Après « Pourquoi je suis devenu rebelle » de Guillaume Soro, je suis tombé le mardi 30 octobre passé sur « pourquoi j’ai pris les armes » de Amadé Ouedraogo Rémi, le chef de guerre burkinabé qui hante les forêts classées du mont Peko dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire. C’était dans les colonnes du journal pro-gouvernemental Frat-Mat. Dans un premier réflexe, je me suis demandé pourquoi le journal que financent les contribuables ivoiriens se met-il à faire la communication ou à polir l’image d’un malfrat burkinabé qui dit défendre son droit sur une partie du territoire ivoirien qu’il a annexée. Passé l’effet de cette répulsion qui sonne toujours en tout homme raisonnable comme la cloche du bon sens, je me suis mis à lire attentivement le dossier consacré par Venance Konan à la terreur de l’ouest ivoirien.
Amadé Ouedraogo Rémi dit être venu de son Burkina natal rien qu’avec une machette pour débroussailler. A force de « subterfuges » selon ses propres termes, il s’est retrouvé à la tête d’une importante possession foncière. A la faveur de la rébellion de 2002, Amade Oueremi s’est retrouvé à la tête d’un collectif de « propriétaires terriens » comme lui, pour défendre leur possession. Il ne dit pas qu’ils ont été menacés d’être déposséder de leur « biens » par des hommes armés, mais que lui et ses compatriotes ont pris les armes pour défendre ce qui s’apparente désormais à leur territoire. Nuance fondamentale, parce que dans un Etat moderne je ne pense pas que les armes soient des titres fonciers. La terre appartient à l’Etat de Côte d’Ivoire, pour s’en approprier une parcelle, il existe toute une procédure qui vous donne accès à un titre foncier. Dans le dossier que fait Frat-Mat sur l’homme, il ne brandit aucun titre foncier. Au contraire il montre sa carte de nationalité burkinabé et son arsenal de guerre qui lui permet de continuer de chasser, de leur terre, les Ivoiriens.
La leçon de l’histoire est simple. La situation à l’Ouest est à l’image de toute la Côte d’Ivoire jusqu’au sommet de l’Etat. Pour défendre son droit, on n’a cure du droit. On prend les armes. Guillaume Soro, après avoir dirigé l’une des plus importantes organisations syndicales estudiantines du pays, s’est dit, un matin, exclus de la communauté des Ivoiriens. Il a donc pris les armes pour s’intégrer. Quant à Alassane Ouattara, après toutes les convulsions liées à son intégration, a ameuté toutes les armées du monde pour bombarder les institutions de la république de Côte d’Ivoire parce qu’il a pensé qu’on lui dérobait sa « victoire électorale ». Voilà les modèles politiques de la nouvelle Côte d’Ivoire.
Amade Oueremi peut plastronner sur le journal pro-gouvernemental pour se justifier. Le gouvernement ivoirien peut le caresser dans le sens du poil même quand il est une terreur pour les Ivoiriens. Il peut se croire lui-même dans son ″droit″ : celui d’avoir recours aux armes pour défendre le non-droit. En Côte d’Ivoire nous sommes désormais dans le meilleur des mondes possibles.
Joseph Marat
Source: LE DEPECHE D’ABIDJAN
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