Une délégation gouvernementale tente la médiation entre les protagonistes de la crise
CONAKRY (Xinhua) – Le gouvernement guinéen a dépêché une délégation composée du ministre de l’Agriculture Marc Yombouno et du président du Conseil économique et social (CES), tous deux originaires de la région de Gueckedou, pour tenter une médiation entre les protagonistes de la crise qui a dégénéré en émeutes, en début de semaine, a-t-on appris vendredi de bonne source.
La délégation qui est arrivée ce jeudi, doit rencontrer les sages des communautés Kissi et Malinké, deux ethnies qui se sont affrontées sur fond de « passion politique », lundi et mardi derniers.
Des affrontements découlant d’un bras de fer entre le préfet de la localité Boukary Fofana et les populations autochtones qui ont demandé son départ, le soupçonnant de favoriser le parti au pouvoir dans la gestion des affaires de la circonscription, ont fait des victimes.
Il a fallu le déploiement de l’armée pour ramener le calme à Gueckedou où un couvre-feu a été instauré, d’après des témoins contactés sur place par un reporter de Xinhua.
Le ministre guinéen des Droits de l’homme Kalifa Gassama Diaby ne mâche pas ses mots face à cette situation. C’est ainsi qu’il a déclaré sur les antennes d’une radio locale au lendemain de ces affrontements communautaires qu’il est « inconcevable » qu’un préfet de la République abuse de ses pouvoirs, le rôle qui lui est dévolu étant celui de gérer en toute impartialité.
Les deux alliances de l’opposition l’ADP et le Collectif ont décidé, au terme d’une réunion tenue jeudi à Conakry, d’envoyer une mission dans la zone, pour s’enquérir de la situation, déplorant au passage ces événements malheureux.
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GUECKEDOU : Affrontements fratricides sanglants
Le préfet de Guéckédou, le colonel Boukary Keïta a raccroché le téléphone au nez d’un journaliste impertinent d’une radio privée de la place, qui voulait certainement en savoir plus sur ce qui se passe dans sa sphère géo-administrative. De manière péremptoire avant de couper la conversation avec son interlocuteur, le préfet a ainsi menacé « Vous, vous êtes M. Iffono…, vous êtes du RDIG de Jean-Marc Téliano, vous êtes du même village. Alors, je ne répondrai plus à vos questions ! » Le journaliste dément alors avec sérénité, avant de prendre à témoin les auditeurs de la station sur sa neutralité reconnue et le refus constant de Téliano, chaque fois qu’il l’a invité à débattre dans ses émissions. Mais le plus intéressant de ce programme radiophonique, c’était l’intervention du politicien Faya Milimono, selon lequel le préfet Keïta aurait tenu des propos désobligeants à l’endroit des populations autochtones relatifs aux questions d’identité et d’indignité… 22:02 11-12-2012
Ces paroles ont déclenché des sentiments collectifs de frustration, particulièrement ressentis par les femmes. Celles-ci ont pris d’assaut la cité et exigé le départ de celui qui aurait proféré ces paroles déplacées, et qui ne méritait, plus à leurs yeux, de diriger leur ville. Puis les jeunes aussi se sont levés.
Dans ces tensions populaires, toujours officiellement inexpliquées, les choses ont commencé à déraper quand elles ont pris les contours des contradictions ethnoculturelles. C’est ainsi que les Kissis et les Malinkés se sont affrontés, avec un bilan inquiétant de plus de 33 blessés et quelques 4 cas gravissimes. Des tirs ont été entendus, deux morts auraient été enregistrés, des caillassages aperçus et des pillages vus. Des troubles qui ont touché tous les secteurs vitaux de la préfecture, avec des dégâts importants.
Désormais les populations qui affrontent les forces de l’ordre et même selon certaines sources des « donsos », ces redoutables chasseurs traditionnels, exigent également le départ du Secrétaire général de la localité ! Une situation insurrectionnelle sur laquelle les autorités nationales ont tout intérêt à se pencher ; car cette ville qui bascule à présent dans la violence est plutôt connue pour être un endroit cosmopolite et pacifique.
En dépêchant un fils du terroir, en la personne de Michel Kamano, président du Conseil Economique et Social, Alpha Condé espère bien ramener le calme rapidement dans la zone, mais à force de faire jouer les sapeurs-pompiers à ses différents collaborateurs, le Chef de l’Etat risque fort de s’épuiser sans la garantie du succès.
Pour contrer certaines velléités contestataires, le président a souvent pratiqué le jeu des chaises musicales ou celui du rappel ou du transfert des « indésirables », mais cette stratégie de courte vue a peu de chance de prospérer plus longtemps.
Maria de Babia pour GuineeConakry.info
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