Le soleil se lève à l’est

VENANCE KONAN

Le Chef de l’état entame, à partir de demain, une visite dans le Zanzan, dans le nord-est, une des régions les plus déshéritées de notre pays. Bouna, Tehini, Doropo… Y être affecté équivalait, pour de nombreux fonctionnaires, à une lourde sanction. Il y avait d’abord l’éloignement de la région par rapport à Abidjan, la capitale économique, et puis le manque d’infrastructures.

Avec la dégradation de la route qui conduit jusqu’à Bondoukou, la plus grande ville de la région, aller dans le Zanzan est devenu un véritable cauchemar. Et pourtant, que de potentialités économiques ne trouve-t-on pas dans cette région ! Prenons l’agriculture. Qui ne connaît pas les ignames de Bondoukou, pour nous en tenir simplement à cela ? Ce ne sont certainement pas les Baoulé qui vous diront le contraire. Pour avoir survolé une fois cette région en avion et vu tous les espaces vides, je reste convaincu qu’il suffirait d’une bonne politique agricole pour faire de cette région le grenier de la Côte d’Ivoire, voire de la région ouest-africaine. Et en regardant tous ces espaces vides depuis le ciel, j’imaginais des ranchs où l’on élèverait de manière industrielle des milliers de têtes de bétail, réduisant ainsi notre dépendance à l’égard de certains pays voisins. Prenons maintenant le tourisme.

Il y a, à Bondoukou ou autour, des singes et des poissons sacrés, la maison de Samory, il y a, dans la région de Bouna, une architecture et une culture particulières qui ne peuvent qu’intéresser des touristes, mais il y a surtout dans le Zanzan le parc national de la Comoé, à une centaine de kilomètres de Bondoukou et très proche de Bouna. On l’appelle d’ailleurs plus souvent la réserve de Bouna. D’une superficie de 11500 km2, il est reconnu comme un site du patrimoine mondial en raison de la diversité de la flore qu’il présente. On y trouve des éléphants, des hippopotames, des antilopes, des phacochères et même les trois espèces existantes de crocodiles d’Afrique, à savoir le crocodile du Nil, le faux-gavial d’Afrique, et le crocodile nain. Depuis 2003, il est considéré comme un patrimoine en péril, en raison du braconnage et de l’absence de gestion à cause de la crise que nous connaissions. Cette crise est derrière nous et nous voulons faire avancer notre pays. Il suffit donc d’une volonté politique pour que le parc soit mieux géré et attire des milliers de touristes, créant, au passage, des emplois pour les fils de la région et des débouchés pour l’artisanat. En 2010, un peu avant notre élection présidentielle, je me suis rendu dans ce parc en compagnie de maître Serge Roux, un passionné de la nature et des animaux qui y possède un hôtel.

Nous étions en compagnie de certains ambassadeurs de pays européens qui ne demandent qu’à investir dans un tel parc. Pour peu que nous voulions en faire quelque chose. Au moment où j’y allais, les éléphants avaient tous fui au Burkina Faso voisin où, apparemment, Ils étaient mieux traités. On nous avait raconté que des braconniers venaient du Mali pour décimer les bêtes de notre parc, et que souvent, les « Eaux et Forêts » étaient plus dangereux que les braconniers. L’occasion m’a été donnée, à deux reprises, de visiter le Kruger National Park en Afrique du Sud. C’est un parc national comme celui de la Comoé, mais qui est aujourd’hui l’un des sites touristiques les plus visités de l’Afrique du Sud. Il suffirait d’un peu de volonté, à la fois de la part des fils du Zanzan et de l’Etat de Côte d’Ivoire, pour que ce parc soit l’un des endroits les plus prisés de notre pays. Monsieur le nouveau ministre du Tourisme, voici un chantier qui vous attend.

Le Chef de l’Etat sera dans le Zanzan à partir de demain. Des doléances lui seront présentées et des promesses faites. Il est certain que des actions seront engagées pour qu’enfin, le soleil se lève sur l’est de la Côte d’Ivoire.

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