Hien Solo, ex-rédacteur en chef de Fraternité Matin, raconte Houphouët-Boigny

Entretien 19 ans après la mort du premier Président ivoirien

Journaliste à Fraternité Matin depuis 1978 où il est passé successivement par le reportage sur les chiens écrasés jusqu’à occuper les postes de chef de rubriques, secrétaire général de la rédaction puis rédacteur en chef. C’est vers 1971 après le lycée, que le jeune Hien Solo est piqué par le virus du journalisme, il va s’essayer au journalisme sportif aux côtés de Dayero puis de Noël Ebony, Gaoussou Kamissoko, Martin Kakra à Fraternité Matin. Il sera recruté plus tard par l’AIP pour tenir, pour la première fois, le bureau de Yamoussoukro en 1973. C’est là-bas que le jeune journaliste va faire ses classes en côtoyant les plus illustres personnalités de ce pays de l’époque. Singulièrement le Président Houphouët-Boigny qui l’a adopté avant que Hien Solo ne parte de Yamoussoukro pour Abidjan. Il sera pendant trois mois au bureau de Korhogo avant de regagner le desk central. En 1978, il émigrera à Fraternité Matin.

Vous avez été le premier correspondant de l’AIP à Yamoussoukro, vous avez connu le président Houphouët Boigny dont le pays célèbre cette année le 19è anniversaire de son décès. Pouvez-vous nous décrire comment vous l’avez trouvé ?

Vous me prêtez trop de considérations mon cher confrère. Oui j’ai été le premier animateur du bureau de l’AIP à Yamoussoukro et je voyais Houphouët au début de très loin. Je faisais mes petits papiers qui étaient publiés dans le bulletin de l’AIP, des enquêtes dans le mensuel appelé Eburnea et d’autres articles que reprenaient Fraternité Matin. Un jour, Houphouët qui s’étonnait que Yamoussoukro à travers la presse était ouverte au reste de la Côte d’Ivoire s’est renseigné sur l’auteur de cette situation auprès de M. Coffi Béhibro Philippe, sous-préfet d’alors. Il a ensuite demandé à me voir. La rencontre a été exceptionnelle à mon sens. Le grand Houphouët qui s’était mis à mon niveau avec une courtoisie sans nom. Il a voulu savoir ce que j’étais, où j’habitais, mon salaire. Par la suite, il a demandé à Oumar N’Daw et Houphouët Kouassi Gustave, deux de ses gardes de corps de me faciliter la tâche chaque fois qu’il s’imposait à moi de le voir…

Mais, il paraît que malgré cela vous avez connu beaucoup de déboires dans votre tâche quotidienne

Oui. Mais c’est simplement que je faisais l’objet de beaucoup de jalousie, et des gens ne faisaient pas descendre jusqu’à moi des instructions qu’il donnait souvent. Par exemple un chef d’Etat est venu incognito à Yamoussoukro. J’étais à l’aéroport avec le chef d’agence de la radio Bouaké M. Emmanuel Sika. Houphouët qui l’avait vu avant moi lui a dit que ce voyage du président en question, je crois que c’était du Libéria, ne devait pas être couvert. Quand j’ai voulu savoir auprès de M. Sika ce que Houphouët venait de lui dire, il m’a renvoyé paitre. Je me suis résolu alors à balancer mon papier en me disant que mes patrons à Abidjan devaient savoir la conduite à tenir. Le lendemain Fraternité Matin barre sa ‘’UNE’’ par cette information. Furieux, Houphouët me fit appeler. Dès que j’entre dans son bureau, il me traite de tous les noms avant de me demander pourquoi n’ai-je pas obéï aux recommandations de Emmanuel Sika, qui interpellé quelques minutes avant moi, avait dit à Houphouët qu’il m’avait bien répercuté l’ordre de ne pas couvrir l’évènement. J’ai calmement répondu au président que Sika avait menti et que c’est justement à défaut de repère que j’ai pensé me référer à ma hiérarchie à Abidjan en lui laissant le soin de décider, de publier ou non l’information. Séance tenante, Houphouët a tenu à vérifier mes dires qui s’avéreront vrais par la suite. Il s’en est pris violemment à Emmanuel Sika et m’a dit ceci : «chaque fois que vous avez un doute sur un travail à faire, référez-vous à moi-même». Houphouët était à l’écoute de tout le monde, du plus grand au plus petit. Mais cette ouverture qu’il m’a faite pour éviter que je me trompe dorénavant ne m’avait pas empêché de subir d’autres courroux de sa part. Un jour, je publie un fait divers qui indiquait qu’un enfant s’était noyé dans le lac et s’était fait dévorer par un caïman. Il me convoque pour me dire : «c’est toi qui écris dans les journaux que j’ai fait un lac à Yamoussoukro pour tuer des enfants ? Évidemment ce n’est pas cela la réalité». J’étais bien embarrassé à répondre à cette question. Ce genre d’exemple abonde et ce serait fastidieux de les relater ici. D’ailleurs un jour, il appelle Fologo, ministre de l’information et lui dit : «à partir de ce jour, je ne veux plus voir ton gars de l’AIP ici». Fologo (rédacteur en chef 1964-1974 puis directeur général) étant en mission à Yamoussoukro, m’a appelé le soir pour m’informer de cette conversation avec le président. Mais il prend soin de me dire : «je ne t’enlèverai pas de Yamoussoukro malgré tout. Même moi dira t-il, j’ai été plusieurs fois renvoyé de Fraternité Matin. Sa colère va passer». Fologo m’a assuré de son soutien non sans me conseiller d’être très honnête dans ce que j’écris et sérieux dans mon comportement de tous les jours. Et je suis resté encore deux ans à Yamoussoukro.

A part des problèmes que vous avez directement connu avec le président Houphouët, qu’est-ce qui vous a encore marqué chez lui ?

Beaucoup d’autres choses. Son humilité et son respect pour autrui quel qu’il soit. J’ai souvent été en sa compagnie à la maison, chez lui, il ne médisait jamais de quelqu’un si ce n’est pour plaisanter. Toujours discret dans les gestes qu’il fait aux uns et aux autres. Il croyait beaucoup en Dieu et bien que chrétien, il avait un grand respect pour les autres religions. Même pour le bossonisme. Je me souviens aussi qu’un jour, j’aperçois le général Ojuku Odemingu, le leader biafrais qui après avoir perdu la guerre de sécession au Nigeria était en exil à Yamoussoukro. Un des hommes qui lui, parlait français, du nom de Obi, s’est entretenu brièvement avec Houphouët et on m’apprend que dorénavant j’étais chargé de transmettre les messages d’Ojuku. J’en recevais pour lui et je devais en transmettre vers l’étranger, notamment à Londres. Tout simplement parce que j’étais le seul à Yamoussoukro à posséder un télex. Même la Poste n’en avait pas. Je vais vous raconter une autre histoire pour vous faire marrer un peu. Un jour, Houphouët reçoit Mobutu pour une visite officielle. On va visiter ses exploitations agricoles de Kpoussoussou où il avait, hormis les agrumes, de très jolis caféiers que surplombait une colline sur laquelle Houphouët aimait se percher pour admirer ses plantations. Mobutu, qui visitait ce site pour la première fois, n’a pas résisté à la tentation de solliciter l’expertise de son hôte en vue d’en faire autant à Gbadolité son village natal au Zaïre. Balla Kéita, alors directeur de la recherche scientifique qui y était, souffle à l’oreille du président : «trouvez le moyen de ne pas aider ce pays à faire du café et du cacao. Les zaïrois ont les meilleurs terres et ils risquent si vous les y aidez, d’être en l’espace de quelques années de grands producteurs qui vont déstabiliser le marché mondial…» Houphouët profite de l’inattention de Mobutu et répond à Balla : «ne vous en faites pas. Jamais ces gens là ne vont laisser la musique pour s’adonner à l’agriculture. Aidons-les, ils ne feront rien avec…» Ces choses comme ça, on peut en parler à satiété.

Il parait aussi que vous interveniez auprès d’Houphouët pour résoudre les problèmes des gens ?

Cela n’est pas tout à fait juste. Je passais souvent par ses gardes de corps, le commissaire Idrissa, ses soeurs etc. Quand j’étais sollicité pour certaines interventions. Mais, il m’est effectivement arrivé de lui parler directement si cela s’avérait possible. Par exemple, un jour, je reçois la visite d’une amie professeur au lycée des jeunes filles de Yamoussoukro, Mlle Fourmie qui me présente sa copine Mme Kablan née Aminata Diop, elle est actuellement une des pontes du PDCI-RDA. Elle m’explique sa volonté de voir le président Houphouët qui selon elle, était un ami à son père défunt. Elle voulait lui expliquer des problèmes liés à la résidence de son père à Tiassalé qui ne trouvaient pas de solutions, même au tribunal. J’ai parlé au capitaine Oumar Ndaw, aide de camp devenu par la suite général avant son décès. Au même moment, apparait Houphouët. Nous étions dans la cour près de son appartement appelé à l’époque ’’la plantation’’. Quand il m’a vu, il m’a appelé, j’étais en compagnie de Aminata Diop. Il me dit : «Eh solo, mais tu n’es jamais seul. Quel est ton problème ?» Je lui présente Aminata qui voulait le voir. Il retourne avec elle dans son salon, sort sa carte de visite sur laquelle il écrit le numéro de sa ligne directe et lui dit : une fois arrivée à Abidjan, appelez-moi, je vous reçois. Savez-vous comment ça s’est passé après ? Aminata à Abidjan a égaré la carte de visite. Elle m’a revu plusieurs années après pour la ramener, mais les données avaient changé, je n’étais plus à Yamoussoukro.

Vous êtes connu comme le plus grand spécialiste agricole du monde des médias ivoirien. D’où tirez-vous cet amour pour la terre et la bonne connaissance de ce secteur?
Ça n’a pas été facile, je le confesse. Les problèmes agricoles sont des questions tellement ardues qu’il faut plus que l’amour pour les maitriser. Il faut en effet beaucoup d’engagement, de détermination, de patience et d’encouragement pour espérer en tirer quelque chose en tant que journaliste. Je dois avouer que, c’est en côtoyant le Président Félix Houphouët-Boigny, que j’ai appris à aimer la terre. Voici un homme à qui rien ne manque, mais qui une fois à Yamoussoukro, passait le plus clair de son temps dans les champs. A Tombakro sur la route de Bouaflé où il y a des exploitations de cacao et un peu de café à Kpankpassou à l’emplacement de l’actuel hôtel du parlement ; à Guiglo non loin de la villa des hôtes ou encore à la rizière de petit Bouaké non loin de la Basilique. Quelque fois, s’il lui arrivait de fouler le sol de Yamoussoukro vers 18h-19h, il se dirigeait immédiatement vers l’un de ces lieux précités, et c’est sous l’éclairage de ses véhicules qu’il visitait ses plans. Pour contourner les caprices de la pluviométrie parce qu’il faut savoir que Yamoussoukro est une zone située entre la forêt et la savane, une bonne partie de ses plantations était irriguée. Même cela renforce les productivités des arbres, il va sans dire que de telle installation obère les revenus attendus. Vu que Houphouët a aussi privilégié la redistribution de ses revenus agricoles en embauchant souvent plus qu’il n’en faut de main d’œuvre. Visiblement, ce n’était donc pas tant pour de l’argent qu’il le faisait. Plus tard, il nous confira aux détours d’une visite, qu’en fait son ambition était de faire de Yamoussoukro un véritable laboratoire agricole que des étudiants, étrangers et autres visiteurs de passage se passionneraient à découvrir. Quand on sait que pour l’accompagner dans ce vaste programme agricole, il avait fortement encouragé tous les Ivoiriens et surtout les cadres nantis de moyens de se doter d’un minimum d’exploitation agricole. De cette façon, il comptait ennoblir le métier de la terre de sorte que malgré sa pénibilité les nombreux jeunes que comptait le pays ne s’en détournent. A travers les coupes nationales du progrès, il récompensait chaque année les meilleurs agriculteurs du pays qu’il recevait à l’occasion à sa table. Cela lui a permis d’asseoir une solide politique agricole qui a valu plein de lauriers à la Côte d’ Ivoire. C’est donc au contact de tout ça, que j’ai été piqué par le virus. J’ai appris à connaître la plupart des producteurs et à traduire dans des écrits, leurs préoccupations quotidiennes que je publiais. En France, j’ai pris des cours sur les questions des bourses des matières premières au centre national des arts et métiers à côtés de ma formation à l’UFR de Paris II. Mais, l’essentiel de ces choses se trouvent dans la lecture, les contacts avec humilité, les séminaires, les visites de terrain. Dans mon cas, grâce aux responsables de la CAISTAB de l’époque, j’ai pu bénéficier d’un stage sur les places boursières de Londres, New York et Paris. Comme vous pouvez le voir ça été laborieux, ça a payé au finish.

Mais Yamoussoukro, laboratoire agricole de Côte d’Ivoire, la mayonnaise ne semble pas avoir pris ?

Vous êtes jeunes ! Vous ne pouvez pas savoir que l’évolution agricole de cette ville impact sur la politique agricole globale de ce pays. Je voudrais préciser qu’à la suite de l’expérience d’Houphouët, la SATMACI y a lancé, notamment dans la zone du village de Zatta, un programme caféier appelé programme agro-industriel robusta, en d’autres termes le PAIR. Ça a permis à l’Etat de résorber, un tant soit peu, le chômage. Mais pour des raisons que j’ignore, le projet a fait long feu. Il y avait aussi un autre strictement consacré au développement du riz appelé OIRY piloté par l’actuel président du Conseil Economique et social Zadi Késsi. Ce projet comme l’autre, a connu aussi une brève longévité. Mais ces échecs si on peut les appeler ainsi, ont permis de corriger les programmes d’envergures conçus par le gouvernement pour d’autres régions du pays.

Qu’est devenue Yamoussoukro en tant que laboratoire agricole ?

Je crois savoir que KpanKpassou, Petit Bouaké, Guiglo ont tous été dévorés par l’urbanisation. Seul reste Tomboukro, mais en déconfiture. Quand j’étais à Yamoussoukro, j’ai entrepris une vaste enquête sur toutes ses réalisations sous la conduite d’un responsable de plantation appelé ingénieur Kouakou. Quand j’ai fini, j’ai envoyé mes papiers à Houphouët pour appréciation. Mes textes ont fait au moins une semaine avec lui. Un jour, il me fit appeler pour me dire : ‘’ votre travail est bien fait, mais ne le publiez pas sinon on dira que Houphouët a arraché toutes les terres aux populations de Yamoussoukro et les a laissées dans le dénuement total’’. Ces textes seront publiés longtemps plus tard dans un numéro spécial de Fraternité Matin, mais profondément édulcorés.

On nous a dit qu’il aimait vous lire ?

Revenu à Abidjan, je suis parti de l’AIP pour Fraternité Matin. J’ai fait un stage à Dakar au CESTI et je suis parti pour l’IFP à Paris où j’ai appris un peu plus le métier de journalisme et l’économie. C’est vrai, avant cela je m’étais spécialisé dans les infos agricoles suite à mon stage de Dakar. A mon retour, j’ai bien maitrisé les aspects économiques de ce secteur. Houphouët aimait beaucoup lire Fraternité Matin. Tenez, un jour il a appelé Miremont alors DG et lui dit : «faites attention aux différentes rubriques de votre journal. Je viens de voir les 7 erreurs d’aujourd’hui que j’avais vues la semaine dernière». Il lisait donc tout. Et il était surtout préoccupé par tout ce que j’écrivais sur le cacao et le café. Il aimait bien m’expliquer sa vision des problèmes de ce secteur et tenait à ce que j’en tienne compte dans mes écrits. Chaque fois qu’il recevait des personnalités extérieures du monde du café-cacao, Wognin faisait sortir les journalistes et me retenait près de lui. J’avais donc fini par connaître parfaitement l’homme et sa politique de défense du marché international. Sur ça aussi, il y a beaucoup à dire et ce n’est pas au détour d’une interview qu’on peut le faire. Avant son départ pour la France d’où il n’est pas revenu vivant, il m’a reçu un jour et m’a demandé si j’avais lu le livre intitulé ‘’La guerre du cacao’’ écrit par Corine Moutou et Stephen Smith. J’ai répondu par l’affirmative. Il m’a demandé si je pouvais leur répondre, là aussi j’ai répondu par l’affirmative. Bien entendu, j’entendais solliciter le concours de mon ami et frère Ibrahim Sy Savané, lui aussi économiste pour écrire ce livre ensemble. Malheureusement, il m’a dit : «bon trouve un blanc, vous allez le faire ensemble. Je vais me soigner à mon retour, on vous donnera les moyens pour le faire». Et séance tenante, il a dit à Abdoulaye Diallo : «donne un peu d’argent à Hien Solo et à notre retour, il fera ce dont on a parlé hier». Quelques semaines après son départ, j’ai reçu un soir un appel de Abdoulaye Diallo pour me dire que ça se passait bien pour le Vieux et que bientôt ils rentreraient. Hélas, l’irréparable s’est produit qui a changé le cours de l’histoire.

Vous êtes à Fraternité Matin jusqu’à une date récente où on vous a vu très proche du président Ouattara. Pendant les années de braise, vous avez sillonné les rédactions, soit pour rétablir, selon vous des vérités soit pour solliciter, la clémence de journalistes en faveur de M. Ouattara. Et pourtant, rien ne montrait qu’il pouvait être quelqu’un de plus important un jour…
En fait, j’ai été le petit du commissaire Idrissa Toé. Nous avons fait beaucoup de choses ensemble. C’est lui qui m’a présenté à ADO alors président du comité interministériel de relance économique. Quand celui-ci a quitté la primature en 1993, il avait un peu plus de temps pour ses amis et frères et je ne me privais pas de lui rendre visite pour échanger avec lui. Quand il est parti au FMI, j’ai continué de jouir de l’honneur qu’il me faisait en me recevant ici ou là-bas, en m’appelant. J’ai fini par être aussi très proche de son frère Ibrahim Ouattara et de certains autres collaborateurs. Quand il a quitté le Fonds pour rentrer, puis pour s’exiler en France, j’étais toujours à ses côtés. Très tôt, il a été victime d’un certain ostracisme des hommes politiques de ce moment et nous-mêmes d’une certaine manière avions subi le même sort. Et quand des hommes et des femmes ont décidé d’en faire leur leader politique, nous y avons cru et chacun a apporté sa contribution à l’aboutissement de cet objectif.

Vous êtes donc un Alassaniste bon teint avant la naissance du RDR. Aujourd’hui que votre lutte a abouti, que devenez-vous ?

D’abord, j’ai été très heureux avec tous ceux avec qui nous avons agi ensemble pour l’avènement de Ouattara à la magistrature suprême. J’ai été et je pense que je demeure le jeune frère sur qui, il comptait. Je ne suis certainement pas le seul dans cette posture actuelle. Je sais que l’œuvre qui est la sienne est immense et je pense que mon heure arrivera. Pour l’instant, chacun de nous doit faire en sorte que le pays s’en sorte bien au plan sécuritaire et de la paix. Le reste arrivera.

Mais ne pensez-vous pas avoir tout de même été floué ?

Par qui ? Non ! Ce n’est pas cela à mon sens. Peut-être qu’on ne me voit pas. Mais moi, j’ai été Alassaniste avant la naissance du RDR. Cela m’a même valu beaucoup de déboires dont je traine actuellement des effets. Quand Ouattara a été élu, la semaine qui a suivi, tous ceux qui connaissent mes relations avec lui, n’ont pas cessé de m’appeler. Dès qu’ils ont vu que je n’ai rien eu, ils ont tous arrêté de m’appeler. Même quand je les appelle, ils ne me prennent pas. Je crois qu’humblement, je connais le président ADO. Ce qu’il fait en ce moment pour le pays est grand. Il lui faut un soutien sans faille de tous les Ivoiriens. Un soutien à travers le travail bien fait ; dans la paix des uns et des autres. Loin des égoïsmes, des suspicions et des idées à courte vue. Houphouët est une école. Ne faisons pas que de le citer, inspirons-nous de lui, dans le pardon, l’amour du prochain et le don de soi. Autant de choses qui l’ont rendu immortel après, tout de même 20 ans après sa disparition. C’est possible.

Avez-vous cherché à rencontrer le président Ouattara ?

Ce n’est pas le plus facile cher ami. Mais le président ne m’a pas oublié. Je le sais…

Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur l’Ebony 2012 ?

Je suis content pour les nominés. Je félicite particulièrement Gnéproust de Fraternité Matin, Bakayoko de Nord-Sud, Yelly de l’Expression et tous les autres lauréats. Ce genre de compétition devait permettre de gommer le journalisme clientéliste qui a court en ce moment et qui consiste à occulter les faits au profit de l’opinion. Nous vivons ce que j’appelle la tyrannie de la plume qui contribue à élargir le fossé entre les fils et les filles de ce pays plutôt que de les rassembler. On dit souvent que les mauvais exemples sont plus faciles à imiter que les exemples vertueux. Départissons-nous donc des mauvais exemples et je pense que Ebony est un vecteur essentiel qui peut avoir la valeur symbolique qui inspire.

Et que diriez-vous de la libéralisation de l’audiovisuel qui tarde à prendre forme ?

C’est une question que M. Sy Savané, alors ministre de la communication avait anticipée. Quand on l’a nommé à la HACA, il n’a fait qu’actualiser le projet et l’adapter aux changements qui interviennent rapidement dans ce secteur. Il faut savoir que Sy Savané connaît parfaitement bien ces questions. C’est un spécialiste international très écouté dans le monde des médias et des NTIC. Selon une confidence qui m’a été faite au ministère de la communication, il s’est trouvé des gens, je ne sais à quel maillon de la chaîne de décisions, qui pour aucune raison sérieuse ont fait du zèle en retardant des décisions qui auraient dû permettre au projet d’être opérationnel depuis longtemps. Mais je pense que ça ne devrait plus tarder à se mettre en place dans le contexte actuel. Mieux vaut que ça se passe dans un climat où l’intérêt supérieur prime et non où chacun cherche à tirer la couverture sur soi. La politique de libéralisation de l’espace audiovisuel est une affaire trop sérieuse mais réglée. La volonté politique déjà exprimée par le président Ouattara sera traduite en décision effective bientôt. Cela ne fait l’ombre d’aucun doute. Mais le président Sy Savané est bien placé pour vous fournir un meilleur éclairage sur la question.

Entretien réalisé par Dosso Villard
L’Intelligent d’Abidjan

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