UMP : que va faire François Fillon après son échec ?

Olivier Coret/Lemonde

Le Monde.fr | Par Alexandre Lemarié (avec AFP)

François Fillon aux Pavillons-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) lors d’une réunion publique, le 10 septembre.

François Fillon « ne décrochera pas » de la vie politique après son échec dans la bataille à la présidence de l’UMP, ont déclaré, mardi 20 novembre, plusieurs de ses proches, dont Laurent Wauquiez et Eric Ciotti, à l’issue d’une réunion avec l’ancien premier ministre à l’Assemblée. Les deux soutiens du député de Paris sortaient d’une réunion matinale de soixante-dix parlementaires partisans de l’ex-premier ministre, réunis sans leur candidat, dans une salle de l’Assemblée nationale pour débattre de la suite de leur action.

Lundi soir, après la proclamation de la victoire, à 98 voix près, de son rival, M. Fillon a laissé planer le doute sur ses intentions. Indiquant qu’il se donnait comme « objectif » de réduire la fracture politique et morale que traverse l’UMP, il avait affirmé qu’il prenait quelques jours pour déterminer « les formes que prendra, à l’avenir, [son] engagement politique ».

« Nous sommes quelques députés à penser ça », ajoutait le député dans les coulisses de l’Assemblée nationale. « Je souhaite la structuration d’un mouvement autour de Fillon à l’intérieur de l’UMP. Il n’y a pas de conditions pour que je reste, la direction est déjà verrouillée autour de Copé. »

« Mauvais joueur » lui a répondu le fillonniste Gérald Darmanin, qui, lui, dit : « Mon patron s’appelle désormais Jean-François Copé. »

CAP SUR LA PRÉSIDENTIELLE

Mais alors que va faire M. Fillon ? Eric Ciotti, directeur de campagne de François Fillon, a déclaré mardi devant la presse : « On va travailler avec lui sur l’avenir, la préparation des grands rendez-vous électoraux. […] François Fillon est très combattif, très déterminé, il a la volonté naturellement de continuer ce parcours politique de rassemblement, et ce lien exceptionnel et privilégié qui l’unit avec les Français », a encore précisé son directeur de campagne.

A la question de savoir s’il n’a pas renoncé à 2017, M. Ciotti a répondu : « Absolument, il est dans cette idée de poursuivre son combat, avec une idée : assurer le redressement de la France au moment des échéances essentielles ». « Ce scrutin n’a en rien réduit ni ses chances, ni sa légitimité d’être notre candidat en 2017 », a également fait valoir le filloniste, Jérôme Chartier, dans un entretien au Parisien.fr.

Autrement dit, M. Fillon devrait essayer de continuer à cultiver son image d’homme d’Etat dans l’optique de la prochaine présidentielle, en étant en dehors de l’appareil. Un peu à la manière d’un François Hollande de 2008 à 2012.

Jean-François Copé s’est attelé dès mardi au rassemblement d’un parti fragilisé par une lutte fratricide, en proposant la vice-présidence de l’UMP à son rival malheureux. Une offre de service qui peut être analysée comme un piège, jugée aussitôt « grotesque » par M. Ciotti.

LES FILLONISTES PAS CHAUDS POUR TRAVAILLER AVEC COPÉ

Interrogé sur la volonté de travailler dorénavant avec Jean-François Copé, le président du conseil général des Alpes-Maritimes a répondu : « Ce n’est pas l’idée aujourd’hui. Nous voulons travailler avec François Fillon. D’ici quelques jours, une organisation va se mettre en place autour de lui » […] « Il va y avoir une formalisation de tout ce qui s’est passé autour de François Fillon », a insisté M. Ciotti, tout en se défendant d' »être dans une optique sécessionniste » par rapport à l’UMP.

Autrement dit, les piliers de la campagne de l’ancien premier ministre, tels Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez ou Christian Estrosi assurent aujourd’hui qu’ils vont continuer à marcher aux côtés de M. Fillon. C’est ce que disait au Monde Aurore Bergé, proche de Valérie Pécresse, dès dimanche soir. « Si Fillon perd, évidemment qu’il va continuer et mettre le cap sur 2016 [année de la primaire en vue de la présidentielle]. L’équipe qui a existé autour de lui va continuer à se mobiliser derrière lui », affirmait alors la jeune militante.

Mardi matin, le nouveau président de l’UMP a appelé son camp « à tourner la page », exhortant sur RTL les membres d’un parti coupé en deux à travailler ensemble. La veille, dans son premier discours de président de l’UMP, M. Copé avait déjà invité son rival à « le rejoindre » pour « travailler ensemble ».

Commentaires Facebook