Par Arsène Touho
Juriste-Écrivain
J’étais mobilisé hier pour le débat. Hélas l’émission a été reportée à aujourd’hui, pour me dit-on, « des raisons de force majeure ». Ce soir, j’essayerai d’être là encore, mais mes activités nocturnes me mettent sous la menace d’une absence non souhaitée. C’est pourquoi j’ai décidé de livrer ma position ici et maintenant.
I- SUR LE PRINCIPE DE LA TRANSFORMATION DU COJEP EN PARTI POLITIQUE
La question centrale de la polémique est: pourquoi Blé Goudé crée-t-il un parti politique au moment où la LMP a besoin de cohésion contre le pouvoir Ouattara ? Autrement dit, le COJEP qui devient un parti politique n’est-il pas un parti de trop susceptible de gêner le leadership du FPI qui conduit l’opposition contre Ouattara ?
Là dessus, je rappelle les droits universels de liberté de réunion, liberté de d’opinion et liberté d’association au nom desquels chacun est libre de penser ce qu’il veut et d’appartenir de ce fait à l’organisation de son choix. Donc Blé Goudé a raison (en tout cas il n’a pas tort) de créer son parti politique. Cette décision est-elle opportune dans le contexte actuel ?
A cela je réponds que le jeu politique semble (je dis bien semble) évoluer vers un dialogue politique plus inclusif qu’auparavant. L’entrée en scène du PR Macky Sall en est un signe qui autorise à le croire; surtout que c’est la 1ère fois qu’un chef d’état en exercice s’implique officiellement et à titre individuelle dans le dossier ivoirien après le 11 avril. I y a donc une forte probabilité que la LMP se retrouve à une table de négociation. Or il s’agit du type d’assises qui n’incluent que les partis politiques. Avec quels partis politiques la LMP de l’après 11 avril ira-t-elle à de telles assises ? Avec quels partis alliés le FPI ira-t-il à ses négociations ?
Cette question est d’autant plus opportune que des partis politiques et cadres de la LMP sont partis (UDCY de Mel Théodore, Cap URLG de Gervais Cheval Gris Coulibaly). Or dans ce genre d’assises il n’y a pas que la qualité des acteurs qui compte; il y a aussi le nombre. C’est pourquoi la rébellion de 2002 avait créé le MJP, le MPIGO en plus du MPCI juste avant la table ronde de Marcoussis. A l’arrivée chacun de ses mouvements a gagné un post ministériel à l’issue de Marcoussis. Donc, je considère que la mutation du COJEP est une bonne chose pour la LMP en cela qu’elle apporte une plus value en nombre et en qualité (le leadership de Blé Goudé).
Indépendamment des militants euphoriques du FPI, je ne crois pas que la direction du FPI soit contre cela; car justement, je ne crois pas que le FPI soit pour CBG instrument au service du combat au sein de la LMP en lieu et place d’un CBG coéquipier au service de ce combat. Pour ce qui me concerne, je suis maintenant attentif au discours et à l’action politique de CBG pour voir s’il se comportera comme un allié collaborateur du FPI ou s’il agira comme un allié concurrent. Ce qui m’amène à m’intéresser à ses arguments sur la question.
II-SUR LES ARGUMENTS AVANCÉS PAR BLÉ GOUDÉ:
1. Il dit: « On peut parler d’une même voix mais pas d’une seule voix. » Quand CBG dit cela, il a forcement raison; parce que en effet, un combat politique n’a pas besoin des leaderships et de monopole exacerbés et inutiles. Or c’est précisément sur ces deux points que CBG et le FPI se ressemblent. Ils ont en commun le fâcheux réflexe de monopoliser tout et de façon inutile le plus souvent. Sinon pourquoi CBG peut penser comme ça et désavouer publiquement le jeune Zadi Djedje Cjppr en disant qu’il ne l’a pas envoyé ? Voilà l’inconstance de nos leaders que j’ai toujours dénoncée. On affiche les théories quand elles nous propulsent aux devants de la scène; et on les piétine quand ces mêmes théories mettent les autres aux devants.
2. Il dit: « le COJEP est un mouvement politique et non un parti politique PCQ LE cojep ne vise pas la conquête du pouvoir ».
A cela je réponds que la détermination du statut du COJEP ne se trouve pas dans la bouche d’un individu (président fondateur soit-il) mais dans les traits caractéristique du COJEP. Quelle est cette organisation qui n’est pas un parti politique et qui a adopte, trait pour trait, la même organisation et les mêmes structures qu’un parti politique ? Ce n’est pas parce-que le pouvoir n’intéresse pas encore CBG (c’est son droit) que le COJEP n’est pas un parti politique. C’est un choix qui laisse une grande marge de manœuvre à CBG mais qui est en même temps assez risquée dans la mesure où elle laisse aussi une grande marge de manœuvre à ses adversaires. Par exemple, il peut être organisé sur la CI demain matin une assise politique à laquelle on ne convie que les partis politiques. Dans ce cas, que fera-t-il ? Il va encore crié que les gens sont contre lui ?
Wait and see !!!
Arsene Touho
Juriste-Écrivain
Ex syndicaliste FESCI, faccuté de Droit Université d’Abidjan-Cocody
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