L’argent étant mauvais conseiller, les élites des régions du Cavally et du Guémon sont prudentes dans la gestion du fonds offert par le chef de l’Etat.
Le 22 octobre, le chef de l’Etat a offert la somme de deux cent millions de FCFA au peuple Wê des régions du Cavally et du Guémon. Ils étaient partis le rencontrer au palais présidentiel pour parler «avec franchise» du «triste» sort de l’Ouest ivoirien, souffre-douleur des récentes crises qu’a connues le pays. Deux semaines après cette visite «historique» au siège du pouvoir, les bénéficiaires n’ont toujours pas touché l’argent. Mais que les âmes polémistes s’abstiennent de tous commentaires malveillants. Car, c’est à dessein que l’élite Wê n’a pas encore effectué le retrait de la manne. «Le ministère de l’Intérieur nous a appelés la dernière fois en vue de nous remettre cet argent, mais nous lui avons dit non. Tout simplement parce que nous nous organisons encore. Il n’y a pas de raison que nous soyons divisés. Cet argent appartient à tout un peuple, il faut bien que nous nous mettions d’accord pour l’utilisation que nous allons en faire», explique un des artisans de la mobilisation du palais. «D’autres sont spécialistes en tout ce qui divise. Cela fait partie de leur vie. Sinon, nous ne sommes pas divisés par l’argent du président Ouattara», dit-il pour répondre aux mauvaises langues. Au lendemain de ce don, très acclamé, une certaine opinion s’est plu à dire qu’il «divise» le peuple Wê. Qu’à cela ne tienne, les cadres ont une idée claire sur la gestion qu’ils veulent efficiente du bien commun. «Nous sommes obnubilés par la bonne gestion de cet argent afin qu’il laisse des traces dans la région. C’est ce qui nous intéresse pour le moment. Nous avons déjà fait plusieurs réunions après lesquelles nous devons rencontrer nos parents au village. Parce qu’eux aussi s’organisent», renchérit un autre cadre. Tous sont unanimes que le don servira effectivement à la réhabilitation d’un pan du patrimoine culturel et des habitations des chefs traditionnels détruites.
Marcel Gossio, Eric Kaé pour fin novembre ?
Ils avaient aussi plaidé pour le retour des parents exilés au Ghana, au Togo, au Maroc… Alassane Ouattara leur a en retour demandé de leur «dire de rentrer, il ne leur arrivera rien». Les choses semblent être en bonne voie. Enfin, c’est la confidence que font d’autres interlocuteurs originaires de l’Ouest. «Laissez nous quelques semaines. Jusqu’à la fin de ce mois, nous viendrons vers vous pour faire des déclarations», confie un fils du Cavally. Il confirme que les tractations sont en cours pour le retour au pays de Marcel Gossio, ancien directeur général du Port autonome d’Abidjan, d’Eric Kaé anciennement ministre et président de l’Alliance ivoirienne pour la République et la démocratie (Aird). «Tous les cadres, qu’ils soient Lmp (ex-majorité présidentielle), Pdci ou Rdr ont fait le vœu de parler d’une seule voix. La politique nous a suffisamment divisés et nous ne sommes plus à ce stade», dit une élue, appelant à la solidarité et à
l’unité pour la «reconstruction» de l’Ouest.
Bidi Ignace Nord-Sud
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