KINSHASA, 20 novembre (Xinhua) — Le Mouvement du 23 mars (M23) a pris le contrôle de la ville de Goma cet avant-midi, après un échange de tirs avec les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) à l’aéroport de Goma, selon des témoins.
« Apres le combat à l’aéroport de Goma, j’ai vu les militaires du M23 se diriger vers le centre-ville et les autres sont restés pour surveiller l’aéroport. Il n’y a pas de courants ni d’eau. Les rebelles ont même pris le contrôle de la télévision nationale antenne de Goma », a indiqué un habitant de Goma, qui habite juste en face de l’aéroport de Goma.
« Les FARDC sont parties en direction de Saké, vers la province du Sud-Kivu, et nous sommes restés avec les M23 », a indiqué un taximan, habitant de Birere, quartier populaire de Goma.
Olivier Hamuli, le porte-parole des FARDC, reste injoignable au téléphone, alors que Vianney Kazarama, le porte-parole du M23, a affirmé que leur mouvement assure la protection de la population civile.
Le 19 novembre, les combats ont opposé l’armée gouvernementale aux rebelles du M23 à Munigi, village situé à 2 km de l’aéroport de Goma, après un ultimatum lancé par ce mouvement rebelle, exigeant au gouvernement la démilitarisation de la ville Goma.
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Qui sont les rebelles du M23 qui menacent Goma ?
Par Vincent Hugeux, publié le 19/11/2012 à 16:00, mis à jour à 17:08
Les rebelles du M23 affrontent depuis le 15 novembre l’armée congolaise aux abords de la ville de Goma, à l’Est de la république démocratique du Congo, ont demandé, ce lundi, l’ouverture de « négociations politiques ». Retour sur le Mouvement du 23 mars, et les liens obscurs qu’il entretient au-delà de la frontière congolaise.
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RD Congo: qui sont les rebelles du M23 qui menacent Goma?
GOMA (RD CONGO) – Vincent Hugeux lexpress.fr
Parvenus au prix d’une vigoureuse offensive déclenchée le 15 novembre en lisière de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu (extrême-est de la République démocratique du Congo), les rebelles du M23 ont exigé ce lundi l’annonce, dans un délai de 24 heures, de « l’ouverture de négociations politiques directes » et la « démilitarisation totale » de la ville, désertée par les gradés comme par des hordes de civils affolés.
Ils somment également la Mission des Nations unies pour le maintien de la paix au Congo (Monusco), dont les hélicoptères d’attaque et l’artillerie appuient les forces de l’ex-Zaïre, de s’en tenir à une stricte neutralité. En quatre questions-clés, gros plan sur une guérilla mal connue en Occident.
D’où vient le M23?
Rebaptisé en octobre dernier « Armée révolutionnaire du Congo », le Mouvement du 23 mars, ou M23, doit son nom à l’accord de paix signé le 23 mars 2009 par les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) et les rebelles pro-rwandais du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Ce texte prévoyait notamment l’intégration des combattants du CNDP au sein de l’armée régulière. Invoquant le non-respect de ce pacte, ceux-ci se sont mutinés et ont pris le maquis dès avril.
En fait, les réfractaires récusaient un « brassage » national qui les auraient éloignés de leurs fiefs -donc de leurs sources de revenus-, réclamaient le maintien de tous les officiers dans leur grade et redoutaient l’hypothétique extradition de leur « boss » Bosco Ntaganda, inculpé en juillet par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Le M23 a aussi reçu le renfort de transfuges des Forces armées de la RDC. Tel est le cas de l’actuel chef militaire du mouvement, Sultani Makenga, promu voilà peu « général de brigade » et placé le 13 novembre par les Etats-Unis sur leur « liste noire », car tenu pour responsable « d’horreurs à grande échelle » contre les civils.
Où opère-t-il?
Le M23 sévit pour l’essentiel au Nord-Kivu, région pourvue d’un sous-sol prodigue en minerais rares, de terres fécondes et de riches pâturages. Il contrôle une partie du Rutshuru, territoire adossé aux frontières rwandaise et ougandaise. Depuis le génocide perpétré en 1994 au pays des Mille collines, les paysages verdoyants du Kivu, mosaïque ethnique, sont le théâtre de guérillas récurrentes entre factions souvent manipulées par les puissances régionales, enclines à piller ses ressources. Enjeu central: la captation d’un pactole naturel fait d’or, de coltan, de tungstène ou de cassitérite.
Sur fond d’anarchie, les combattants de toutes obédiences se livrent à des exactions massives.
Le 11 novembre, l’ONG Human Rights Watch a ainsi accusé le M23 de « crimes de guerre à grande échelle », citant notamment l’exécution, sous les yeux de leurs compagnons d’infortune, d’enfants-soldats recrutés de force et coupables d’avoir tenté de fuir, ainsi que le viol d’une fillette âgée de 8 ans.
Que veut-il vraiment?
Dans le chaos chronique des confins orientaux de la RDC, les ambitions territoriales, politiques et identitaires ont tôt fait de supplanter les revendications corporatistes. La frange la plus radicale du M23 admet ainsi oeuvrer à la chute du président Joseph Kabila, fort mal réélu fin 2011. Au fil de l’été, ses leaders ont installé un « cabinet politique » de 25 membres et tenté d’instaurer un semblant d’administration locale dans leurs bastions. Ils s’efforcent, sans grand succès au demeurant, d’élargir leur assise et de s’affranchir de leur image de milice vouée à protéger les armes à la main les seules communautés tutsies.
Sont-ils en mesure de menacer le régime de Kinshasa, 200 kilomètres plus à l’ouest? A ce stade, la réponse est non. Après tout, le CNDP, qui étendait son influence sur un territoire trois fois plus vaste, n’a jamais mis en péril le trône de « Jo » Kabila.
Qui soutient la rébellion?
Deux rapports récents, rédigés par des experts de l’ONU, accusent clairement le Rwanda et l’Ouganda voisins d’épauler le Mouvement du 23 mars, lui fournissant hommes, renseignement, armement et munitions, quitte à bafouer l’embargo en vigueur. Le dernier en date, un document supposé confidentiel qui a « fuité » en octobre, désigne ainsi le ministre rwandais de la Défense, James Kabarebe, comme le patron de facto de la rébellion. « Une aberration », riposte sa collègue aux Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo.
De même, les analystes onusiens dénoncent le « soutien actif » que de hauts responsables ougandais assurent au M23, à commencer par le déploiement de 600 soldats. En représailles, Kampala menace d’abandonner son rôle de médiateur et de retirer tous les contingents maison engagés dans des opérations de paix de par le monde. Notamment en Somalie, où l’armée de Yoweri Museveni procure plus du tiers des effectifs -soit 6500 Casques blancs sur 17000- de l’Amisom, la mission de l’Union africaine ONU. Laquelle est parvenue à desserrer dans l’année écoulée l’emprise des shebabs, miliciens islamistes.
De même, Kampala fournit le gros du contingent chargé de traquer les tueurs de l’Armée de résistance du Seigneur, insurrection millénariste à la férocité proverbiale qui, apparue dans le nord ougandais, a essaimé en RDC, au Soudan du Sud et en République centrafricaine. Comme il se doit, le chef de la diplomatie de Museveni assimile les griefs circonstanciés de l’ONU à une « plaisanterie ». Plaisanterie qui n’amuse personne. Car les démentis ougando-rwandais ne convainquent que les naïfs.
Après que plusieurs bailleurs de fonds occidentaux ont gelé leur aide, la Belgique vient de suspendre sa coopération militaire avec Kigali. Le 19 octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU a d’ailleurs affiché son « soutien sans réserve » aux auteurs des rapports contestés, et menacé implicitement les deux cadors des Grands Lacs de sanctions.
Vers une résolution à l’ONU?
Le gouvernement de Kinshasa a refusé de négocier avec le mouvement du M23, qui a repris lundi après-midi ses tirs contre l’armée congolaise. Paris a demandé « sans tarder » à l’ONU une résolution condamnant le groupe rebelle.
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