Le gâteau infect de Ouattara (Marc Micael)

Monsieur Ouattara aime les gâteaux. Lui-même l’a révélé au monde entier, lors du débat télévisé le mettant aux prises avec Laurent Gbagbo, son adversaire à l’élection présidentielle de 2010.

L’on se souvient qu’au cours de ce débat, le candidat Laurent Gbagbo trouva que l’utilisation du terme « gâteau » pour désigner le « pouvoir d’Etat », avait – à son sens – une mauvaise connotation. Une remarque à laquelle Monsieur Alassane ne trouva rien d’autre que la réponse suivante: « Oui, mais c’est parce que j’aime les gâteaux».
Quelques mois après ce fameux débat, voilà que l’appétissant « gâteau » vient d’atterrir – et de de quelle manière ! – dans l’assiette de monsieur Ouattara. Un gâteau qu’il a par ailleurs promis partager avec ses alliés du RHDP, notamment le PDCI.

Mais les récentes querelles entre les deux alliés (RDR et PDCI), ont fait apparaitre au grand jour que le PDCI supporte mal que le RDR se soit réservé les plus grosses part du gâteau. Pendant que lui, l’allié le plus significatif, soit obligé de se contenter des miettes.

Certaines langues pensent d’ailleurs que c’est dans ce même état d’esprit que se situe le récent clash survenu à l’assemblée national, entre représentants PDCI, UDPCI d’une part et RDR d’autre part. En effet, des désaccords au sujet d’une proposition de loi sur le mariage, avaient entrainé la dissolution du gouvernement Ahoussou Jeannot par Alassane Ouattara.

Comment des personnes avec qui il « mange » pourtant un « gâteau » acquis – nul ne l’ignore – au prix de miles turpitudes, peuvent-ils manquer autant de solidarité à son égard ? Reproche Ouattara à ses alliés du PDCI. Soit.

Mais pour un pays aussi meurtris que la Côte d’Ivoire, ces petites querelles intestines, ne doivent pas nous faire oublier les vraies questions de fond : « Où en sommes-nous avec le processus de réconciliation ? », « Quel est à ce jour, l’état des lieux de la démocratie et de la situation des droits de l’Homme en Côte d’Ivoire ? ». Bref, il ne s’agit donc pas de focaliser inutilement l’attention du peuple ivoirien sur une puérile querelle de partage du butin, que dis-je, de partage de « gâteau ».
Mais de toucher du doigt, les véritables problèmes de l’heure qui, si l’on n’y prend garde, risquent d’atteindre – si cela n’est déjà le cas – un point de non-retour aux conséquences désastreuses pour un pays déjà mal en point.
A la suite d’Amnesty international, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) avec le Mouvement ivoirien des droits de l’Homme (MIDH), la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (LIDHO), la Division des droits de l’Homme des droits de l’Homme de l’Onuci…, Human Rights Watch (HRW) répond sans détours, aux questions de la réconciliation nationale et des droits de l’Homme en Côte d’Ivoire, sous le règne de Ouattara.

Cette organisation, au sortir d’une enquête menée sur plusieurs mois en Côte d’Ivoire, estime que ce pays est:« Bien loin de la réconciliation ».
En effet, dans un rapport de 80 pages intitulé « Bien loin de la réconciliation : Répression militaire abusive en réponse aux menaces sécuritaires en Côte d’Ivoire », elle dénonce et accuse avec force, les FRCI de Ouattara.

Human Rights Watch accuse les FRCI d’avoir commis des atteintes « généralisées » aux droits de l’Homme. Elle parle des traitements inhumains et des actes de torture, après une vague d’attaques lancées en août par « un commando mystérieux » (même si plusieurs autres atteintes aux droits de l’Homme se situent bien avant cette période et continuent d’avoir cours en Côte d’Ivoire).

Human Rights Watch y dénonce clairement des arrestations arbitraires, des détentions illégales, des actes d’extorsion, des traitements inhumains, des actes de torture perpétrés par les FRCI à l’encontre de partisans de Laurent Gbagbo.

L’ONG dénonce par-dessus tout, l’impunité qui caractérise le clan Ouattara : « Aucun responsable militaire du camp Ouattara, connu pour avoir commis des crimes contre l’humanité ou des atrocités, n’a été poursuivi, arrêté ou ne fait l’objet d’enquête. Du côté de Gbagbo, plus de 120 (chiffres officiels ndlr) personnes sont en prison ; il y a de bonnes raisons pour qu’ils y soient mais le fait que ce ne soit pas équilibré est inacceptable ».

Bien mesquin serait donc celui ou celle qui prétendrait – comme le fit le régime Ouattara – nier une telle évidence.

Alassane Ouattara (RDR) et Konan Bédié (PDCI) – quant à eux – ont choisi de rester sourds à ces cris de douleurs des victimes de ces violations des droits Humains et de leurs familles. Préférant distraire l’opinion sur une dispute au sujet du partage d’un certain « gâteau ».
« Bien loin de la réconciliation », ne pense pas si bien dire cette organisation des droits de l’Homme. Car en effet, de quelle réconciliation peut-on encore parler dans de telles circonstances ?

Mieux, ce sont les mêmes qui chantent à longueur de journée, réconciliation dans les médias, qui ferment les yeux sur de telles dérives : des actes graves et intolérables qui compromettent les chances pour une réconciliation vraie et réussie entre ivoiriens.

De quelle réconciliation peut-il en effet s’agir, si ce n’est pour Ouattara et ses alliés, d’obtenir la « quiétude » pour mieux partager et déguster goulûment leur « gâteau » ?

Personne – à vraie dire – ne leur en voudrait de « manger » comme bon leur semble, ce « gâteau », que tout ivoirien sait – d’ores et déjà – avarié, donc impropre à la consommation.

Tous les regards sont ainsi tournés vers le banquet du club d’amis du RHDP. Tous, notamment les ivoiriens, regardent avec une attention soutenue, monsieur Ouattara et ses amis, en train mâcher avec un rictus mal dissimulé, les tranches de ce « gâteau » infect.

N’est-ce pas ce qui arrive lorsque l’avidité aveugle son auteur au point que ce dernier oublie dans sa précipitation, qu’un aliment, avant d’être consommé, a besoin d’être préparé ? C’est-à-dire nettoyé de tout ce qui pourrait constituer – plus tard – une source d’indigestion.

Monsieur Ouattara, « l’amateur de gâteaux », s’est vu offert, sur un plateau d’argent, le tant convoité « gâteau ivoire ». Malheureusement pour lui, l’odeur pestilentielle des violations graves des droits Humains, qui s’y dégage, ne cesse de lui exploser en pleins nez.

Renoncera-t-il ou s’acharnera-t-il – malgré tout, à ses risques et périls – à avaler ce « gâteau », en réalité souillé par ses propres mains ?

Marc Micael
http://afriquemergente.ivoire-blog.com/

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