La Cour pénale internationale réussira-t-elle le pari de réunir le couple Laurent et Simone Gbagbo à La Haye? Pour l’instant, la CPI a déjà accompli la prouesse d’aller à la pêche à la première femme de la short liste de ses clients. En effet, la célèbre institution qui a alpagué Laurent Gbagbo, le 30 novembre 2011, vient de jeter son dévolu sur son épouse Simone Ehivet contre qui elle a émis un mandat d’arrêt depuis le 29 février dernier.
Rendu public ce jeudi 22 novembre, le document a immédiatement été dénoncé par les militants du Front populaire ivoirien, le parti de l’ex-président Gbagbo, au sein duquel sa femme constituait une figure de proue. En d’autres occasions, ces retrouvailles des époux Gbagbo dans la belle cité balnéaires de Scheveningen pourraient leur servir de seconde nuit de noces.
Malheureusement pour le couple, elles serviront, si la CPI obtient gain de cause, à fêter l’anniversaire de l’incarcération de Laurent Gbagbo à la prison cinq étoiles de Scheveningen. La Gambienne Fatou Bensouda, successeur de Luis Moreno Ocampo, ne saurait crier victoire pour l’heure, car l’Etat ivoirien, selon ses dirigeants, manifesterait sa volonté de faire juger l’ex first lady par les juridictions de son pays. En attendant les prochains épisodes de ce feuilleton qui se joue au moment où la Côte d’Ivoire vient de se doter d’un nouveau gouvernement dirigé par Daniel Kablan Duncan, on se demande logiquement si ce mandat d’arrêt est une bonne affaire pour Alassane Ouattara.
De notre entendement, cet acte de la CPI pourrait bien devenir un gros caillou dans le soulier du président ivoirien qui fait toujours face à une vague d’attaques armées attribuées aux pro-Gbagbo et qui viennent renforcer le climat d’insécurité en Côte d’Ivoire. Le mandat d’arrêt contre Simone Gbagbo, s’il peut servir de coup de semonce à l’endroit de ceux qui continuent de troubler le sommeil de Alassane Ouattara, est également un gros grain de sable qui ralentira, voire bloquera, la machine déjà poussive de réconciliation pilotée par Charles Konan Banny. D’ores et déjà, ce mandat, qui aurait dû demeurer confidentiel pour toujours, apporte de l’eau au moulin de ceux qui accusent le pouvoir de Alassane Ouattara de pratiquer la justice des vainqueurs.
Car, jusqu’à présent, contrairement aux déclarations officielles, aucun pro-Ouattara n’a été inquiété par la justice, qu’elle soit ivoirienne ou internationale. A défaut de la rendre sans état d’âme, pourquoi donc ne pas abandonner cette justice qui ne fait que détériorer le climat de confiance indispensable à la bonne marche du processus de réconciliation?
La Côte d’Ivoire n’est point obligée de copier, et parfois mal, le modèle vérité-justice-réconciliation qui a fait recette ailleurs. Il faut savoir passer l’éponge et repartir sur de nouvelles bases. C’est ce qui pourrait arranger le mieux le pays de l’homme de paix que fut Félix Houphouët Boigny, dont Alassane Ouattara se réclame l’héritier. Ainsi, l’homme fort d’Abidjan mettrait devant leurs responsabilités les empêcheurs de gouverner en rond et c’est le peuple même, auquel ils bouchent la voie du salut après plusieurs décennies de souffrance qui se chargera de les mettre hors d’état de nuire.
Morin Yamongbè
Fasozine
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