Publié le17 décembre 2012 LINFODROME.COM source: L’inter
Les assaillants reviennent à la charge, après un peu plus de deux mois d’accalmie. Un commando fortement armé de fusils d’assaut et composé de cinq personnes, a attaqué pour la seconde fois, le poste d’observation d’Ery-Makouguié, situé à deux kilomètres au Sud d’Agboville.
Deux éléments des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) ont été tués. Il s’agit de Soro Nalorgo Idrissa et de Bayo Vamori. Un civil, répondant au nom de Ndja Konan Adon Georges et âgé de 24 ans, recruté par le Bnetd (Bureau national d’études techniques de développement), pour mener une enquête sur la fluidité routière dans le département d’Agboville, a été grièvement blessé à la colonne vertébrale. « A 7H, j’ai reçu des balles dans mon dos, venant du cimetière à dix mètres de moi », a expliqué le malheureux que nous avons trouvé étendu à même le sol dans une marre de sang et en plein soins, au CHR d’Agboville. Dans l’après-midi vers 17H, nous avons appris que le blessé dont la situation était jugée critique, a été évacué dans un centre hospitalier d’Abidjan.
A 8H15, nous nous rendons au corridor d’Ery-Makouguié, où le Commissaire de police, le responsable local des FRCI, le Commandant de Brigade (CB) de la gendarmerie d’Agboville échangent, en présence du préfet de région, Digbé Bako Privat. « Ils étaient cinq individus, postés dans ces maisons-tombeaux que vous apercevez là-bas, dans le cimetière du village », témoigne un caporal qui a vécu les faits.
Le poste d’observation se situe, en effet, en face du cimetière d’Ery-Makouguié. D’immenses tombes ou caveaux plombent la vue des passants. Dans les herbes en bordure de la voie principale menant à Abidjan et traversant le village, de grandes tâches de sang démontrent la violence des combats. « Nous n’accepterons plus que nos commandants nous retiennent. Cette fois, nous irons jusqu’au bout », hurle un autre élément FRCI que l’on dit proche de l’un des tués. Il pointe du doigt le village, qu’il accuse de collusion avec « l’ennemi ».
Selon lui, les funérailles d’un défunt organisé toute la nuit a laissé libre court aux assaillants d’entreposer le matériel et d’attaquer le matin. Tous les FRCI interrogés sur les lieux du drame, se disent convaincus que les agresseurs ont bénéficié de complicité dans le village.
Rappelons que la dernière attaque à Ery-Makouguié, en date du 08 août 2012, était partie d’une concession jouxtant le poste d’observation. Mais pour l’adjudant-chef Gueu Tiémoko, Commandant de la Brigade de gendarmerie d’Agboville, il faut être concret. Il annonce ce qui peut être considéré comme une bonne nouvelle. « Mon gouverneur, on vient de repérer le véhicule 4×4 du Bnetd abandonné par les assaillants », annonce-t-il en s’adressant au préfet.
Aussitôt, plusieurs voitures démarrent en trombe en direction du village de Grand-Yapo, situé à 14 km plus loin. Commence alors le ratissage dans cette zone. Un quart d’heure plus tard, un 4×4 suivi de deux véhicules militaires, s’arrête au corridor. « Houra, Houra, c’est Jah Gao (le nouveau Commandant en second du camp d’Akouédo, ndlr) », jubilent les FRCI sur place. L’ancien Commandant du Groupement tactique 9, basé à Abobo, donne aussitôt des instructions. Nous laissons les militaires entre eux et quittons les lieux.
Tirs nourris, la veille, dans un autre village d’Agboville
Déjà la veille, c’est-à-dire le samedi 15 décembre, tôt le matin, nous apprenons qu’il y eu des échanges de tirs nourris dans un autre village situé au nord d’Agboville.
A Cacaotou, bourgade carrefour située à 12 km du village de Kopa, lui-même distant de 56 km d’Agboville, sur l’axe Agboville-Abengourou, un autre commando d’une dizaine d’assaillants avait attaqué le poste mixte composé de FRCI et de Gendarmes ce samedi vers 5h00 du matin. Selon les premières informations qui nous sont parvenues, on dénombrait un blessé parmi les agresseurs. Plusieurs témoignages concordants indiquent que les assaillants sont repartis du côté de la forêt d’Afféry, d’où ils seraient venus. Mais hier dimanche 16 décembre, nous avons été alertés dans l’après-midi par des sources en provenance de Kopa, qu’il y a eu un véritable carnage au carrefour de Cacaotou.
En effet, nos informateurs faisaient état de sept (07) FRCI tués à ce barrage. Nous avons tenté de recouper ces informations auprès d’autres sources, dont le chef de Gbotto, village situé à une demi-douzaine de kilomètres à l’intersection de Kopa et de Cacaotou. Nanan Mosso Brou Félix a confirmé les échanges de tirs à la kalachnikov, qui auraient duré un quart d’heure, mais il a démenti pour les corps habillés tués. « Il n’y a eu aucun mort ni blessé dans les rangs des FRCI et de la population. Tout simplement, les deux gendarmes qui montaient la garde avec les militaires ont disparu dans la broussaille environnante», a confié le chef. Nanan Mosso Brou a d’ailleurs élevé une vive protestation contre tous ceux qui mènent ces attaques à Agboville, dans le seul but de livrer le peuple Abbey à la vindicte et aux représailles des FRCI. « Si nous surprenons les gens qui sont derrière ces attaques, nous allons les dénoncer », a averti le chef de Gbotto. Notons que deux individus dont un gendarme, ont été interpellés à un barrage à Agboville. L’on reproche au gendarme qui est officiellement en permission pour Gagnoa, de ne pas tenir un langage cohérent avec son frère qui l’accompagne.
Jean-Yves BOKA
Correspondance Particulière
Réaction du chef des chefs d’Agboville
Nanan Edi Ngbesso, chef du village d’Ery-Makouguié : « Nous condamnons cette énième attaque »
Nanan Edi Ngbesso Louis, président du Collectif des chefs de tous les villages d’Agboville, et chef du village d’Ery-Makouguié 1, se dit désabusé. La tête couronnée que nous avons trouvée sur place, a jugé la situation « déplorable ». Il estime que ces actes sont « criminels », car cela tire Agboville vers le bas. « Nous avons pris des engagements vis-à-vis de l’État, et des individus nous font mentir », s’est indigné Nanan Edi Ngbesso. « Comment 24H après le passage du ministre (de l’Intérieur Hamed Bakayoko à Agboville), il y a des attaques depuis Ery-Makouguié ?», s’est interrogé le chef des chefs, très remonté. « Tout Agboville et la chefferie du département déplorent et condamnent cette énième attaque », a-t-il ajouté.
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