Normalisation politique en Côte d’Ivoire / Dialogue pouvoir-opposition à Dakar…Voici la vraie feuille de route du President Macky Sall
A coup sur, le President sénégalais a pour mission, au dela des contingences immédiates, d’aider a créer les conditions d’une election présidentielle apaisée en 2015.
Qu’est ce que le Fpi est prêt à lâcher ? A quelle revendication ou préalable le Fpi est-il prêt à renoncer ? De son côté, le pouvoir ivoirien est-il prêt à faire des concessions? Comment Macky Sall peut-il aider obtenir ce que le Fpi n’a pas obtenu depuis 18 mois de « résistance » et de « défiance » ? De quels moyens de pression dispose le facilitateur sénégalais ?
Macky Sall n’est pas Compaoré
Base arrière des Forces nouvelles, le Burkina Faso et Blaise Compaoré pouvaient faire pression sur Guillaume Soro et l’inciter à négocier. La même pression existait sur le régime de Laurent Gbagbo ,puisque tant que le Burkina maintenait son soutien aux Forces nouvelles, il était difficile pour l’ex president et les siens de restaurer l’intégrité du territoire national. Avec quoi le président Sénégalais tient-il le Fpi ? Quels sont ses moyens de pression sur les autorités ivoiriennes ? A dire vrai, la liberté et la tranquillité pour Abdoulaye Wade, Karim Wade et les ex-dirigeants du Pds ne peuvent peser lourds dans la balance. Autant, le Président Alassane Ouattara est d’abord soucieux des intérêts de son pays, des exigences intérieurs de justice et de lutte contre l’impunité, autant Macky Sall ne peut sacrifier la lutte contre l’enrichissement illicite, le pillage des biens de l’Etat sénégalais, aux impératifs de la réconciliation en Côte d’Ivoire.
La main de la France ?
Faut-il croire que c’est le parrain français qui est derrière le coup ? Et que par exemple, soucieux d’éviter la critique de paternalisme et des adversaires des pratiques françafricaines, François Hollande et son équipe ont préféré conseiller une voie africaine de dialogue entre les acteurs politiques ivoiriens ?Partenaire economique, financier,militaire et soutien diplomatique de premier plan de la Cote d’Ivoire, Paris peut avoir son mot a dire sur la question.
Des revendications identiques mais changement d’option
A coup sûr, même si sur le fond des revendications, le Fpi n’a encore rien lâché (libération de Laurent Gbagbo, libération des détenus en Côte d’ivoire, retour des exilés, dégel des comptes bancaires, amnistie et rééquilibrage institutionnel etc.), le fait pour un parti politique « souverainiste », qui a dit non à l’Union Africaine, à la Cedeao, a l’Uemoa et même qui a failli dire non au franc CFA et à la Bceao durant la crise, qui a également dit non à la France, d’aller à Paris (alors que le Président Ouattara est traité de préfet) puis à Dakar, est un changement radical de stratégie, qui ne peut échapper à un observateur averti. C’est pourquoi, une partie de la frange radicale du parti, a encore du mal à s’y faire. De son cote , en attendant d’en savoir davantage sur ce que le Président Alassane Ouattara acceptera de prendre comme initiative, le fait qu’il ait donné sa bénédiction à l’initiative de son homologue sénégalais, constitue déjà une grande concession.
Difficile dialogue direct et des rendez-vous manques
Pendant plusieurs semaines, le dialogue direct avait été pratiquement impossible entre le chef de l’Etat et le Fpi. Lors de la formation du gouvernement de juin 2011, c’est Guillaume Soro et non Alassane Ouattara, qui avait reçu le Fpi, en la personne de Mamadou Koulibaly à quelques 48 heures de la publication de la liste des membres du gouvernement. L’ex-parti au pouvoir avait opposé une fin de non recevoir à la demande de participer au gouvernement avec un poste non précisé . La première rencontre officielle et formelle entre le Fpi et le chef de l’Etat a eu lieu en septembre 2011, dans le cadre des discussions pour une participation du parti à l’élection législative, alors que les refondateurs souhaitaient une discussion globale. Le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur prendra ensuite le relais. Puis viennent le transfèrement de Laurent Gbagbo,et la suspension des discussions formelles, jusqu’à la nomination d’Ahoussou Jeannot, qui, à partir d’avril 2012, relancera le processus de dialogue et de concertation à Grand-Bassam. Un processus qui n’avançait pas très vite et qui sera mis à mal par les attaques d’août, septembre 2012.
Refus de la solution finale et fatale
Alors que certains pro-Ouattara invitaient ouvertement et de facon irresponsable à l’éradication du Fpi et à une guerre totale contre les partisans de l’ex-chef de l’Etat, le Président de la République, Alassane Ouattara tout en choisissant la fermeté sur le plan sécuritaire, n’a pas fermé la porte du dialogue politique, refusant d’endosser les expressions de rupture et d’affrontement évoqués par des radicaux et extrémistes de son,qui désignaient les pro-Gbagbo et les assaillants comme des terroristes.
Une concession majeure de Ouattara
Pour qui connait le souci majeur du Chef de l’Etat, de ne pas sacrifier les exigences de justice, de recherche de la vérité et de la lutte contre l’impunité, aux arrangements que peuvent imposer la réconciliation nationale et la recherche de la paix, la bienveillance accordée au dialogue amorcé à Dakar et à certaines initiatives en cours de retour des exilés, montre bien qu’Alassane Ouattara ne prêche pas faux, lorsqu’il dit haut et fort qu’il est le Président de tous les Ivoiriens ou quand il plaide pour la fraternité et la réconciliation entre les populations.
Ni trop tôt, ni trop tard
La réconciliation nationale ne doit pas se faire ni trop tôt ni trop tard, mais à temps et au bon moment. Par exemple, si on doit faire la prochaine présidentielle, sans avoir liquidé cette question, sans avoir soldé tous les contentieux, ce ne serait pas bien, ce ne serait pas au profit de la Cote d’Ivoire .
Stratégie électorale passées
Là, réside assurément le piège. Laurent Gbagbo avait fait au second tour de la présidentielle le choix d’une stratégie suicidaire. Il n’a pas voulu (ou n’a pas su) capitaliser les acquis de l’Accord Politique accords de Ouagadougou. Comme si au fond,il n’avait jamais vraiment cru a cet accord qu’il prétendait faire enseigner dans les ecoles, l’ex chef de l’Etat a fait une campagne qui divise; au lieu de faire une campagne qui rassemble. En tant que Président sortant, il a tenu un discours de guerre et de division, lui, l’artisan de Ouagadougou. A côté de lui, le Président Alassane Ouattara est apparu sage et rassembleur. Lui qu’on a accusé d’avoir endeuillé le pays, a tenu davantage un discours responsable, rassembleur et pas revanchard aux côtés d’un Laurent Gbagbo vengeur qui exaltait la préférence nationale et la question identitaire.
La crise postelectorale a perturbe les plans et volontés de rassemblement immédiats du président Alassane Ouattara.
L’après 11 avril 2011 a conduit à des débordements et dérapages et n’a pas permis au Chef de l’Etat de donner une impulsion forte et immédiate au vivre ensemble tant il est apparu urgent d’ouvrir les dossiers sales de la crise et demander des comptes,en résistant aux excès,en evitant de régler des comptes. A présent le temps n’est-il pas venu de mettre fin à cela et de solder les contentieux entre Ivoiriens, pour concentrer toutes les énergies sur les questions de développement ? Si les questions qui fâchent sont résolues, la menace de déstabilisation des institutions, les menaces sur la paix disparaîtront. L’on assistera alors à une union sacrée autour de la reconstruction et du développement, dans le sens d’un Etat de droit et du renforcement et de la consolidation de la démocratie. Certes l’adage dit qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, mais en matière de réconciliation nationale, en matière de consensus à réaliser en vue de garantir la stabilité publique et la sécurité de l’Etat, le meilleur timing reste bien ceci : ni trop tôt, ni trop tard.
La prochaine présidentielle déjà en ligne de mire
Avec en perspective la prochaine présidentielle de 2015. Une présidentielle qui peut avoir, entre autre, comme handicap, le fait qu’à cause de la crise postelectorale, l’opposition significative n’ait participé à aucun scrutin depuis la dernière présidentielle . Ainsi donc, à part les sondages d’opinions (avec leur part d’aléatoire et d’incertitudes), l’on ne disposera d’aucun baromètre indiscutable du poids électoral restant du FPI après le scrutin de novembre 2010 et a la suite des conséquences du 11 avril 2011. Ni trop tôt, ni trop tard pour éviter d’arriver à la prochaine élection présidentielle dans le conflit, dans l’incertitude et avec une absence totale de consensus.
Eviter un recul d’ambiance pre-presidentielle: la vraie mission de Macky Sall
Ce qui sera un recul, si on considère qu’avant (et malgré ) la crise née à partir des résultats, la Côte d’Ivoire était quand même allée à ces élections dans des conditions consensuelles. Si avant le 28 novembre 2010 c’était bon et ce fut plus ou moins bon, pourquoi avant la présidentielle de 2015 serait-il impossible de recréer le même consensus, le même accord minimal ? Voici en réalité la vraie feuille de route de Macky Sall : créer les conditions du retour à la réconciliation politique et nationale pour une présidentielle apaisée au terme légal du mandat du Président Alassane Ouattara. Un travail de longue qui demande dépassement de soi,et un engagement sans reserve au service de la democratie, de l’Etat de droit et d’une stabilité durable de la Cote d’Ivoire et dans la sous région.
Charles Kouassi
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Fin de l’offensive diplomatique du FPI – Miaka lundi de retour à Abidjan 3 commentaires
Après un mois d’absence, Sylvain Miaka Ouretto, le nouveau chef de fil de l’opposition ivoirienne rentre dans son pays la Côte d’Ivoire. C’est pour ce lundi 17 décembre 2012, en provenance de Dakar selon une source proche de la délégation du FPI sur place au Sénégal.
La même source indique également que les autres membres du FPI exilés au Ghana et qui avaient rejoint la délégation venue de Paris, sont quant à eux rentrés ce vendredi 14 décembre à Accra.
« Nous avons été bien reçus. Nous avons parlé avec le président sénégalais. Il nous a compris…Ce fut une très belle rencontre » a informé notre source et de poursuivre : « Nous on attend de trouver un vol pour Abidjan et cela pourrait être le lundi. Les autres du Ghana sont partis aujourd’hui ».
Qui aurait cru ? Présenté au monde entier comme les bourreaux dans la crise postélectorale et certifié par la communauté dite internationale, le FPI de Laurent Gbagbo vient de marquer un grand coup. Tant diplomatique que médiatique, les deux péchés mignons du parti bleu-blanc. Fallait y penser !
Car être reçu par les plus grandes instances politico-diplomatiques en Europe et maintenant en Afrique était impensable vu la campagne de diabolisation du clan Ouattara à travers la planète et reprise par les médias français.
Avec l’arrivée des socialistes au pouvoir en France, on peut dire que la communauté internationale qui hier refusait d’admettre la réalité, commence à s’interroger. Un début de cogitation qui ne peut qu’être profitable à l’opposition significative ivoirienne, incarnée par le Front populaire ivoirien et aujourd’hui conduite par Miaka Ouretto. Une opposition encore bien timide mais efficace au vu des résultats en si peu de temps et au moment où la Cour pénale internationale continue avec la complicité du pouvoir d’Abidjan de traquer les pro-Gbagbo. Comme pour dire que tôt ou tard, la vérité finira par avoir raison sur le mensonge.
Enfin, une réussite qui doit aussi être mise à l’actif de la coordination du FPI en Exil et conduite par Assoa Adou qui malgré leurs conditions d’exil ne manquent aucune occasion pour faire entendre la voix de ces nombreux ivoiriens contraints à l’exil.
En tout cas, contrairement aux informations antérieures annonçant une rupture de banc entre le FPI en exil et la nouvelle direction d’Abidjan, cette mission conjointe de Dakar est la preuve que le front populaire ivoirien reste le seul et unique creuset de l’unité et de la cohésion en Côte d’Ivoire.
En attendant de voir les fruits de toutes ces médiations, c’est une délégation conduite par Miaka Ouretto qui est très attendue par la population ivoirienne à leur descente d’avion le lundi prochain. Mais déjà on parle d’un risque de débordement et donc d’un cordon de sécurité à l’aéroport Félix Houphouêt-Boigny. Le pouvoir va-t-il empêcher cet accueil qui s’annonce triomphal ? Qui vivra verra !
PK/ Eventnews Tv
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