Un différend oppose actuellement le ministère de l’Enseignement supérieur à l’Eglise des Assemblées de Dieu de Cocody. Au cœur du conflit, un terrain de 16.500 m2 (en face de l’Université Félix Houphouët-Boigny sur l’axe Cocody-Riviera 2), pour lequel les deux parties détiennent des titres de propriété dûment délivrés par des services du ministère de la Construction.
Entre les membres de la communauté de foi (responsables et fidèles) de l’Eglise des Assemblées de Dieu sise à Cocody, en face de l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, avec à sa tête le ministre Cissé Ibrahima Bacongo, les relations ne sont actuellement pas au beau fixe. Depuis le mardi 6 novembre 2012, la tension est montée entre les deux parties. La clôture du temple a été touchée par un bulldozer du ministère de l’Enseignement supérieur. Suscitant ainsi la colère des responsables de l’église. Qui, depuis lors, crient à la trahison, et au non respect de la parole donnée lors des rencontres de conciliation. Ils préfèrent désormais la ‘’bataille’’ sous toutes ses formes (lobbying dans la presse, mobilisation des leaders et serviteurs du corps du Christ proches du Chef de l’Etat…) à la table de négociation. Comme ce fut le cas à trois reprises. Ce qui a permis d’arrêter, d’accord partie, le principe de concession de 8250 m2 à l’Eglise des Assemblées de Dieu. Soit une partie de la superficie au centre du contentieux foncier. Un engagement non respecté pour lequel, les responsables de l’église qui n’entendent pas se laisser surprendre, ont éclairé l’opinion nationale sur cette affaire lors d’une conférence de presse hier mercredi 7 novembre 2012. Idem pour le ministère de l’Enseignement supérieur dont un des responsables en l’occurrence, le Pr N’Guessan Kouamé, directeur du service de décentralisation des universités était hier sur le site.
Trois rencontres
infructueuses…
A l’en croire, depuis l’éclatement du contentieux jusqu’à ce jour, trois rencontres ont eu lieu entre les deux parties. «Le ministre Cissé Bacongo lui-même a reçu les responsables de l’église une première fois pour leur signifier que le site appartenait à son département via l’université de Cocody et il a échangé avec eux sur les modalités pratiques pour éviter une démolition de l’édifice religieux. Ensuite, il nous a envoyé vers eux, cette fois au sein de l’église pour poursuivre les échanges sur la question. Leur souhait, c’était de conserver l’intégralité du terrain. Puisqu’il n’y a pas eu d’entente, le ministre les a reçus à nouveau à son cabinet. Ce jour, il a expliqué que des simulations seraient faites pour voir ce qui pouvait être concédé à l’église. Et il a demandé séance tenante à la direction de la topographie de voir ce qui était possible en la matière sans détruire le temple. Au terme des simulations, il a été arrêté un plan qui divise le site en deux sans toucher l’église. Et c’est cette simulation que nous suivons actuellement. Etant donné que la simulation épargne l’église, elle ne sera pas détruite», a-t-il confié. Mais pourquoi alors y’a-t-il des soubresauts ? «C’est parce que le ministère est en train d’aménager sa partie avec des travaux de terrassement qui ont touché la clôture. Il faut savoir que la clôture se trouve à l’intersection du domaine de l’université sur ce site et les 8250 m2 sur les 16500 m2 que nous avons concédés à l’église pour ne pas toucher son temple et son grand bâtiment. C’est pour cela qu’elle a été touchée. Sinon, nous n’avons pas l’intention de toucher l’église. Elle sera épargnée comme le stipule d’ailleurs les simulations diligentées à cet effet par le ministre Cissé Bacongo. Il est dès lors inexact de dire qu’il s’attaque à une église. C’est plutôt juste de dire qu’il protège l’église des Assemblées de Dieu», a-t-il apprécié.
Chaque camp brandit son titre de propriété
Mais, ce qui intrigue dans ce contentieux, c’est la détention par les ‘’les parties’’ (le ministère de l’Enseignement supérieur et l’Eglise des Assemblées de Dieu) de deux titres de propriété. Un document censé être pourtant unique et inattaquable. Pendant que le ministère de l’Enseignement supérieur brandit le titre de propriété TF 14668 publié au livre foncier du 23 avril 1969, son adversaire (l’église les Assemblées de Dieu) sort le titre de propriété TF 84289 qui date de 1996. Saisi du différend, le ministère de la Construction a pris fait et cause pour le département du ministre Cissé Bacongo déclaré «vrai propriétaire» du site. «Dans toute cette zone de Cocody, le domaine de l’université de Cocody couvre une superficie de 31.000 m2. Y compris les 16.500 m2 occupés par l’église les Assemblées de Dieu. Et cela a été reconnu et affirmé par la direction de la Topographie sous tutelle du ministère de la Construction qui est le service compétent pour trancher », a signifié le Directeur du service de décentralisation des universités. Mais, la question de fond sur l’existence de deux titres de propriété pour le moins contradictoire sur le même site, demeure.
L’éclairage d’un agent de la direction de la Topographie
«Ce qui saute aux yeux, c’est que le bornage contradictoire n’a pas été fait avant l’attribution d’un autre titre de propriété en 1996. C’est de là que vient le problème des deux titres de propriété sur le même terrain», a confié sous anonymat un collaborateur du ministre Mamadou Sanogo en service à la direction de la Topographie et du contentieux du ministère de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Assainissement. Face à ce contentieux qui a pris les allures de bras de fer, le collaborateur du ministre Cissé Bacongo s’est voulu rassurant. Quant à l’implantation des services prévus sur le site. «On a en projet de faire de l’université de Cocody une ville universitaire. L’ensemble du domaine fait environ 170 hectares. Il y aura des services fruits d’un partenariat public-privé. Il est prévu par exemple un hôtel des enseignants et autres universitaires, un centre commercial, des stations services, des banques. En somme des services qui vont s’ouvrir pour donner une véritable vie universitaire différente de l’ancienne université où on ne faisait exclusivement que des cours. Cette superficie va servir à l’installation des partenaires. Quoique nous ayons concédé 8250 m2 à cette église sur le site, nous pourrons installer tous les services prévus. Et les études réactualisées dans le sens le confirment», a-t-il conclu.
MTT
L’Intelligent d’Abidjan
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