Soro depuis New-York: « Quand on veut la réconciliation, l’obligation est partagée »

Grâce présidentielle, amnistie, Retour des exilés, Pardon, réconciliation nationale. A l’issue de la rencontre qu’il a eue avec la diaspora ivoirienne de New-York, le samedi 08 décembre 2012, le Président de l’Assemblée nationale, Guillaume Kigbafori Soro, a souhaité, à travers des questions–réponses, toucher au plus près les préoccupations de ses concitoyens New-Yorkais. C’est dans une atmosphère de courtoisie et de franchise que les échanges se sont déroulés. Ci–dessous le ‘’film’’ raconté de cette rencontre.

M. Zémon, le premier à intervenir a souhaité savoir comment le discours du Président Guillaume Soro serait-il crédible quand il assiste malheureusement en Côte d’Ivoire à une justice des vainqueurs.

« Est-ce qu’il ne serait pas possible de gracier les gens qui sont dans l’opposition pour booster la réconciliation ? Ce serait un signal fort ! »
« On ne peut pas non plus en Côte d’Ivoire vouloir la justice des vaincus et tenir le verbe haut. Quand on veut le pardon, quand on veut la grâce, il y a un comportement à avoir »(GKS)

Guillaume Soro : M. Zémon, mon ami de Port-Bouet m’a-t-il dit. C’est que, quand j’étais à Port-Bouet quand nous étions étudiants, ma première chambre était à la cité de Port-Bouet 3. Ensuite, j’ai été à la Cité universitaire de Vridi. Et c’est sûr que cette commune-là m’est vraiment connue et m’est aussi chère. Alors vous avez parlé de la question de la réconciliation. Vous avez dit comment est-il possible que mon discours sur la réconciliation soit crédible quand en Côte d’Ivoire, on assiste à la justice des vainqueurs. Bon j’entends ce mot – là, justice des vainqueurs, justice des vainqueurs, mais honnêtement, je ne sais pas ce que ça veut dire parce que je ne sais pas qu’il ya une justice de vaincu (applaudissements). Maintenant, si dans un Etat, un pays où on a appliqué une justice des vaincus, donnez-moi le nom pour que je m’y rende pour apprendre comment on applique la justice des vaincus (applaudissements). Mais ce que je veux dire, au-delà de l’anecdote, au-delà de la caricature, je veux vous dire justement que quand on veut le dialogue direct, quand on veut la paix, quand on veut la réconciliation, l’obligation est partagée. Oui même quand on est chrétien comme je le suis, quand on veut le pardon, quand on veut la grâce, on va d’abord devant le prêtre, on se met en genou, on fait la confession et on demande pardon. Le Prêtre vous écoute faire votre confession et quand il a fini de vous écouter, au nom de Dieu, il vous absous, il vous accorde le pardon. Mais on ne peut pas non plus en Côte d’Ivoire vouloir la justice des vaincus et tenir le verbe haut. Quand on veut le pardon, quand on veut la grâce, il y a un comportement à avoir (applaudissements). Quand on veut la réconciliation…, parce que très peu de personnes dans cette salle m’apprendront l’opposition. J’ai été dans l’opposition, j’ai souffert dans l’opposition, je suis allé en prison, j’ai eu des pistolets sur ma tempe, j’ai été emprisonné pendant des mois et des mois au secret à la DST. Donc très peu peuvent me dire ce que c’est que l’opposition un pays qui vit sans opposition. J’ai fait l’opposition, on est venu au pouvoir, vous qui parliez, vous allez faire l’expérience de l’opposition maintenant. L’expérience de cette opposition que vous allez faire, si vous savez gérer l’opposition mais vous allez réussir. J’ai dit à certains responsables du FPI, ‘’que si j’étais à la direction du FPI, aujourd’hui tous ceux qui sont arrêtés seraient libérés parce qu’il s’agit de savoir s’y prendre. Pourquoi moi qui étais à Bouaké avec peu de moyens, peu de capacité, ai-je pu ? Parce qu’au début du 19 Septembre 2002, qu’est-ce qu’on ne disait pas ? On disait ‘’ah oui la rébellion, c’est des mécaniciens, c’est des menuisiers dirigés par un étudiant qui n’a pas fini ses études’’. Nous avons transformé cette rébellion en force et ne mouvement politique. Mais on ne s’est pas arrêté là, on l’a transformé en force de gouvernement. On a poursuivi en la transformant en force capable de diriger un Etat. Et c’est cette rébellion qui a fait la Primature, qui a donné des élections démocratiques à la Côte d’Ivoire (applaudissements nourris). ‘’Ce sont les menuisiers d’hier, ce sont les mécaniciens d’hier, ce sont les gens qui n’ont pas fini leurs études qui ont dirigé la Côte d’Ivoire et qui ont fait les élections’’ (applaudissements). Donc moi je suis d’accord que, de toute façon la réconciliation s’impose en Côte d’Ivoire. De toute façon, il faudra qu’un jour ou l’autre, qu’il y ait une grâce en Côte d’Ivoire mais tant que vous n’aurez pas adopté en Côte d’Ivoire, le chemin qu’il faut emprunter pour aller à la grâce, vous ne l’y rencontrerai pas. Mais pour aller à la grâce, il faut intégrer la dynamique politique. Si le FPI avait accepté de rentrer au gouvernement, s’ils avaient accepté d’aller aux élections législatives, s’ils avaient accepté d’intégrer le dialogue politique pour la réconciliation, on n’en serait pas là.

Si moi, en 2007, j’avais refusé le dialogue direct, on ne serait pas assis-là, si moi, j’avais dit ‘’préalables’’, avant qu’on discute, il faut qu’on libère en prison, à la Maca, je ne serais jamais allé au dialogue direct. Parce que j’avais des gens qui étaient en prison. Mon chef de sécurité était en prison à Abidjan. Pour aller au dialogue je vous ai dit, il faut être courageux. Parce que certains ne veulent pas emprunter ce chemin parce qu’on va dire ‘’ah, Gbagbo est à la Haye et vous rentrer dans le gouvernement, c’est que vous avez trahi’’. On peut rentrer dans le gouvernement, discuté, participer aux élections législatives, intégrer le processus politique. C’est ça qui va apaiser la Côte d’Ivoire, c’est ça même qui va nous permettre ensemble de chercher les voies et moyens de la vraie réconciliation. Mais comme on a peur de dire qu’on a trahi… mais si un militant courageux du FPI se lève pour dire un jour ‘’nous sommes un parti politique et un parti politique c’est d’intégrer la vie politique nationale, c’est vrai, on a des amis, on a notre leader qui est en prison, mais nous continuons la marche parce que nous continuons de garder l’espoir qu’un jour il sera libéré, s’ils ont le courage de le dire, d’aller de l’avant, les choses vont se détendre. Mais… De toute façon, ne l’oubliez pas, le Président de l’a dit, ne l’oubliez pas, la justice ira jusqu’à son terme. Tant que la justice n’est pas allée à son terme, le Président de la République ne peut pas avoir l’initiative d’une loi d’amnistie. Il ne peut pas gracier et je ne suis pas en train d’inventer quelque chose. En 1993, nous étions en prison, il ya eu une loi d’amnistie déjà pour Gbagbo à l’époque mais la justice était allé jusqu’à son terme. Et le président a pu avoir l’initiative. Donc moi, je dis aux ivoiriens que la réconciliation est possible. Autant le pouvoir que nous constituons aujourd’hui, nous avons l’obligation, l’impératif de faire la réconciliation, autant l’opposition doit montrer beaucoup de responsabilités à venir à cette réconciliation (applaudissements). Et c’est comme ça qu’elle sera vraie en Côte d’Ivoire. En tout cas, c’est ce que j’ai expérimenté quand j’étais à Bouaké avec le dialogue direct, j’ai tout bravé, je me suis levé, je n’ai pas posé de préalable, je n’ai pas dit ‘’libérez mes amis ‘’, je n’ai pas dit ‘’donnez-moi ça’’, je suis venu au dialogue direct, mes partisans étaient contre, ils ont même montré leur opposition. Certains ont même tiré sur mon avion, d’autres m’ont attaqué. S’ j’étais mort ce jour-là, on aurait dit ‘’ Guillaume était en train de trahir qu’il a été tué dans son avion’’. Et mes enfants, de générations en générations auraient été vus comme des traites. Mais Dieu merci, je suis vivant. Mais pour faire la réconciliation, il faut être courageux, il faut accepter de prendre de tels coups et d’avancer. C’est au prix de cet engagement qu’on fait la réconciliation. Donc en résumé, la justice des vainqueurs, c’est un slogan, la justice des vaincus, montrez-la moi, et puis la grâce elle est possible, la loi d’amnistie, elle est possible, pourvu que chacun y mette du sien.

M. NDA Pascal : En tant qu’ivoirien nous aimons vraiment notre pays. Nous l’aimons plus que quiconque, c’est pour cela que nous voulons que chaque acteur mette la main à la pâte pour que la réconciliation soit totale. Pour qu’elle soit totale, dans vos propos tout à l’heure, vous avez parlé de la vraie démocratie. Je vais donner un exemple très simple pour finir ma question. J’ai des amis qui ont fait des études sérieuses en France, aux Etats-Unis, en Angleterre. Ils ont fait de bons diplômes et ils ont été appelés en Côte d’Ivoire. Ceux-ci y travaillaient même depuis le temps d’Houphouët. Certains sont rentrés en 90, d’autres en 99. Ces gens ont travaillé dans les gouvernements respectifs, du Président Houphouët en passant par Bédié jusqu’à Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, tous ces gars-là sont en exil. Mon grand frère qui me précède et qui a fait ses études à Paris est professeur à l’Université de Côte d’Ivoire, aujourd’hui il est en exil, il est au Ghana. Je souffre, je tiens seul la famille en Côte d’Ivoire. Comment réussir une réconciliation pendant que ces gens qui ont travaillé successivement sous les différents régimes sont en exil. Comment pourrons-nous arriver à reconstruire une réconciliation durable ?

En tant que Président, que mettez-vous en place pour que ces exilés, soit politique, car il ya des exilés qui ont la peur dans le ventre, qui ne sont pas politiques mais qui sont quelque part et qui se disent, si je rentre en Côte d’Ivoire, je n’ai rien à manger, je vais mourir ou bien on va m’attraper pour me mettre en prison. Quelle idée avez-vous pour remédier à cela ?

Guillaume Soro : Donnez-moi le nom de votre frère qui est en exil au Ghana pour qu’il rentre avec moi. Dites son nom c’est qui ? Je veux savoir son nom.
M. NDA Pascal : Je peux donner son nom mais je souhaite que ce soit dans la plus grande discrétion pour éviter d’autres problèmes.

« Lorsque j’étais ministre de la défense, j’ai appelé le ministre de la Justice, j’ai dit ‘’ Djê Bi Poin est un officier supérieur, je suis ministre de la défense, vous ne pouvez pas l’emmener à la Maca, je demande que vous le sortiez de la Maca. On a libéré Djê Bi Poin, il est à Abidjan. » (GKS)

Guillaume Soro : Donc voyez-moi après, il va rentrer avec moi à Abidjan(…) M. Nda Pascal, il dit que son frère est en exil. Je pense que j’ai résolu son problème, son frère rentrera avec moi. M. N’da Pascal a dit que ses frères sont en exil, moi aussi j’ai été en exil. La difficulté avec moi, c’est que j’ai vécu tout ça (Rires). J’ai vécu l’exil, j’ai vécu l’opposition, j’ai vécu la prison, que sais-je encore ? Donc ceux qui sont en exil, qu’ils rentrent au pays. Il ya de grands noms d’exilés qui sont rentrés au pays. Quand j’étais encore Premier ministre, ministre de la défense, je suis allé moi-même au Ghana, j’ai envoyé le ministre délégué, Paul Koffi Koffi au Ghana pour discuter avec les militaires. Un pouvoir, un régime, il craint qui plus que qui ? Il craint d’abord les militaires. On est allé au Ghana. Qui sont ceux que nous avons fait rentrer en Côte d’Ivoire ? Le Colonel Boniface, qui pourtant est réputé étant un soldat intrépide, valeureux que je respecte et que j’aime beaucoup. On aurait pu avoir peur et se dire ‘’si Boniface rentre, ce serait un danger pour nous’’. Boniface est rentré, avez-vous un jour entendu qu’un cheveu du colonel Boniface Konan a été touché ? (Non! répond en chœur la foule), mais arrêtons! Le General Mangou Philippe avec qui nous avons échangé des mots vifs pendant la crise, qui ne s’en souvient pas ? Mais le Gal Mangou Philippe, on en a fait un ambassadeur (applaudissements). Donc, quand même, mettons un peu de bonne foi la dedans. Le Général Kassaraté Tiapé que je connais, j’ai fait l’opposition avec le Gal Kassaraté Tiapé, je le dis à ce micro, écrivez-le ! Quand j’étais à la tête de la Fesci, lui et moi, nous avions des cachettes à Yopougon où nous dormions, Le Gal Kassaraté Tiapé Edouard, à la tête de la gendarmerie, nous en avons fait un ambassadeur. Pourquoi d’autres vont dire qu’ils ont peur de rentrer. En plus des civils. Je peux encore en citer davantage des militaires qui sont rentrés. Un certain Oulaï, Zouin honoré, nous sommes allés les chercher, les faire rentrer, avez-vous entendu qu’ils ont été jugés ? De grâce ! Mais mieux, le Général Djê Bi Poin, j’étais ministre de la défense, j’étais en voyage justement quand le procureur a interpellé Djê Bi Poin pour l’envoyer à la Maca (Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan). Quand je suis rentré à Abidjan, j’ai appelé le ministre de la Justice, j’ai dit ‘’ Djê Bi Poin est un officier supérieur, je suis ministre de la défense, vous ne pouvez pas l’emmener à la Maca, je demande que vous le sortiez de la Maca (applaudissements). Vous pouvez écrire, et, celui qui a son numéro, qu’il l’appelle pour vérifier. On a libéré Djê Bi Poin, il est à Abidjan. Mais enfin, on me dira et on m’enseignera sur ces choses-là, les militaires, on les a libérés. Celui qui a fui pour aller au Libéria, Abéhi. Mais Abéhi est venu au Bureau, Abéhi est de ma promotion. J’ai dit à Abehi ‘’nous n’avons aucun problème, va à Agban et reste avec tes hommes’’. Et Après, j’apprends qu’il a fui, il est allé au Ghana. J’ai dit ‘’tu vois, tu vas te créer des problèmes ‘’ (rires). Parce que l’exil-là, les premiers jours, on est content. Quelques semaines après, quand il faut envoyer les enfants à l’école, payer le loyer de deux (2) maisons, une en Côte d’Ivoire, une de l’autre côté, ça devient dur, il serait resté à Agban, on l’aurait affecté dans une unité ou autre chose. Il s’est mis dans la tête qu’on veut le tuer mais tu es venu dans mon bureau mais je t’attrape ! Tu es venu dans mon bureau mais je fais quoi ? (rires et applaudissements). Il est venu avec Banny, si je dis ‘’attrapez-le’’ mais on l’attrape. Je lui ai dit ‘’vas-y’’, il est allé faire des trucs inutiles. Je dis encore à ce micro aux exilés de rentrer. Si tu ne te reproches rien pourquoi rester en exil et avoir faim tous les jours. (Rires). Et ils n’ont pas le droit d’infliger autant de souffrances à leurs enfants, à leurs femmes, à leurs familles, rentrez! Aujourd’hui, le monde a changé, il ya Internet, il ya twitter, on ne peut rien faire à quelqu’un. S’ils ne se reprochent rien, qu’ils rentrent maintenant, s’ils se reprochent quelque chose, en ce moment-là, qu’on nous saisisse pour voir comment on discute, comment on négocie. Mais tu t’en vas t’asseoir toi-même volontairement là-bas et tu dis ‘’oui, je suis en exil, il n’ya pas de réconciliation. Sérieusement, qu’ils viennent, les militaires sont rentrés. Konan est là-bas, il a son salaire et il mange normalement. Delafosse mange normalement, Zouin, je l’ai reçu récemment à mon bureau en tant que Président de l’Assemblée nationale, si tous ceux-là sont au pays, pourquoi un civil va aller s’asseoir au Ghana pour dire ‘’oui je suis en exil’’(Rires). Même des civils sont rentrés, récemment. Le journaliste Amos Béonaho, il est rentré, mais avant lui, les Appia, les Mel Théodore, Gervais Coulibaly, porte-parole de Laurent Gbagbo et que sais-je encore, sont à Abidjan. Donc arrêtons de vouloir dénigrer, détruire l’image de marque du Président et nous faire passer pour ce que nous ne sommes pas. Parce qu’en réalité, tous ceux qui sont allés en exil et qui ont couru çà et là, si on voulait faire des règlements de compte, on a attrapé 107 personnes dans le Bunker (applaudissements). Et Gbagbo lui-même, on l’a attrapé, si on voulait faire des règlements de compte mais on l’a attrapé. Il était avec ses enfants. Donc arrêtez de nous faire croire autre chose. S’il ya des gens de bonne foi qui sont en exil, et qui pensent qu’ils peuvent leur arriver malheur en Côte d’Ivoire, aujourd’hui publiquement je pense que, devant l’ambassadeur, je leur demande de rentrer. S’ils ont peur de rentrer, je suis prêt, moi, à prendre mon avion, les mettre dedans et puis venir à Abidjan. Et puis ils vont vivre tranquillement (applaudissements).

M. Ben Fofana : M. Le Président de l’Assemblée nationale, M. l’Ambassadeur, chers députés, je voudrais d’abord saluer notre président de l’Assemblée nationale, M. Guillaume Kigbafori Soro en tant que doyen de la classe politique de New-York ? En tant que Premier président des ivoiriens à New-York, en tant que, je dirais, le chef de ceux qui ont créé la communauté ivoirienne à New-York, en tant que fondateur du RDR aux Etats-Unis et au Canada, je vous adresse nos remerciements et nos félicitations pour toutes victoires que vous réalisées, victoires que vous avez gagnées grâce à votre sens du devoir envers votre pays et grâce à votre amour pour votre pays. Grâce à votre leadership. Leadership qui nous a conduits aujourd’hui à des élections présidentielles et qui a doté la Côte d’Ivoire d’un gouvernement démocratique. (Avec des larmes aux yeux). Je suis très ému parce que les jeunes gens que vous voyez ont répondu à notre appel pour soutenir votre combat. Ils ont répondu par leur marche dans la pluie, dans la neige, au soleil, et par leurs contributions individuelles. Je vous le remercie ; Pour le groupe dont je suis le doyen qui, pendant votre bataille au sein de la résistance, ont contribué à vos actions. Et nous vous remercions de nous avoir adressé une note d’encouragement et de remerciements.
M. le Président, je salue vos initiatives envers la diaspora. Nous voulons vous dire que vous avez déjà mis les jalons pour répondre aux aspirations de la diaspora. Mais ceux qui ont soutenu vos actions hier voudront vous demander de faire davantage car beaucoup se sentent délaissés par le gouvernement en place. Beaucoup pensent que leurs actions n’ont pas été reconnues. Vous savez nous sommes aux Etats-Unis. Obama, dès son élection s’est rendu dans le bureau de ses supporters, les a félicités et a même pleuré. Nous l’avons vu. Nous avons vu le Président du Sénégal ici à New-York, il a reçu tous les sénégalais, mais il a aussi reçu ses supporters et ceux qui ont menés la bataille pour son élection. Nous souhaiterions vous rencontrer.

« Je vous assure que si vous voyez le calendrier de travail du Président de la république, il vous fera plutôt pitié que même d’avoir du ressentiment pour lui »
Guillaume Soro : M. Ben Fofana, Merci pour l’amabilité, je peux comprendre mais je pense que nous sortons de loin, nous venons de loin. Il faut donner le temps aux Président Alassane de s’occuper des urgences. Et les urgences, c’est de remettre le pays au travail (applaudissements). Je vous assure que si vous voyez le calendrier de travail du Président de la république, il vous fera plutôt pitié que même d’avoir du ressentiment pour lui. Quelquefois, je lui dis ‘’mais M. le Président, mais allégez votre calendrier de travail, vous ne pouvez pas continuer comme ça ?’’ Depuis le 11 avril 2011, je peux vous assurer que le travail a été acharné. C’était dur, nous avons trouvé un pays désagrégé. La décroissance économique tournait autour de 7% du PIB. C’est-à-dire que la Côte d’Ivoire n’était plus en mesure de payer les salaires des fonctionnaires. N’eût été la finesse, l’adresse du Président de la République, du ministre Diby que je salue, pour pouvoir payer même les fonctionnaires en Côte d’Ivoire serait difficile. Nous aurions connu le sort de certains pays en Afrique où ils ont 36 mois d’arriérés de salaire. Ce n’est pas arrivé parce que nous avons travaillé tous les jours. Moi-même en tant que Premier ministre à l’époque, on ne dormait pas ; la nuit, il fallait veiller ; le jour, il fallait aller au bureau. C’était difficile, je le dis parce que je suis témoin vivant de ce qui s’est passé au pays. C’est maintenant que nous commençons à respirer. C’est maintenant que moi-même, je peux venir à New-York. Avant, ce n’était pas possible. Et mes amis diront ‘’ah depuis Guillaume est devenu Premier ministre, il ne nous voit même plus, il est devenu grand type’’, ça n’a rien avoir. Quelquefois, vous ne savez pas comment on envie tant votre situation (applaudissements). Je le dis, parce que quand vous êtes à ces responsabilités, vous n’avez plus de vie, ni de vie privée(…) Le président et moi, nous travaillions dans une sorte d’osmose de sorte que le fait que je parte de la Primature n’était pas aisé pour lui. Je suis allé lui dire ‘’M. Le Président, vous avez un engagement électoral. Il ya des choses que je ne peux pas dire pour le moment, je les écrirai dans un livre (applaudissements). J’ai dit ‘’Monsieur le Président, je m’en vais’’ et dans la salle du Conseil des ministres, le Président était assis et je lui ai dit ‘’dans la vie d’un homme, il ya des moments où il faut décider et j’ai décidé de vous rendre ma démission. Mais ce n’est pour autant que je pars, que je ne ressens pas le poids de ce départ parce que vous me manquerez. Parce que le gouvernement me manquera. Mais M. le Président la nation est au-dessus de tout ça. C’est pour vous dire, qu’il ne vous traverse jamais dans votre esprit un sentiment d’ingratitude de la part du Président. Non, pour le moment c’est chaud. Quand le Président finira avec la chaleur, il vous accordera le temps qu’il estimera nécessaire de vous accorder. Je suis convaincu parce que c’est un homme de parole. Donc il faut que vous continuiez de garder votre sérénité. Il faut que vous continuiez de vous mobiliser.

Conclusion du PAN

« La réconciliation, c’est le dépassement de soi »

Je voudrais pour conclure, M. l’Ambassadeur, comme nous sommes tenus par le temps et que le Sénateur Perkins est là. J’espère qu’il aura retenu quelques mots de français.
Je voudrais, chers amis de New-York, mais aussi d’Atlanta, de régions et autres Etats des Etats-Unis d’Amérique venus nous écouter, vous dire toute ma gratitude. Vous remerciez très sincèrement. Je voudrais saluer particulièrement M. N’Da Pascal, M. Zémon, qui ont eu le courage d’exprimer leurs positions (applaudissements). Je l’apprécie pour la simple raison que c’est dans le débat contradictoire que jaillit le compromis. J’espère avoir donné des réponses qui peuvent aiguiser la réflexion qu’ils continueront de mener. Parce que, une réflexion, elle se poursuit toujours. La vérité en réalité est relative. Personne ne détient la vérité absolue. Donc je ne peux pas dire que j’ai eu raison de donner la réponse que j’ai donnée. Je ne peux pas dire qu’il a eu tort de poser la question telle qu’il l’a posée. Mais nous sommes à la recherche de solutions, personne ne viendra nous donner la solution pour la Côte d’Ivoire. C’est nous-mêmes qui allons trouver la solution de la réconciliation par nous-mêmes. Mais autant je veux qu’on gracie des coupables, mais autant qu’on prenne une minute pour penser à tous ceux qui sont morts, à toutes ces familles désespérées, qui quelquefois ont perdu dans cette situation absurde leur fils unique. Si on prend cette seconde pour se mettre à la place de celui qui a perdu son frère. Si on prend une seconde pour se mettre à la place de l’épouse du Colonel Dosso qui a été idiotement abattu. Si on prend une seconde pour se mettre à la place des familles qui ont vu, non pas qu’on leur a dit, mais qui ont vu sur internet leurs enfants jetés dans le feu pour être brûlés. Quand on se met une seconde à la place de ces familles, on finit par se demander le sens réel de la réconciliation. Quand on se met à la place du mari de ces femmes qui ont été tuées à Abobo, on se demande le sens de la réconciliation. Mais la réconciliation, c’est le dépassement de soi. Autant M. Zemon que moi, nous devons transcender pour nous retrouver. En Europe, la France et l’Allemagne, à plusieurs reprises, dans deux guerres mondiales mais dans deux autres petites guerres, se sont affrontés et se sont entretués mais aujourd’hui ont des relations. Pourquoi vais-je aussi loin pour trouver l’exemple ? Mais l’exemple, c’est en Afrique de l’Ouest, le Burkina et le Mali ont fait la guerre mais après on fait la paix. Donc, on ne peut pas continuer de ruminer. Donc je demande aux ivoiriens, ceux qui ont perdu des parents, il faut pardonner. Et à l’ouverture de ma session, j’ai demandé aux députés, ‘’Pardonnons, il faut pardonner’’. Parce que, si je veux vous raconter mon cas personnel, j’ai des cousins, des frères, un cousin simplement parce qu’il s’appelle Soro comme moi qui a été abattu. La famille est au village. Quand je pars au village, je sens le poids des regards sur moi et c’est moi qui m’occupe de la famille. Alors si mon cousin, lui, il a été abattu, si moi on m’avait attrapé (rires), c’est même pas abattu, on m’aurait explosé peut-être, je n’en sais rien. Donc quand on se met à la place de l’autre et qu’on pense, on voit la valeur de la Réconciliation. Et je veux qu’on regarde dans cette direction. Voilà M. l’Ambassadeur, ce que je pourrais répondre aux communautés de New-York, aux Ivoiriens des Etats-Unis de continuer de cultiver l’amitié, la fraternité, la réconciliation et saluer tous mes amis qui sont ici et vous dire que j’ai été très heureux au nom de ma délégation et de l’Assemblée nationale d’avoir été avec vous et de partager ces moments de fraternité ivoirienne, ces moments d’hospitalité.

Je vous remercie !
KONAN Louis

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