Scandaleux ! Aké Ngbo soupçonné d’avoir trahi Gbagbo

Aké N’gbo, selon les directeurs de conscience du camp Gbagbo n’aurait pas dû dire merci au président de la République, encore moins au ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité. Les légitimistes estiment qu’en le faisant, le professeur Aké N’Gbo Gilbert Marie a légitimé Alassane Ouattara et a renié Laurent Gbagbo, qui reste à leurs yeux, le Président légitime de la Côte d’Ivoire, d’autant plus que « l’ex- Président » (une expression qu’ils réprouvent) n’a jamais reconnu Alassane Ouattara comme Président de la République.

En déphasage avec le FPI officiel qui a reconnu le Président Alassane Ouattara à trois reprises via Affi N’guessan avant la prison, via Koulibaly Mamadou et via Miaka Oureto (tout en faisant un inutile de jeu de mots: nous l’avons reconnu comme Président mais cela ne veut pas dire que nous reconnaissons sa victoire) les légitimistes du camp Gbagbo jouent ce faisant, sur une revendication peu utile du camp Ouattara dans la mesure où Laurent Gbagbo et le FPI n’ont pas à reconnaître un pouvoir octroyé par les urnes et le peuple, un pouvoir reconnu par la communauté des Nations, et qui s’exerce pleinement avec tous ses attributs sur l’ensemble du territoire national.
D’ailleurs la légitimité, la légalité et la réalité du pouvoir Ouattara s’imposent même à ceux-là-mêmes qui le contestent.

Enfin, sur la question, peut-on dire qu’après l’élection calamiteuse de 2000, le RDR et le PDCI ont posé des actes formels et légaux de reconnaissance du pouvoir Gbagbo, reste pour eux illégitime dès le départ et davantage à partir de septembre 2002; et surtout devenu un pouvoir non constitutionnel à partir d’octobre 2005 ? De même que la non reconnaissance des uns hier, n’a pas empêché Laurent Gbagbo de dormir ni d’exercer l’imperium; la non reconnaissance de son pouvoir devrait plutot faire sourire, Alassane Ouattara et cesser d’etre un élément important pour le camp Gbagbo.

Il s’agit d’une quête dérisoire par rapport aux enjeux de la normalisation, de la bonne gouvernance et de l’Etat de droit à bâtir.

AKE N’GBO GILBERT MARIE, TOUJOURS PM

Selon donc les maîtres et directeurs de conscience du camp Gbagbo qui sont assis dans la tranquillité de l’exil par rapport à un prisonnier, le professeur Aké N’Gbo devait, à défaut de revendiquer la place de Duncan dans l’attente du retour de Laurent Gbagbo au Palais, doit éviter toute allégeance au chef de l’Etat illégitime en exercice. Qu’elle est belle l’opposition sans risque aucun! Une opposition systématique qui fait fi de la souffrance des gens qui ont vécu dix huit mois en prison, qui ont souffert, et qui n’ont rien fait publiquement pour regretter ni nier leur engagement aux cotés de Laurent Gbagbo. C’est méchant et méprisant que de traiter ainsi le professeur Aké N’Gbo.

MÉCONNAISSANCE TOTALE DE LA GBAGBOLOGIE

En réalité, ceux qui utilisent le nom et le combat de Laurent Gbagbo pour légitimer les uns et disqualifier les autres, pour décerner de bons et de mauvais points, ne connaissent rien de la politique ni de la posture vraie de l’ex-Président. A cet égard, il suffit de leur rappeler que tout au long des dernières années et au cours de sa carrière politique, Laurent Gbagbo a souvent posé des actes contre ces extrémistes. Trois exemples en témoignent: Laurent Gbagbo a fait le Front républicain avec feu Djeni et le RDR contre la volonté de sa base, contre la volonté des siens, en mettant en avant son rôle de leader et de berger; il a accepté Marcoussis malgré le non de sa « rue » même s’il n’a pas appliqué « bêtement » (comme Seydou Diarra) et fermement cet accord de paix, enfin il a signé Ouaga contre la volonté des durs et purs de sa galaxie, sans l’aval entier de Simone Gbagbo.

REFUS FATAL

Lors de la crise postelectorale au lieu de tirer les bonnes leçons de ce leadership avant-gardiste et audacieux qui lui a permis d’assumer le rôle de berger pour conduire à la lumière et à la victoire les siens, Laurent Gbagbo a plutôt eu tendance à regretter ses choix et à refuser de les assumer en décembre 2010, lorsqu’il a perdu. Au contraire, il a laissé ceux qui prétendaient l’aimer plus que lui, (en réalité, il s’agissait de gens et de femmes, défendant leurs intérêts particuliers) lui donner mauvaise conscience et le regret d’avoir ainsi posé des actes devant favoriser la sortie de crise et la réconciliation entre les Ivoiriens. La défaite fut le temps de la vengeance des anti-Ouaga qui n’avaient jamais subi le désaveu que cet accord signifiait pour eux. Dans leur désir de revanche sur le passe, Laurent Gbagbo trouva des allies précieux et déterminés pour justifier son combat et entrainer tout le monde dans son combat contre Obama, Sarkozy, l’Union africaine, pour ne pas dire contre presque le monde entier . Une attitude qui a entraîné par exemple un homme mesuré et modéré comme Affi N’guessan, dans la radicalisation. Et pourtant, Affi Nguessan a paru longtemps comme un politicien mou, un homme pas sûr, face à Mamadou Koulibaly et à Blé Goudé. Qui ne se souvient des anecdotes de barons du FPI disant que cet Akan à qui on prêtait sous cape des origines Burkinabés, serait prêt à vendre le FPI à Henri Konan Bédié à défaut de le faire avec Alassane Ouattara. Hélas ! Les extrémistes du FPI, qui sont en réalité, des pseudo-pro Gbagbo (pour de pas dire ces anti-Gbagbo infiltrés et au service de l’adversaire, des allies objectifs de l’ennemi que l’IA dénonçait dans son édition du Week-end) n’ont pas retenu la leçon: ils veulent qu’Aké M’Gbo devienne lui aussi un radical et insulte le President Ouattara.

BRÛLER LAURENT GBAGBO LUI-MÊME UN JOUR

Mais à cette allure, ils finiront bien un jour, par brûler Laurent Gbagbo lui-même. Car un beau matin, ne s’en trouvera-t-il pas un pour dire que Laurent Gbagbo a trahi, les a trompés et roulés dans la farine? Don Mello l’avait fait autrefois, ainsi que Kalifa Touré et même feu le Doyen Memel Foté en privé. Mais, peut-être n’oseront-ils jamais cela parce que l’adhésion à un homme, et non à des idéaux ni à des valeurs et principes, est plus forte pour eux. En Gbagbo, ils sont comme en Christ, comme en religion! Depuis toujours! N’est-ce pas à juste titre que l’adversaire politique avait affublé à l’époque, Laurent Gbagbo du qualificatif de Christ de Mama? Selon les légitimistes, leur champion ne peut pas avoir tort. Leur champion est infaillible. Ainsi, s’il dit un jour merci à Alassane Ouattara, (oui il peut bien le faire ) c’est qu’il a une bonne raison de le faire; puisque selon eux, Laurent Gbagbo est mieux avisé qu’Affi Nguessan, que Koulibaly Mamadou, que Miaka Oureto. Selon eux, il est mieux politiquement formé que le professeur Aké M’Gbo.

UN COMPORTEMENT QUI VA AU-DELA DU FPI

En réalité, le problème n’est pas que les partisans de Laurent Gbagbo soient animés par cet état d’esprit, le vrai problème est qu’il s’agit d’une pratique commune à la politique en Cote d’Ivoire et même en Afrique. C’est ainsi qu’on voit depuis toujours des militants du Pdci dire que le Président Bédié est bon, mais que c’est son entourage qui est mauvais.

De nos jours, ils sont nombreux ceux qui sont prêts a tout pardonner au Président de la République, et a vilipender en retour les ministres, les Dg et l’administration. « Ado a une vision, si ça ne va pas, c’est la faute aux ministres et à ses collaborateurs », disent- ils. Tout pour le chef infaillible, père des succès mais absolument étranger aux éventuels blocages et échecs. C’est un syndrome (pas le simple culte de l’infaillibilité du chef) qu’il faut bien identifier pour en guérir les citoyens et bien d’observateurs politiques. Aujourd’hui, Aké N’gbo en est victime. Mais avant lui, Mamadou Koulibaly, Miaka Oureto et même le « fou » de Gbagbo par excellence, que paraissait Blé Goudé en ont été victimes. Depuis la semaine passée et à plusieurs reprises, des doutes ont été émis sur la loyauté et sur les méthodes de Blé Goudé pour avoir transformé le Cojep en mouvement politique. Dans les autres chapelles politiques, des ministres et plusieurs cadres en sont victimes.

Si Laurent Gbagbo ne lance pas des messages pour clore ce débat, si les autres leaders ne disciplinent pas la critique au sein de leurs partisans, la désillusion et la découverte des vérités sur le processus de prise de décision dans un parti, ou au sommet de l’Etat, la meilleure perception de la notion de responsabilité politique qu’introduit justement la CPI pour que désormais les leaders et acteurs politiques de premier plan assument pleinement les conséquences des options «implémentées » par leurs collaborateurs, pourraient créer des désillusions.

NE PAS SE TROMPER SUR LE CAS MANDÉLA

« A sa sortie de prison, Mandela n’a pas dit merci à ses bourreaux », ont cru pouvoir dire des pro- Gbagbo pour disqualifier encore Aké N’gbo. Et pourtant, Nelson Mandela a fait plus: il a gouverné avec ses bourreaux. Il a eu comme vice-Président, Frederick De Klerk, a partagé le pouvoir avec lui, il a obtenu le prix Nobel avec lui, il a effectué des tournées avec lui. Dira-t-on que De Klerk a été un réformateur et non le représentant des bourreaux d’hier? Frederik De Klerk a été un instrument des bourreaux même s’il s’est repenti et a obtenu l’impunité pour tous avant de mettre fin au système d’apartheid, sous la double pression intérieure et extérieure. Toutefois, cette mission de pardon, qui était le prix à payer pour éviter une guerre civile grandeur nature, qui aurait pu advenir à cause du souci de vengeance et de représailles de la part des Noirs, n’a pas été toujours acceptée par le propre camp de Mandela. Dans les rangs de l’ANC, il y a eu débat. Mandela a été combattu et conduit à utiliser souvent la manière forte pour réconcilier.

Dans ses mémoires (un long chemin vers la liberté) il s’explique sur la force du pardon.

LA POSITION ICONOCLASTE DE GBAGBO

Sur cette question de Mandela tout bon, tout vrai et authentique pro-Gbagbo doit pouvoir se souvenir que lors du colloque du cinquantenaire de la Cote d’Ivoire à Yamoussoukro, Laurent Gbagbo avait emis des réserves sur la qualité de héros africain de Mandela, en ce sens que Mandela lui paraissait davantage l’homme (ou un héros fait par et pour) de l’Occident que l’homme de l’Afrique. L’ex-chef de l’Etat s’était interrogé sur les deal et concessions que Mandela avait pu faire avec ses bourreaux et avec l’Occident, pour devenir cette icône presque parfaite qu’on devait donner en modèle, et que l’Occident semblait imposer à l’Afrique et au monde, en vue de se donner bonne conscience et masquer ses propres crimes. Invoquer et convoquer Mandela pour faire la leçon a Aké Ngbo est inapproprié, de la part d’un pro-Gbagbo qui connaît bien les réserves de l’ex-Président sur ivoirien au sujet du leader africain et sud africain. Aké N’gbo n’est pas Mandela, mais en plus Mandela lui-même, a fait ce qu’ Aké N’gbo n’a pas encore fait (et qu’on lui reproche pourtant) : faire la paix avec son bourreau. L’éminent professeur d’université n’a fait que dire « merci au Président Ouattara » comme il a dit merci à tous ceux qui ont oeuvré positivement en faveur de leur libération.

CE QU’ON PEUT REPROCHERA AKÉ N’GBO

Aké N’gbo Gilbert-Marie a également « supplié » les autorités de faire bénéficier de la même mesure aux autres détenus. On aurait tout au plus, pu lui reprocher de ne s’être pas adressé aux juges qui ont signé la mise en liberté provisoire d’une part; et d’autre part on aurait pu regretter qu’il ait dit « supplier » au lieu de « plaider, demander » ou autre. Peut-on supplier un être humain? C’est Dieu, c’est Allah qu’on supplie! Mais, même s’il passe de prime abord, pour quelqu’un qui n’est pas un tribun reconnu, ni un maître de la parole, on peut reconnaître au porte-parole des détenus, la volonté de toucher vraiment le fond du cœur et l’humanité (le sens humain, sa faiblesse d’homme et) du Président de la République,en mettant en pause sa vigilance politique.

Aké N’Gbo est un humaniste, ce n’est pas un politicien de carrière, un politicien professionnel même s’il a pu avoir des convictions et s’est retrouvé à la fin d’une affaire qu’il n’a pas inspirée et au commencement de laquelle, il n’a pas participé.

Halte donc aux faux procès et à la dénonciation qu’on lui fait. Sans oublier le mépris ou délit de faciès suivant: ceux qui ont été libérés ne seraient pas représentatifs du combat de Laurent Gbagbo, ce ne sont pas des historiques et des figures marquées (ou marquantes) comme Affi, Alcide Djédjé et autres. Là encore mensonges: un homme comme Norbert Gnahoua Zibrabi, même s’il n’a pas été ministre et n’a pas occupé de plus hautes fonctions, n’a rien à envier en matière de militantisme à Alcide Djédjé, à Affi N’guessan. Dire qu’ils sont en quantité négligeable, c’est leur faire savoir qu’ils ne sont pas utiles, ne sont pas les bienvenus.

Quand on n’a pas de convictions fortes, on ne peut que plier bagages, dire adieu à la politique, à défaut de rejoindre ouvertement la maison Ouattara, pour dire à ces donneurs de leçons qui sont eux à l’abri des FRCI, et qui décernent des certificats de bonne ou mauvaise conduite gbagboiste, d’aller se faire « foutre ».

Le pro-Gbagboisme doit devenir plus raisonnable et moins irrationnel.

Charles Kouassi

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