Egypte sous haute tension Morsi et opposition toujours divisés

Egypte: des manifestants aux abords du palais présidentiel

Le Monde.fr avec AFP

Après des heures d’acharnement, plusieurs centaines de manifestants opposés au président Mohamed Morsi sont parvenus dans le calme, mardi 11 décembre, à franchir un barrage de blocs de béton et de barrières de métal érigé à proximité du palais présidentiel, a constaté un journaliste de l’AFP sur place.

Les manifestants se trouvent désormais dans le périmètre de sécurité, à l’extérieur du complexe, gardé par des soldats et des chars de l’armée dotés d’équipements anti-émeute mais, à 17 heures (heure de Paris) le calme régnait. Alors que le soir tombait sur Le Caire, la grande manifestation prévue par les anti-Morsi commençait à prendre forme aux abords du palais. Certains opposants brandissaient des drapeaux égyptiens.

Au même moment, débutait une manifestation en soutien au président, organisée à l’appel d’une coalition de partis et mouvements islamistes, à l’instar des Frères musulmans, dont est issu M. Morsi.

Ces manifestations concurrentes font craindre de nouveaux affrontements, après la mort dans la nuit de mercredi à jeudi de sept personnes lors d’accrochages entre membres des deux camps. Lundi, M. Morsi a chargé l’armée de préserver la sécurité jusqu’aux résultats du référendum controversé sur la Constitution.

Si M. Morsi a renoncé à placer ses pouvoirs au-dessus de tout recours judiciaire, le pays reste profondément divisé à l’approche d’un référendum sur un projet de Constitution controversé, samedi. Les opposants dénoncent notamment un texte qui ouvre la voie à une islamisation accrue de la législation et manque de garanties pour les libertés.

REPORT DE LA DEMANDE D’AIDE AU FMI

Ces troubles ont par ailleurs poussé le gouvernement à demander le report d’un mois de sa demande d’aide auprès du FMI. « Nous avons demandé officiellement le report d’un mois des négociations avec le FMI en raison de la situation politique dans le pays », a déclaré le premier ministre, Hicham Qandil.

Le 20 novembre, les autorités du Caire et les équipes du FMI s’étaient mises d’accord sur un plan d’aide de 4,8 milliards de dollars qui devait encore être approuvé par le conseil d’administration du Fonds d’ici à la fin de l’année. Mais lorsque le président Morsi a décidé quelques jours plus tard de s’octroyer des pouvoirs élargis, le FMI a alors prévenu qu’un « changement majeur » dans la politique économique en Egypte pourrait remettre en cause le pré-accord sur le plan d’aide accordé au pays.

La requête des autorités égyptiennes suspend désormais l’ensemble du processus. »Le Fonds reste en contact étroit avec les autorités (…) et se tient prêt à consulter les autorités sur la reprise des discussions », a indiqué la porte-parole du FMI dans un communiqué. « Les prochaines étapes pourront être déterminées une fois que ces discussions auront été menées », a ajouté la porte-parole.

Outre les troubles politiques, l’Egypte connaît depuis la chute d’Hosni Moubarak en février 2011 de graves difficultés économiques provoquées en particulier par la chute du tourisme et par l’effondrement des investissements étrangers, autrefois florissants. Ces difficultés se traduisent notamment par un creusement du déficit budgétaire et une fonte des réserves en devises du pays.

Le prêt du FMI est censé ouvrir la voie à d’autres financements internationaux, qui attendent sa conclusion pour juger de la crédibilité de l’Egypte en matière de réformes économiques et de solvabilité, mais aussi de stabilité

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