Les illusions, c’est le fait pour certains cadres désespérés de penser qu’il y aurait encore un grand remaniement qui va leur permettre d’entrer au gouvernement. En soutenant qu’il n’est pas adepte de la politique politicienne et en clarifiant aussi qu’il n’y aura pas un gouvernement électoraliste et juste pour les échéances de 2015, le président de la République ruine bien des rêves. Une manière de dire aux prétendants et à tous ceux qui veulent être ministres d’attendre leur tour après 2015, dans le cas bien entendu où Alassane Ouattara est réélu. Autre illusion détruite, c’est celle relative à la situation des détenus. En précisant qu’il n y a pas de détenus politiques en Côte d’Ivoire, le président de la République ouvre une polémique. Il tente de faire des leaders du FPI, des détenus de droit commun, de vulgaires bandits et criminels. En clair, le président Affi N’Guessan et les siens n’ont pas été arrêtés pour leur opinion, mais plutôt pour les actes illégaux et illégitimes qu’ils sont soupçonnés avoir commis hier. Or, un prisonnier politique est une personne détenue exclusivement en raison de son opinion politique.
C.K
L’Intelligent d’Abidjan
…
CPI: La position de Ouattara sur le transfèrement de Simone Gbagbo
YACOUBA DOUMBIA source: L’inter
Le chef de l’Etat catégorique : « Il n’y a ni justice des vainqueurs, ni prisonniers politiques »
Le président de la République, Alassane Ouattara, a animé, hier en sa résidence à Bondoukou, une conférence de presse à l’issue de sa visite d’Etat dans le district du Zanzan.
Très détendu, le numéro un ivoirien a répondu sans faux-fuyant aux questions des journalistes, avec parfois beaucoup d’humour. Sur la question du transfèrement à la Cour pénale internationale (CPI) de l’ex-Première dame, Simone Gbagbo, il a indiqué que son gouvernement en a pris acte et que la question est à l’étude. « Nous prenons acte (du mandat d’arrêt). Le gouvernement aura le temps d’examiner la question et de se prononcer », a-t-il relevé.
Concernant le cas de ceux qu’on appelle en Côte d’Ivoire « les prisonniers politiques », le président Ouattara a fait les précisions suivantes : « Il n’y a pas de prisonnier politique en Côte d’Ivoire. Des personnes ont été arrêtées pour un délit qui n’a rien à voir avec la politique. Voyez ce qui s’est passé en France sous Vichy et ailleurs. Ils (les prisonniers, ndlr) ont participé à un gouvernement illégitime. Des personnes ont été arrêtées pour avoir tué des gens, pillé des banques. Personnellement, je souhaite qu’ils soient jugés le plus tôt possible ». Aux yeux du chef de l’Etat, les proches de Gbagbo en prison ne peuvent bénéficier du statut de prisonniers politiques, d’autant plus qu’ils ont été pris la main dans le sac. « Des personnes ont été arrêtées sur des faits et déférées. La justice doit faire son travail », a-t-il insisté.
Avant de s’étonner qu’en Côte d’Ivoire, l’on polémique sur l’expression « justice des vainqueurs », « qui n’a aucun sens », selon lui. Et le président Alassane Ouattara de s’exclamer : « je me demande ce que ça veut dire ! La justice des vainqueurs n’a aucun sens ». Il a plusieurs fois utilisé le terme « flagrant délit » comme pour expliquer que ceux qui sont en prison doivent y être. Quant aux allégations de crimes commis par des soldats proches de son camp, il dit avoir mis sur pied une Commission nationale d’enquête qui a bouclé son rapport, qu’il a d’ailleurs remis à la justice. Dans ce rapport, selon le conférencier, les deux camps qui se sont affrontés pendant la crise post-électorale ont commis des crimes. « Il appartient à la justice de convoquer les mis en cause et de les entendre », a-t-il déclaré.
Pour sa part, il a promis de ne protéger personne si jamais des poursuites sont engagées contre ceux qu’on appelle ses proches. « Il n’y aura de protection pour personne », a prévenu le chef suprême de la Magistrature. Ouattara a invité « ceux qui se font des illusions » à l’issue du scrutin présidentiel de 2010 à revenir sur terre, car à ses yeux, « celui qui a gagné ces élections, c’est bien moi, et la communauté internationale l’a bien reconnu ». Il a donc annoncé sa volonté d’exercer pleinement sa fonction de président de tous les Ivoiriens, et d’œuvrer au bien-être des populations. Ceux qui sont en exil, a-t-il relevé, doivent rentrer pour participer à la reconstruction de la Côte d’Ivoire. « J’en appelle à nos frères exilés qui manipulent les jeunes. La déstabilisation ne passera pas. Je souhaite qu’ils renoncent à la violence », leur a-t-il lancé. « Tout le monde sait que je suis un président démocratiquement élu. A partir de là, la justice fera son travail. (…) La constitution me donne l’occasion de rassembler les Ivoiriens, mais je ne peux poser des actes forts que si la justice fait son travail », a-t-il relevé. Avant d’exhorter les Ivoiriens à s’approprier le processus de réconciliation.
Y.DOUMBIA (Envoyé spécial dans le Zanzan)
Encadré : Le président de la République « verrouille » son gouvernement
Au FPI : « Avec moi, les préalables, je ne les accepte pas »
Sauf cataclysme, tout espoir pour le Front populaire ivoirien (FPI), principal parti d’opposition en Côte d’Ivoire, d’entrer au gouvernement, est ruiné. Même si ce parti a toujours rejeté cette éventualité, Ouattara a fermé à double tour la porte de son gouvernement. En tout cas, c’est ce qu’il a indiqué hier au cours de sa conférence de presse. « Le gouvernement que j’ai formé sera mon gouvernement jusqu’à la fin de mon mandat. J’ai mon gouvernement sur les trois (3) années à venir. Je préfère une équipe solide et ce gouvernement connaît mes méthodes de travail. Si dans votre esprit, vous pensez que je vais dissoudre le gouvernement pour demander à tel ou tel parti, le FPI par exemple ou le CNRD (d’y entrer), ce n’est pas mon intention. Je suis ouvert au dialogue. Les préalables, je ne les accepte pas ! Je veux que la Côte d’Ivoire soit en paix. Je veux que les uns et les autres contribuent au développement de notre pays dans tous les secteurs, pas seulement au gouvernement », a martelé le président Ouattara. Pour qui le gouvernement n’est pas la seule structure à partir de laquelle on peut servir son pays. Il a suggéré au FPI de participer aux élections locales pour apporter sa pierre à la construction de la Côte d’Ivoire.
Quant à la dissolution du précédent gouvernement et le débarquement de l’ex-Premier ministre, Jeannot Ahoussou-Kouadio, suite à la position de ses alliés au Parlement, le chef de l’Etat a jugé son acte normal. Ce, d’autant plus qu’à ses yeux, dans les grandes démocraties, lorsque la majorité au pouvoir peine à faire passer une loi au Parlement, le gouvernement est systématiquement dissous.
Pour lui donc, l’ex-Premier ministre n’a pas démérité, mais il a été victime du jeu démocratique. Ouattara dit être en consultation avec son aîné Henri Konan Bédié pour trouver un point de chute à Jeannot Ahoussou-Kouadio. « Tout ce qui s’est raconté n’est pas vrai », a-t-il martelé. Pour finir, il a ironisé sur le surnom « Magellan » que lui ont attribué les journaux de l’opposition sur sa propension à s’absenter de la Côte d’Ivoire. « Ce que je veux préciser messieurs les journalistes, ces voyages, c’est pour apporter de l’argent au pays. Je suis Magellan, c’est vrai, mais je suis heureux d’avoir la force physique et de faire ces voyages pour ramener de l’argent à la Côte d’Ivoire. Nous continuerons et nous n’allons pas perdre de temps. Nous voulons transformer le quotidien des Ivoiriens et l’image de la Côte d’Ivoire pendant le mandat que les uns et les autres ont voulu me confier », a-t-il conclu.
Y.DOUMBIA (Envoyé spécial)
[Facebook_Comments_Widget title= »Commentaire Facebook » appId= »144902495576630″ href= » » numPosts= »5″ width= »570″ color= »light » code= »html5″]
Commentaires Facebook