Bangui: Les rebelles lancent un ultimatum (communiqué)

Source: alwihdainfo.com (Djamil Ahmat)

MOUVEMENT CENTRAFRICAIN POUR LE CHANGEMENT ET LA PAIX
M.C.C.P.
UNITE- JUSTICE- PAIX
Au nom du peule Centrafricain

Considérant que depuis le 13 août 1960, date officielle de l’indépendance de la République Centrafricaine, le peuple Centrafricain reste attaché à sa puissance souveraine, à l’intangibilité et à l’indivisibilité de ses frontières telles que définies par la Conférence de Berlin (1885), frontières réaffirmé en 1963 par la charte de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), Aujourd’hui Union Africaine (UA) ;

Considérant que le pays a toujours été confronté à des crises politiques récurrentes dont les causes fondamentales demeurent, d’une part, la contestation de la légitimité des institutions et de ses animateurs, et d’autre part, le blocage de l’expression de la volonté du peuple quant au choix des institutions et de leurs animateurs ;

Considérant les révisions récurrentes des dispositions constitutionnelles faites en fonction des intérêts des individus et non de l’intérêt supérieur de la Nation ;

Considérant que par la volonté des gouvernements instaurés par la force, la ruse ou la corruption, il à été impossible pour le peuple Centrafricain de bénéficier des progrès économiques et sociaux malgré l’immensité des ressources et potentialités du pays ;

Vu le dialogue politique inclusif (DPI) tenu à Bangui du 05 décembre au 20 décembre 2008 qui, par une décision souveraine a posé les bases de la constitution d’un état de droit ;

Vu le résultat de la dernière élection présidentielle du 23 janvier 2011 tels que proclamés par la commission électorale Indépendante (CEI) et confirmés par la cour Suprême de justice, résultats qui remettent, une fois de plus en cause la vérité des urnes ;

Vu le conflit poste électoral, les violations massives des droits de l’homme et la nécessité d’instaurer une paix juste et durable ;

Constatant que le régime dictatorial du pouvoir actuel en République Centrafricaine est un obstacle à l’organisation des élections libres, démocratiques et transparentes ;

Considérant le droit absolu pour le peuple Centrafricain de bénéficier de tout les droits exprimés par la déclaration Universelle des droits de l’homme de 1948 ;

Enfin, considérant le droit absolu pour le peuple Centrafricain de vivre en paix et de se développer dans le cadre d’une nouvelle constitution placée sous la responsabilité d’institutions créées par sa volonté et à son service ;

Les Officiers, Sous officiers et hommes de rang ainsi que les personnalités politiques, associatives, religieuses réunies à Zinga, conscients de tout ce qui précède, animés de l’amour de la patrie et prenant leurs responsabilités, Ordonnent à monsieur François Bozizé, ce vingt sixième jour du mois de décembre de l’an deux mil douze, d’accepter la recommandation de Séléka et demande aux loyalistes de déposer les armes immédiatement faute de quoi, nous serons dans l’obligation de les combattrent dans Bangui. Nous sommes fatigués de négocier avec François Bozizé, nous contrôlons la Sangha, la haute Sangha, la Lobaye et sommes déjà dans Bangui.

Ensemble et avec tous pour créer une République Centrafricaine nouvelle où la justice, la sécurité et la paix réelles se rencontrent et s’embrassent allègrement.

Ensemble pour la reconstruction d’une République Centrafricaine nouvelle dans l’unité, dans la dignité et dans le travail.

Nous devrons prendre en mains le destin de notre pays meurtri et spolié.

Pour que vivent et triomphent la Justice, la Liberté et le Travail dans la sécurité et la paix nationales, condition sine qua none de lutte contre la pauvreté dans toute sa diversité.

Le Chef d’état major de la Zone OUEST
Fait à Zinga le, 26 décembre 2012

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Menacé par les rebelles, le président centrafricain appelle la France et le Tchad à l’aide

Le Monde.fr Par Christophe Châtelot

Le régime du président centrafricain, François Bozizé, est aux abois, menacé par l’avancée fulgurante d’une nouvelle rébellion, le Séléka, qui, depuis le 10 décembre, met l’armée centrafricaine (les FACA) en déroute. Les villes importantes tombent les unes après les autres sous le contrôle des rebelles qui s’approchent chaque jour davantage de la capitale Bangui.

La menace est sérieuse. François Bozizé en est d’ailleurs réduit à faire appel à l’étranger – le Tchad et la France, principalement – pour tenter de sauver un pouvoir déliquescent. « Jamais depuis dix ans, une rébellion n’a tenu un tel territoire », constate, à Bangui, l’opposant et ancien premier ministre Martin Ziguélé joint par téléphone. « Plus elle avance, plus cela fait boule de neige et plus le pouvoir s’affaiblit », ajoute-t-il.

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Ce n’est pas la première fois qu’un mouvement armé menace le régime. Il y a seulement deux ans, François Bozizé n’avait dû son salut qu’à l’intervention de troupes tchadiennes venues déloger les rebelles de Birao (nord de la Centrafrique). Cette fois encore, Ndjamena a envoyé des renforts à la demande de Bangui mais l’engagement tchadien est moindre. Selon plusieurs témoignages, des éléments tchadiens lourdement armés, à bord d’une vingtaine de véhicules sont ainsi arrivés le 18 décembre à Kaga Bandoro (centre du pays).

250 MILITAIRES FRANÇAIS STATIONNÉS À L’AÉROPORT DE BANGUI

Le Tchad va-t-il de nouveau sauver le général Bozizé? « Pas si sûr », avance un diplomate. Les relations entre les deux pays se sont considérablement refroidies ces derniers mois. Ndjaména a ainsi rappelé les 90 soldats des troupes spéciales tchadiennes qui assuraient la sécurité du président centrafricain depuis sa prise de pouvoir par la force, le 15 mars 2003, grâce, déjà, à l’appui des forces tchadiennes. La sécurité présidentielle est dorénavant coordonnée par la société française de sécurité et de défense EHC LLC, dirigée par le général de division à la retraite Jean-Pierre Perez.

Bangui a fini par désespérer le Tchad, son soutien le plus constant, en n’assurant pas la sécurité à ses frontières alors que des groupes rebelles tchadiens ont établi leurs bases arrière en Centrafrique.

Du côté français, non plus, on ne se précipite pas pour voler au secours du pouvoir centrafricain, comme le firent les soldats français en 2007. Sur les ondes de Radio France Internationale (RFI), le ministre centrafricain de l’administration du territoire, Josué Binoua, a pourtant appelé la France à intervenir : « Nous attendons de la République française un secours. » Environ 250 militaires français sont stationnés à l’aéroport de Bangui dans le cadre de la mission technique Boali. Ils pourraient intervenir pour protéger les quelque 1 200 ressortissants français de Centrafrique. « Rien de plus, le temps des interventions françaises est terminé, c’est aux pays Africains de faire le boulot », explique à Paris un proche du dossier.

Mercredi 26 décembre, quelques dizaines de militaires français ont ainsi été déployés à la demande du président Hollande autour de l’ambassade de France à Bangui après que celle-ci eût été brièvement attaquée par des groupes de « jeunes patriotes centrafricains » qui dénonçaient « les mains invisibles étrangères » qui soutiendraient les rebelles du Séléka. « Ils étaient manipulés par le pouvoir qui veut pousser la France à intervenir », décrypte un connaisseur du dossier.

« EXCLUSION DE L’OPPOSITION ET CLIENTÉLISME »

« Ces débordements traduisent aussi l’inquiétude de la population si les rebelles et l’armée venaient à se battre dans Bangui », explique Nicolas Tiangaye, un avocat joint au téléphone dans la capitale centrafricaine. Le Séléka affirme pour le moment « ne pas souhaiter se battre à Bangui », nous explique Eric Massi, l’un des porte-parole de ce mouvement politico-militaire né de la fusion, en août, de plusieurs rébellions, et dirigé par Michel Am Nondokro Djotodia, un ancien diplomate centrafricain de 63 ans passé, il y a plusieurs années déjà, dans l’opposition armée. « Nous temporisons sur le plan militaire », ajoute Eric Massi.

« Les revendications et les objectifs du Séléka sont confus », confie un diplomate. « C’est un mouvement hétéroclite soudé par son opposition à Bozizé », explique un journaliste centrafricain. La déclaration en dix points, publiée le 12 décembre par le Séléka, dénonce la « mal gouvernance » à Bangui, « l’exclusion de l’opposition, le clientélisme et le tribalisme » du pouvoir.

Depuis les élections générales hautement contestées de janvier 2011, la famille directe du président Bozizé – femme, enfants, cousins… – occupe une vingtaine de sièges sur les 105 que compte le Parlement. Le Séléka demande notamment l’application d’accords de paix conclus entre 2007 et 2011 et « l’ouverture d’un dialogue politique inclusif », explique Eric Massi. Mais rien ne dit que le Séléka, avec lequel le pouvoir s’est engagé à négocier, le 10 janvier à Libreville (Gabon), s’arrêtera en si bon chemin. « Nous sommes devenus un mouvement de résistance. Le régime est mort », avance Eric Massi.

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