« Il faut que les dirigeants du Fpi soient réalistes et renoncent à demander par exemple, la libération de Laurent Gbagbo. Son destin est entre les mains la Cour pénale internationale et le cercle de ses fidèles se rétrécit chaque jour ». Kablan Duncan retrouve de la voix, une voix qui, il n’y a pas bien longtemps, s’était enraillée du fait de la haute galère que l’homme vivait, au point que sa résidence de Grand Bassam était en état de décrépitude avancée. Se sentant revivre par la magie d’une nomination l’ex et actuel Premier ministre ivoirien, voulant certainement plaire à son employeur, affirme que Gbagbo ne sortira pas de la Cpi. Le chef du gouvernement ivoirien, qui s’exprime ainsi dans les colonnes de «Jeune Afrique», ne demande rien d’autre aux militants du FPI que d’abandonner le président Gbagbo à son sort. Ils sont d’autant fondés à le faire, dit-il, que le vide est en train de se faire autour de Gbagbo. Un avis qui prend le contre-pied parfait de la CPI qui pense que l’ancien chef de l’Etat ivoirien dispose d’un si vaste réseau de sympathisants à travers le monde qu’il est dangereux de lui accorder la liberté provisoire ou conditionnelle. Plus sérieusement, le Premier ministre Kablan Duncan, qui vit en Côte d’Ivoire doit ignorer les raisons pour lesquelles le processus de paix peine à démarrer, du moins fait semblant de ne pas le savoir. Il faut les lui rappeler. Si jusque-là la mission du président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR) piétine, c’est parce que Gbagbo est en prison. Point n’est besoin de jouer l’autruche. Il suffit de lui rendre sa liberté pour que tout le reste s’enchaîne, ses partisans, qui sont des millions et des millions en Côte d’Ivoire, fraternisent, spontanément, dans les rues, avec ceux de Ouattara. C’est l’unique vérité. Et il n’y a pas une autre. Que Dunan arrête de se méprendre sur les partisans de Gbagbo, les vrais, qui ne sont pas prêts à abandonner leur chef, au moment où celui-ci a le plus besoin d’eux. Ils ne sont pas nourris, pour l’écrasante majorité d’entre eux, à la culture du reniement et de la trahison.
Mieux, dans la position qu’il occupe, il aurait plutôt gagné à jouer la carte de la cohésion, plutôt que de chercher à rallier certaines brebis égarées, comme il en existe toujours dans toutes les formations politiques, à une l’idée de laisser Gbagbo à son sort. Le Premier ministre ivoirien doit savoir, comme tous ceux qui clament que Gbagbo va mourir en prison, que mardi dernier, la CPI a acquitté, faute de preuves, le chef de guerre congolais Mathieu Ngudjolo Chui. Il était poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Il était accusé d’avoir commandé des milices responsables de meurtres, de viols et de pillages dans la province d’Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo, en février 2003. Le juge Bruno Cotte a déclaré que des atrocités avaient bien été commises durant le conflit, mais que l’accusation n’avait pu apporter la preuve de la responsabilité de Ngudjolo « au-delà du doute raisonnable ». L’histoire est en marche.
Jean Josselin
Notre Voie
Commentaires Facebook