Nord-Sud
Un amendement qui sera bientôt discuté (?) au sein du Pdci porte sur la suppression de la limite d’âge de 75 ans pour être candidat à la présidence du parti. L’actuel président Henri Konan Bédié a trois ans de plus. Et n’est pas prêt à lâcher les rênes…
Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) se propose d’aller à un congrès, le 12ème du genre. Sa direction a même pris des dispositions en vue de préparer ce rendez-vous. Des retrouvailles après celles de mai 2002 qui devraient permettre d’opérer d’importants changements, selon les militants, tant dans le fonctionnement que dans la gestion de la formation politique. Mais alors que le congrès est attendu de pieds fermes, des tractations tendent à le boucler avant terme. De quoi s’agit-il ? C’est que les commissions constituant le comité de préparation de ce congrès ont bouclé les réflexions. Il en ressort que la commission ‘’Vie et structure du parti’’ préconise la suppression d’une importante clause des textes fondamentaux du Pdci. «L’information majeure, c’est que désormais, il n’y aura plus d’âge limite pour être candidat à la présidence du Pdci. C’est cette recommandation que la commission va chercher à faire passer au congrès», informe une source proche des travaux qui ont pris fin samedi dernier. Quelle garantie que la recommandation passera comme lettre à la poste lors de ces discussions? «Naturellement, elle va passer puisque le président est majoritaire», ajoute-t-on. Henri Konan Bédié, né en mai 1934, est atteint par la limite d’âge parce qu’à 78 ans, il est largement en violation de l’article 35 du Statut. «Le candidat à la présidence du Pdci-Rda doit (…) être âgé de 40 ans au moins et de 75 ans au plus», prescrit-il au titre des critères pour briguer le prestigieux poste. En principe, au nom du respect scrupuleux des textes, le n°1 des ‘’héritiers ‘’ devrait être en train de préparer sa sortie. Mais le retrait de M. Bédié n’est pas à l’ordre du jour. Il n’y a qu’à entendre et analyser les déclarations faites par ses proches pour s’en convaincre.
Ses inconditionnels préparent son maintien
«C’est une bonne chose. Je l’encourage à toujours travailler pour son parti. Pour la Côte d’Ivoire, le pays qu’il aime tant. Je demande aux militants de l’accompagner. C’est pour eux qu’il postule à ce poste…», répond son épouse, Henriette, au quotidien Le Nouveau Réveil, proche du parti, dans une interview fin septembre. M. Bédié ne sera pas candidat seulement parce que sa femme le veut. «Un successeur à quoi ? Non, je pense que ce que j’ai dit là ne s’applique pas au Pdci ni au Rhdp. Ce sont des partis politiques que je pourrais continuer à diriger même après les élections, même en cas de fusion des partis», coupe-t-il net le débat sur Rfi, fin septembre. ‘’Bedié forever’’ donc. Et s’en donne les moyens parce que le comité est quasiment «acquis à sa cause» ce d’autant qu’il est aux mains d’un certain Gnamien N’Goran, ancien ministre, «irréductible» à sa personne. «Il y avait dix sept commissions mais tout cela est du flou ; parce que la vérité qui s’impose à nous est qu’en face de Bédié, il n’y a personne», affirme, résigné, un cadre ayant pris part aux travaux. «Or, c’est le président du parti qui désigne les présidents des commissions au congrès. Alors, allez- y comprendre quelque chose. Surtout que le secrétaire général ne fait qu’organiser le congrès», clarifie l’interlocuteur, voyant Henri Konan Bédié évoluer en roue libre à la tête du Pdci.
Un passage en force en perspective
Qu’on ne s’y trompe pas. La reconduction d’Henri Konan Bédié à la tête du Pdci-Rda se profile. Elle est même quasi-acquise, si on s’en tient à la teneur des réglages faits en sa faveur. La confirmation de ces modifications ou amendements au statut ne sera qu’une simple formalité. C’est à cela que servira le congrès. Puisqu’en dépit de la vague intermittente de contestations contre lui, Henri Konan Bédié est soutenu par de nombreux inconditionnels. Si bien que toute colère contre le ‘’sphinx de Daoukro‘’ finit toujours par être noyée dans l’élan de «soutiens indéfectibles» à sa personne. A part quelques rares militants qui ont eu le cran d’hausser le ton contre le patron du Pdci, ils sont nombreux ceux pour qui il est «l’homme de la situation». Bien plus, aucune révolte de salon n’a jamais dépassé le seuil de la ‘’maison du parti‘’, siège du Pdci à Cocody. Ce d’autant que ses commanditaires et acteurs ont souventes fois campé la politique de l’autruche. Par ailleurs, qui oserait en l’état actuel des choses – si une occasion royale lui était offerte – de braver Nanan (le père) considéré dans les mœurs ‘’pdécéistes‘’ comme le pourvoyeur. Ses casquettes d’«héritier» de Félix Houphouet-Boigny, père-fondateur du Pdci-Rda et de la nation, celle d’ancien président de la République, et enfin, de conseiller auprès du président de la République au nom de l’alliance houphouétiste dissuadent forcément. C’est sûrement après avoir considéré le pan du prestige retracé ci-avant que de potentiels révolutionnaires se résignent à dire que «Henri Konan Bédié est l’homme qu’il faut» à leur famille politique.
Bidi Ignace
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