Le secteur des énergies renouvelables offre de nombreuses opportunités en termes de création d’emplois, de développement industriel et de résorption du déficit énergétique. Cependant, l’exportation de matières premières africaines et l’importation de produits industrialisés occidentaux constituent un « paradoxe » que déplorent des spécialistes qui se sont retrouvés la semaine dernière à Dakar en marge de la 5ème édition du Salon international des énergies renouvelable.
La croissance durable, la réduction des inégalités énergétiques, la sécurité énergétique, l’utilisation des ressources naturelles locales, l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement sont autant de raisons pour les pays africains de s’engager dans les énergies renouvelables, selon des experts qui ont échangé sur la question, lors du Colloque international sur la situation énergétique et environnementale des pays africains, tenu vendredi dernier en marge de la 5ème édition du Salon international des énergies renouvelables. Pour eux, le secteur offre des opportunités intéressantes de développement économiques et de créations d’emplois.
Au Sénégal, en dépit des nombreuses initiatives des pouvoirs publics, notamment le vote le 20 décembre 2010 de la loi n° 2010-21, les difficultés subsistent cependant. De l’avis de Thierno Bocar Tall, Directeur du Fonds Africain des biocarburants et des énergies renouvelables (FABER), ces difficultés concernent, entre autres, les barrières financière, institutionnelle et réglementaire, ainsi que le déficit en infrastructures.
Pour inverser la tendance, M. Tall a donné des pistes à explorer et il s’agit de créer un environnement favorable à la bonne gouvernance et de subventionner les investissements. De son point de vue, le développement du secteur offre des opportunités intéressantes en matière de développement de l’industrie, de création d’emplois, d’adaptation aux changements climatiques et de développement du partenariat public-privé.
Le directeur du Faber est convaincu qu’avec des mesures incitatives et une forte volonté politique, les pouvoirs publics peuvent créer les conditions d’une efficacité énergétique. Les pays africains ont des atouts indéniables pour jouer un rôle de premier plan dans les négociations internationales. Selon lui, en dépit d’une exploitation marginale en Afrique, le secteur des énergies renouvelables est « un marché en pleine expansion ». Or l’Afrique dispose de nombreuses potentialités d’exploitation de l’énergie éolienne, de l’énergie marine, et de l’énergie solaire. Des expériences probantes ont été menées dans 8 pays d’Afrique de l’Ouest et des histoires à succès ont été enregistrées, notamment en Sierra Leone, en Côte d’Ivoire, et au Togo.
Promotion des capacités locales
Le Pr Albert Michel Wright, spécialiste des énergies renouvelables et ancien ministre nigérien, a néanmoins salué les progrès du Sénégal en matière d’énergies renouvelables. Il souligne toutefois un « paradoxe africain », l’exportation de matières premières africaines et l’importation de produits industrialisés occidentaux. « Les pays africains sont pourvoyeurs de matières premières minières, agricoles, forestières voire humaine et intellectuelle, les ingénieurs, experts et spécialistes africains s’expatrient vers des pays occidentaux », déplore-t-il.
Le Pr Albert Wright plaide pour l’implication des experts et techniciens locaux dans la mise en œuvre des projets car le développement ne peut se faire avec des technologies importées. L’avis du Professeur est que la voie rêvée vers le développement est la promotion des capacités locales et la mise en œuvre de stratégies d’intervention durables. Le transfert de technologies devrait également être renforcé dans le cadre de la coopération Nord-Sud. En définitive, dit le Professeur Wright, « les énergies renouvelables sont la 3ème voie de la révolution industrielle » et offrent des perspectives de sortie de la crise énergétique à laquelle les pays africains sont confrontés.
Source : Sudonline
Mamadou Sakhir Ndiaye
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