouvernement Aké N’Gbo, étaient tous deux soupçonnés d’avoir tué les 25 mars et 29 mars 2011, Kamagaté Seydou, 83 ans, un soudeur et Diabaté Drissa, 37 ans, un négociant à Port-Bouët, la commune balnéaire d’Abidjan.
Le conseil juridique du porte-parole de Laurent Gbagbo, que nous avons eu, révèle ceci : «La justice ghanéenne a abandonné les charges alléguées contre le ministre Koné Katinan par l’État de Côte d’Ivoire, dans cette affaire imaginaire de crimes de sang portant sur le meurtre de deux personnes. L’affaire a été classée sans suite, faute de preuves apportées par le gouvernement ivoirien», a précisé l’un des avocats de Koné Katinan.
Effectivement, nous en avons eu la preuve à l’audience du jeudi 20 décembre dernier au cours de l’audience à laquelle nous avons rencontré à Accra, les avocats du mis en cause. ‘’ Affaire État de Côte d’Ivoire contre Koné Katinan Justin dans la procédure d’extradition demandée par le Gouvernement ivoirien pour crimes économiques’’, c’est ainsi que l’huissier de service au Tribunal de Grande Instance d’Osu (Osu Magistrate Court) à Accra, a appelé à l’ouverture de l’audience, le dossier instruit par le juge Aboagye Tandoh, président de ladite Cour de justice. Cette restriction des charges retenues contre le porte-parole de Gbagbo uniquement aux seuls »crimes économiques’’ donne l’idée que la seconde charge portant sur les ‘’crimes de sang’’ à lui imputée a été purement et simplement abandonnée par les autorités judiciaires ghanéennes.
Voici d’ailleurs, à ce propos, ce qu’avait déclaré le juge ghanéen Ali Baba Bature du ‘’District Magistrate Court’’ d’Accra, saisi dans le cadre de l’allégation de ‘’crimes de sang’’, au cours de l’audience du 24 octobre dernier. «On ne peut pas accuser quelqu’un de meurtre et puis mettre autant de temps et de difficultés à apporter les preuves (…). A partir du moment où vous accusez, les preuves devraient être disponibles. Accusé, vous êtes libre!», avait commenté le magistrat ghanéen qui a accordé la liberté sous caution à Koné Katinan.
Avant de prendre cette décision, le juge Ali Baba avait apostrophé le procureur Officier de Police ghanéen, Abraham Annor, qui agissait pour le compte de l’État ivoirien, en ces termes : «Donnez-moi la loi selon laquelle la République du Ghana peut engager une action contre quelqu’un qui a commis un crime en dehors du Ghana (…). Au mieux, la Côte d’Ivoire peut demander l’extradition de l’accusé pour le juger là-bas». Une sortie qui incline à dire que le juge Ali Baba a effacé les charges alléguées contre Koné Katinan dans le cadre de la procédure de ‘’crimes de sang’’ en cours contre le proche de Laurent Gbagbo en exil à Accra.
Ce que Koné Katinan demande aux autorités ivoiriennes
Si c’était le cas, l’on pourrait dire que désormais, Koné Katinan Justin n’est poursuivi au Ghana que pour ‘’crimes économiques’’, avec demande d’extradition en Côte d’Ivoire formulée par l’État ivoirien, comme l’avait laissé entendre l’huissier de service à l’audience du jeudi dernier. A propos de cette autre charge pour laquelle le juge Aboagye Tandoh a promis de rendre sa décision le 17 janvier prochain, voici la réflexion faite par le conseil juridique de l’ancien ministre ivoirien du Budget que nous avons rencontré. «La justice ivoirienne vient de libérer huit (08) prisonniers pro-Gbagbo détenus depuis plus de 18 mois. Parmi ceux-ci, se trouve M. Désiré Dallo, ministre de l’Économie et des Finances dans le Gouvernement du Premier ministre Aké N’Gbo. M. Dallo était, au même titre que M. Katinan, également inculpé du meurtre des ces deux anonymes ainsi que de crimes économiques. Si la justice ivoirienne libère ces personnalités, et nous nous en réjouissons, il n’y aucune raison qui justifie que M. Koné Katinan continue d’être poursuivi par l’État ivoirien au Ghana. C’est tout simplement une aberration», a analysé l’un des avocats de l’ancien ministre ivoirien du Budget avec qui nous avons échangé.
En somme, le porte-parole de Laurent Gbagbo en exil au Ghana depuis la fin de la crise postélectorale, demande aux autorités ivoiriennes d’aller jusqu’au bout de leur logique. Car, selon son conseil, si le Gouvernement ivoirien a fait libérer, par le biais de la justice, des ex-membres du Gouvernement Gbagbo également poursuivis pour ‘’crimes de sang’’ et ‘’crimes économiques’’, alors le pouvoir en place à Abidjan devrait abandonner les poursuites contre leur client. La grâce accordée à Aké Ngbo et les autres va-t-elle profiter aussi à Koné Katinan? Une question sans réponse pour le moment !
ANASSE ANASSE
L’Inter
……
Depuis Accra le ministre Koné Katinan, porte parole du président Gbagbo parle…
« Je demande la libération de tous les autres prisonniers »
“Je continue d’espérer que la sagesse finira par l’emporter”
C’est avec beaucoup de bonheur que j’ai appris votre libération du lieu où vous êtes restés injustement détenus pratiquement vingt mois. Vous vous êtes tous retrouvés dans ces lieux parce que vous avez servi votre pays et votre patrie. Je me réjouis de ce que vous retrouvez vos familles, vos amis et tous ceux qui vous sont proches. Vous êtes les héros de notre engagement commun à bâtir une nation digne, parce que affranchie de toutes les servitudes les plus humiliantes que veulent nous imposer les nostalgiques d’un ordre révolu. Vos séjours injustifiés dans les différentes prisons doivent être regardés par vous-mêmes et par notre société comme l’expression de notre volonté inébranlable de rester constant dans la bataille pour la réalisation du dessein de notre peuple qui aspire légitimement à une plus grande liberté.
Tout en saluant donc votre libération, je ne peux m’empêcher d’imaginer votre désarroi devant la précarité de votre situation eu égard à la destruction de vos domiciles, aux pillages de vos biens divers et à la violence sur vos proches. Malgré ces dures réalités, je vous invite au pardon qui grandit. Ecartons en nous la haine qui nous empêche d’avoir une claire vision de notre objectif. Car plus l’objectif recherché est grand, plus le chemin pour y arriver est parsemé d’embûches. C’est pourquoi, il ne peut y avoir d’humiliation trop grande pour quiconque se bat pour son peuple. Que vos larmes, que vos sueurs, que votre sang et celui de vos proches, vous aident à renoncer à tout esprit de vengeance tout en restant ferme dans la lutte qui sera encore longue, encore douloureuse. Mais que votre foi en la victoire de notre peuple sur sa propre histoire ne vous quitte jamais. Merci au nom du peuple ivoirien pour votre combat, pour l’ampleur de vos sacrifices. Veuillez transmettre mes salutations et mes sincères amitiés aux membres de vos familles respectives dont je mesure la souffrance endurée de façon injuste.
Pour tous les nombreux autres Ivoiriens encore détenus ou en exil, je ne cesse de prier pour eux et leurs familles. Je crois en la capacité des hommes à surmonter leurs divergences les plus aigues. C’est pourquoi je continue d’espérer que la sagesse finira par l’emporter afin que notre destin commun reste le seul repère de toutes nos actions. A cette fin, je continue de demander la libération de tous les autres prisonniers dont le prolongement dans les sous sols de notre République au nom de leur choix politique, prolonge la douleur de notre nation et empoisonne l’Histoire de notre valeureux peuple. Le débat politique est possible en Côte d’Ivoire, il est même indispensable. La recherche de la vérité sur le drame qu’a connu notre pays est inévitable. Il nous faudra répondre aux interrogations des générations futures qui ne manqueront pas de nous questionner sur ces douloureux événements qui sont encore hélas le prolongement de l’Histoire douloureuse de notre peuple. Espérer pouvoir faire l’économie de la recherche de cette vérité, c’est faire fausse route. La déchirure de la société ivoirienne est suffisamment profonde pour que nous n’en mesurions pas l’impact sur le bonheur individuel de chacun de nous. Mais est-il possible d’engager un débat politique et un dialogue républicain autour des questions essentielles qui sont les fondements de notre nation lorsque, certains des nôtres se trouvent injustement privés de leur liberté ? Sans être un objectif politique, votre libération et celle des autres prisonniers constituent le préalable pour l’avènement d’un débat politique, condition sine qua non de la consolidation de la Nation, objectif qui transcende nos ambitions personnelles.
Je vous prie donc d’associer vos prières aux miennes afin que Dieu continue d’apporter son soutien et son réconfort à tous ceux qui sont encore détenus dans les différentes prisons ou en exil et également à leurs familles.
Veuillez agréer Monsieur le Premier Ministre (ex-Premier ministre, Ndlr), l’expression de ma profonde amitié.
Pour le Président Laurent GBAGBO
Le Ministre KONE Katinan Justin
Le Porte Parole du Président Laurent GBAGBO
N.B : Les titres et le chapô sont de la Rédaction.
[Facebook_Comments_Widget title= »Commentaire Facebook » appId= »144902495576630″ href= » » numPosts= »5″ width= »570″ color= »light » code= »html5″]
Commentaires Facebook