Des prix ont grimpé depuis, hier
Jonas BAIKEH source: Soir info
Le trafic urbain à Abidjan a été fortement perturbé, le 12 novembre 2012. Une situation consécutive à l’appel à une grève illimitée lancé par la Mutuelle pour le bien être des transporteurs et auxiliaires de transport en Côte d’Ivoire.
Les populations d’Abidjan nord (Adjamé, Abobo et Yopougon, notamment) ont éprouvé de réelles difficultés pour se déplacer vu que les chauffeurs des minicars de transport en commun (gbakas) ont largement suivi ce mot d’ordre. Seuls quelques-uns se risquaient à transporter les populations. Des témoins que nous avons rencontrés à Abobo, ont raconté des scènes de violence exercées sur les transporteurs « récalcitrants ».
Aussi, devant la forte demande, les prix ont pris l’ascenseur. Le trajet Yopougon (lavage) pour Koumassi, en woro-woro, est passé de 800 à 1000 francs Cfa. Il fallait également débourser 1200 francs Cfa et plus pour rallier Yopougon à Port Bouët. Le vent des augmentations anarchiques s’est propagé. Les tarifs étaient fixés selon les humeurs du chauffeur.
Pour tout dire, se déplacer à Abidjan nord était la croix et la bannière pour les usagers des transports en commun. « Tous les chauffeurs qui se reconnaissent en nous ont garé. Nous avons lancé ce mouvement pour protester contre l’injustice et le racket qui s’imposent à nous. Des personnes qui ne travaillent pas rançonnent les chauffeurs à longueur de journée. Nous voulons par cette grève illimitée attirer l’attention des pouvoirs publics sur ces « Gnambros» qui nous imposent leur diktat. Trop c’est trop. Tant que ces soi-disant syndicats continueront d’exercer, nous ne roulerons pas », a martelé Konaté Lanciné allias Matchè. Il a justifié ce débrayage au cours d’une conversation téléphonique que nous avons eue avec lui, hier en milieu de matinée.
Excuses aux victimes
Pour Matchè, il est impératif de prendre en compte l’aspect social des professionnels de ce secteur. « Quand le chauffeur n’est pas à l’aise, qu’il n’a pas d’assurance sociale et qu’en plus, il est racketté à tout bout de champ, il constitue un danger pour la société», a-t-il fait remarquer. Avant d’indiquer que des préavis relatifs à cette grève avaient été déposés, selon les prescriptions réglementaires et de s’excuser auprès des populations, victimes de ce débrayage. Des excuses pour lesquelles Touré Adama, président de la Coordination nationale des gares routières de Côte d’Ivoire (Cngr) émet des doutes sur la sincérité, parce que pour lui, «Matchè n’est pas crédible ». « Je condamne les agissements des syndicats mais je ne suis pas pour cette grève. Parce qu’au fond, ce sont les populations qui sont pénalisées. Il y a d’autres voies pour se faire entendre. Matchè prétend lutter pour la suppression des gbambros. C’est louable. Mais, le connaissant, je sais qu’il va dévoyer la lutte. Au fond, il se bat pour imposer une autre forme de racket qui lui sera très profitable. Il a mis sur pied une mutuelle et les chauffeurs devraient lui payer des cartes d’adhésion. En plus, il a fait confectionner des tenues de travail qui coutent 20.000 francs Cfa l’unité, renouvelable chaque trois mois. Vous imaginez le pactole que cela représente. Combattre une forme de racket pour en imposer une autre, c’est ainsi qu’il faut comprendre cette grève », a-t-il expliqué. Des sources, au ministère des Transports, s’expliquent difficilement « l’entêtement » des frondeurs à conduire ce mouvement, vu que plusieurs réunions avaient été initiées pour parvenir à un accord.
Jonas BAIKEH
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