Par Kakadoundiaye blogs.mediapart
Nous arrivons sans doute aux termes d’une époque. Les rideaux se ferment sur un premier demi-siècle d’indépendance des états africains. Permettant de souligner combien la colonisation a été destructrice non seulement des formes d’organisation sociale qui lui pré-existaient mais des forces politiques militaires et sociales qu’elle a mis en place et en branle afin de lui assurer pendant ce demi siècle la même domination débarrassée de ses coûts et de ses esclandres.
Des dictateurs aussi absurdes qu’improbables, brutes sanguinaires choisis pour leur cruauté et leur docilité, chiens de garde, molosses obscènes des intérêts du Capital, renards affamés dans le poulailler du pouvoir, ils ont pendant 50 ans et plus occupé le devant de la scène, matraquant, tuant, assassinant, et piquant allègrement dans les caisses de l’État dont ils se devaient être les gestionnaires des sommes exorbitantes placées par le soin des corrupteurs sur des comptes suisses, au Bahamas ou encore dans des biens immobiliers parisiens londoniens ou azuréens, écrivant au fil des décennies une légende, traçant dans l’histoire un sillon de sang où la stupidité le dispute à la violence et où ce que l’Afrique comptait d’intellectuels politiques de première grandeur sombra. La liste est longue de ces intellectuels assassinés tant par ces fantoches que par les officines du pouvoir qui les protégeait. Ils manquèrent cruellement à l’Afrique à la recherche d ‘elle-même, ils manquent encore. Dans l’eau de la mémoire le trou qu’ils ont laissé est encore grand ouvert. La Veuve de Sankara est encore honorée et chacun se redit les paroles de Lummumba, de Cabral, de Andrade, de Ruben, de Dia et de combien d ‘autres.
Le rideau tombe sur des scènes de vaudeville, sur des tragédies rocambolesques, des révélations, des découvertes où le grotesque le dispute à l’obscène sur fond de famine et de misère, sur fond d ‘enfants au ventre balloné et aux yeux purulents, sur fond de femmes violées par centaines par une soldatesque sans retenue alors que les responsables politiques, les présidents, ne rêvent que d une chose, défiler vêtu du petit tablier de cuir de la Grande Loge maçonnique !!!
Nous avons parlé dans un Mali en pleine sécheresse et en pleine confusion, où chaque jour des enfants meurt de faim, de l’armée et de ses 53 généraux- autant de généraux que de fusils en état de marche- du recrutement militaire à base de népotisme- du pillage des ressources, des 118 partis politiques qui entendent tous émarger au budget de l’État et s’unissent et se séparent au gré des opportunités, nous avons parlé dans le marasme total des institutions alors que sur plus la moitié du territoire quelques bandes rebelles font régner leurs lois, qu’une convention nationale vient de se choisir pas moins de 35 ministres, aussi incompétents et sans idée les uns que les autres alors que le haut du pavé est tenu par un mutin dont la rébellion s ‘est converti ,comme malgré lui, en coup d ‘état et qui ne sait que faire d ‘un pouvoir sinon se faire voter des émoluements de Président à vie , lancer ses affidés au pillage et au viol et poursuivre de sa vindicte et de ses armes les quelques militaires ou civils qui ne sont pas d ‘accord avec lui, qui n’est d ‘accord avec personne , qui rejette la CEDEAO puis l’accepte puis se fait nommer responsable du renouveau d ‘une armée qui a perdu son honneur et n’a jamais eu quel qu’efficacité.
Au Togo voisin où le Président succéda à son père dans la plus pure tradition monarchistes et dictatoriale en dehors des drames quotidiens, des syndicalistes battus et torturés, c’est une nouvelle histoire rocambolesque qui voit le jour au détriment de Loïc Le Floch Prigent , ex patron de l’Elf, durement condamné par les bons offices et le travail acharné de Madame Joly dont on peut regretter qu’ elle ne pût aller au bout de ses réquisitoires qui eussent permis à quelques aigrefins de la République d ‘être condamnés et de purger de vraies peines, (1) Loïc Prigent qui pour rembourser les sommes conséquentes que lui demande la Justice doit continuer à exercer et se servir de son volumineux carnet d ‘adresse pour conseiller, Loïc Prigent se retrouva donc à donner quelques conseils d’investissement pétrolier à un émir pétrolier qui avait peut-être beaucoup de dollars sur son compte mais la jugeote plutôt en berne.
Car, le croyez vous, cet émir richissime, Al Youssef, se laissa convaincre par un M amadou Keita quelconque croisé dans les toilettes d ‘un hôtel d ‘Abou -Dhabi qu’il devrait aider la belle Madame Guei, oui, oui Guei veuve du Président de la Cote d ‘Ivoire, qui lui aurait légué en héritage quelques centaines de millions de dollars qu’elle ne peut percevoir parce que ..etc…Bref ce genre d’histoire qui court sur le net et les mails et dont même le roi des cons se méfient. Pas lui. Bien sur Madame Guei était pas plus veuve du Président que ma guenon (2). Elle s’appelle Mounia Awa .Mais notre émir n’en continua pas moins à l’aider, financièrement, de façon conséquente pour qu’elle pût enfin recouvrer ces sommes fabuleuses…Elle manœuvra de telle sorte qu’il fut reçu avec des honneurs officiels à l’aéroport de Lomé, qu’il rencontra le Ministre des affaires étrangères qui n’était en vérité qu’un balayeur de service, plus quelque charmeurs mondains grand teint si bien qu’entortillé dans mille intrigues à l’africaine, marabouté, il dépensa plusieurs centaines de milliers de dollars sans bien sur que son affaire d’héritage avançât d’un pas.
Par ailleurs la société qu’il avait monté et que Loïc introduisait au Congo Brazzaville chez son ami N’Guesso connaissait quelques difficultés à tel point que notre brillant émir, Al -Youssef -plus- con- tu -meurs- décida que Loïc était le chef d ‘orchestre de toute cette arnaque et convainquit contre finances un autre imbécile notoire, fils de son père et néanmoins Président en exercice ,de le suivre dans cette voie. Vite fait bien fait, éternel dindon de farces ourdies au dessus de sa tête Loïc Le Floch Prigent est actuellement en prison à Lomé car en fait, Eyadema n’avait pas supporté que Denis Nguesso, ami de Prigent, refuse d ‘être soin parrain pour faire une entrée remarquée dans la Grande Loge maçonnique.
Au Bénin enfin on a essayé d ’empoisonner son Président.
A vrai dire personne n’y croit tout à fait .
Dans le complot sont impliqué Zoubérath Kora-Séké, nièce du Président , intrigante trop bavarde qui aurait dévoilé le terrible projet à son petit ami et à sa sœur qui se seraient empressée de divulguer ces informations à l’intéressé, le médecin personnel du président, Ibrahim Mama Cissé, qui aurait accepté de remplacer les habituels cachets du président par des pilules empoisonnées. Et enfin Moudjaidou Soumanou, un ancien ministre qui aurait joué les passeurs et récupéré les fameux médicaments à l’aéroport.
Derrière toute cette opération, l’indispensable commanditaire est incarné, d’après les premiers soupçons, par le riche entrepreneur Patrice Talon. Selon le parquet de Cotonou, cet ancien proche du président Yayi Boni, qui vit désormais en Belgique, aurait promis un milliard de francs CFA à chacun des protagonistes pour accomplir le forfait.
« Le 17 octobre dernier, lors du séjour de Yayi Boni à Bruxelles, en tant que président de l’Union africaine, sa nièce qui l’accompagnait aurait été contactée et invitée dans l’hôtel où logeait Patrice Talon. Ce dernier a réussi à convaincre Zoubérath pour qu’elle administre à Yayi des produits qui lui seront remis par le médecin Ibrahim », expliquait le 22 octobre le procureur Justin Gbènamèto, lors d’une conférence de presse au palais de justice de Cotonou.
À leur retour à Cotonou, Moudjaidou Soumanou, l’ancien ministre du Commerce et de l’Industrie, aurait récupéré les produits toxiques à l’aéroport pour les donner au médecin Ibrahim
La nièce, le ministre et le médecin ont été interpellés et sont actuellement sous les verrous à Cotonou pour « tentative d’atteinte à la vie du chef de l’État ». Le parquet a annoncé qu’un mandat d’arrêt international serait délivré contre Patrice Talon et l’un de ses proches, Olivier Boko.
Mais Patrice Talon est il le commanditaire ou la victime de cette fascinante histoire ? L’ ’histoire de Talon est celle d’un favori qui tombe en disgrâce. Ancien proche du pouvoir, Patrice Talon a soutenu financièrement la campagne présidentielle de Boni Yayi en 2006 alors qu’il était le magnat du coton, première puissance financière du Bénin. Mais en début d’année, il a perdu le contrat de la gestion du Programme de vérification des importations (PVI) chargé de fixer les taxes douanières dans le port de Cotonou – mobile probable du complot, selon des proches du président. Talon a également été mis en cause dans une affaire de mauvaise gestion de subventions pour le coton.
Ajoutons que cette remarquable histoire arrive à point nommé pour détourner l’attention d’un rapport sur les détournements de fonds opérés au sein des Ministères. Victime le Président peut-il être bourreau ?
1-Depuis 1996, Le Floch Prigent a beaucoup payé: trois condamnations, trente mois ferme dans l’affaire Dumas, cinq ans dans l’affaire Elf elle-même, et quinze mois avec sursis dans une affaire d’emplois fictifs liés à Elf. Il est aujourd’hui celui qui a été le plus lourdement condamné dans cette gigantesque entreprise de corruption et de détournement des revenus du pétrole africain à des fins occultes de financement de partis politiques et même de déstabilisation de régimes en place
2-Celle ci était morte avant que son mari ne fut assassiné en 2002
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