Instituée par une ordonnance n°2011-167 du 13 juillet 2011, la Commission dialogue, vérité et réconciliation(Cdvr) entend sortir du silence en jouant pleinement son rôle. Pour ce faire, la Cdvr, pilotée par Charles Konan Banny, a actionné sa commission heuristique en charge de mener des réflexions sur «les causes profondes de la crise ivoirienne : comprendre pour mieux se réconcilier». De mai 2012 à octobre 2012, la dite Commission a mené des travaux dont les résultats sont rendus le mercredi 5 décembre, à Abidjan, 2012 en présence des différents membres des différentes souscommissions et de leur premier responsable, Charles Konan Banny. Le président de la commission heuristique, le professeur Séry Bailly a mis le pied dans le plat en disant toutes les vérités sur le concept de la réconciliation et les défis à relever. Dans une adresse fortement argumentée, Séry Bailly, a au nom de la Cdvr, souligne que l’une des «grandes difficultés réside dans la définition du concept de cause profonde». En s’inspirant, dit-il des auteurs, «comprendre, c’est donc aller jusqu’aux racines qui nourrissent l’arbre de la discorde». «Il n’en suffit pas d’effacer les traces de la crise, sinon on court le risque d’une rechute», prévient-il. Fondant sa conviction sur une transition qui s’opère en Côte d’Ivoire, le professeur Séry Bailly indique qu’elle ne vise «pas à incriminer personne, ni régler des comptes avec qui que ce soit ». Mais poursuit-il, «la transition peut nous mobiliser autour de la nation et de ses ambitions en prenant conscience de ses contraintes structurelles». Tout en estimant que la vérité, comme moyen de parvenir à la réconciliation, ne peut s’accommoder de ruse, le président de la Commission heuristique n’a pas manqué de jeter des piques aux acteurs internationaux qui ont une part de responsabilité dans la crise que vit la Côte d’Ivoire. «On se croirait au 19ème siècle avec la même fascination pour les ressources naturelles et le même modèle de mise en valeur. (…). La Côte d’Ivoire est victime de son succès en divers domaines», assure-t-il. Sans faux fuyant, Séry Bailly invite à une société stable. Avec en toile de fond, une réponse «urgente et durable à la question de l’immigration et des migrations». «Nous devons examiner les avantages et les limites avec lucidité, la célèbre phrase d’Houphouët-Boigny, la terre appartient à celui qui la met en valeur», conseille Séry Bailly, «pourra dissuader tous ceux qui s’adonnent à des discours de diabolisation en Côte d’Ivoire». Soutenu par Charles Konan Banny, qui estime que les problèmes actuels de société «trouvent leurs sources dans la persistance des questions longtemps minimisées ou simplement éludées telles que le foncier, l’identité, la sécurité, le genre, l’éducation et la jeunesse, notamment». Notons que le présent atelier prépare des débats qui seront menés lors d’un colloque international qui clôturera la recherche heuristique de la Cdvr.
Toussaint N’Gotta
Le Temps
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La CDVR prend des mesures
La Nouvelle
La Cdvr rend public son premier rapport sur les causes profondes de la crise ivoirienne. A l’issu d’un atelier tenu hier, des experts ont posé les jalons d’une réconciliation réussie.
Sans fard ni gants. Charles Konan Banny appuie sur l’accélérateur de la réconciliation. Le président de la Cdvr affirme, sans détours, que « c’est en jetant une lumière franche sur notre histoire que nous parviendrons à mettre à nu les raisons qui nous ont conduit à la toute dernière crise. » Il l’a conié hier à Abidjan-Plateau, à l’ouverture de l’atelier de restitution de la ‘’commission Heuristique’’ de l’institution qu’il dirige. Konan Banny, introduit deux minutes plutôt par son porte-parole et conseiller Sran Kouassi Franck, croit dur comme fer qu’il faut revisiter le passé de la Côte d’Ivoire, pour arriver à une cohésion vraie. « Car une catastrophe humaine ne provient jamais d’une action instantanée, elle résulte d’erreurs accumulées non corrigées », fait savoir l’ex-Premier ministre. Aussi, estime-t-il qu’au bout de la mission de la Cdvr, se trouvent les réponses à trois questions « vitales » : « qu’est-ce que la Côte d’Ivoire ? », « qu’est-ce qu’être Ivoirien ? », que voulons-nous être ? » Dans son envolée, Charles Konan Banny entouré de ses collaborateurs, décline avec force conviction que la source des malheurs des Ivoiriens proviennent « des questions longtemps minimisées ou simplement éludées. » Et de citer le foncier, l’identité, la citoyenneté, la démocratie, la communication. A eux s’ajoutent la justice, la sécurité, le genre, l’éducation et la jeunesse. Et l’atelier qui s’est étiré sur la journée de ce mercredi 5 décembre, selon l’ex-Gouverneur de la Bceao, « constitue la porte d’entrée de la phase opérationnelle des activités de la Cdvr. » Ce sera, précise-t-il, une aubaine pour « découvrir ou conirmer ce qui entrave la bonne marche de la cohésion sociale. » Aux panélistes, Banny annonce que « le diagnostique que vous allez poser devra être sans complaisance, car aucune thérapie ne peut produire d’effets, si le médecin ruse avec la connaissance du mal qu’il veut soigner. » C’est aussi l’avis du Prof Sery Bally qui conduit la commission Heuristique, qui réléchit sur le thème : ‘’les causes profondes de la crise ivoirienne : comprendre pour mieux (se) réconcilier’’. “Toute nation a besoin d‘identité” Avant Konan Banny, Sery Bally a détaillé les travaux menés avec des experts, et des membres de la Cdvr, repartis dans sept sous-commissions. La structure interne à la Commission, précise-t-il, « a été crée pour que la pensée nous éloigne des passions. » Sans grands moyens, les sous-commissions qui « ont travaillé en toute liberté », ont relevé des maux. Aux invités à l’atelier, l’ancien ministre conie, dans la même veine que Konan Banny : « nous parlons de la vérité comme moyen de parvenir à la réconciliation. Cela veut dire quecette dernière ne peut s’accommoder de ruse, de même que le médecin doit faire un diagnostic courageux pour espérer venir à bout de la maladie. » Sery Bally, dans son speech, s’interroge en outre sur « la part de l’international dans notre crise nationale.» Il part du 19è siècle, avec la mise en valeur et « la fascination pour les ressources naturelles », avec depuis, « des camps imaginaires de xénophobes et xénophiles » qui se regardent en chiens de faïence. Le Prof en arrive au fait que « toute nation a besoin d’identité », pour déplorer que « l’ivoirité est venue compliquer cette exigence », à travers une bataille entre tenants et opposants de ce concept. Comme catharsis, Professeur Sery et la commission Heuristique conseillent de faire de l’ivoirité « un concept culturel ». La commission parie que grâce à son approche, « la Cdvr pourra dissuader tous ceux qui s’adonnent à des discours de diabolisation par lesquels nous nous disqualiions mutuellement ». Les experts soutiennent avec fermeté que la réconciliation passe par la discussion sur ce qui divise. Cela, « en toute liberté, en toute sérénité, en toute sincérité ». Le rapport édicté à la in des travaux, sont en phase avec toutes les thèses émises à l’ouverture.
Guillaume N’Guettia
La Nouvelle
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