Alors que débute le Salon du chocolat à Paris, tous les regards sont tournés vers la Côte d’Ivoire, où la nouvelle campagne cacaoyère a démarré le 1 er octobre. Le premier producteur mondial de cacao a fait sa révolution il y a un an. La filière a été chamboulée pour rompre avec l’ancien système en place sous Gbagbo. Fini la libéralisation anarchique, avec la mise en place d’un prix garanti de 725 francs CFA le kilo (1,14 euro) pour les planteurs. Peu importe le prix mondial du cacao. A l’autre bout de la chaîne, le gouvernement se charge d’organiser des enchères avec les géants du secteur comme Cargill, Cemoi ou Barry Caillebaut, avant même le début de la récolte.
Patrick Poirrier, PDG de Cemoi, qui achète 140.000 tonnes de fèves chaque année, a expérimenté le nouveau système : « C’est encore en rodage, mais cela a fonctionné. Les premiers écueils sont passés. Les planteurs ont obtenu un prix proche du prix libéralisé. L’idée est de les inciter à produire plus, mais aussi à améliorer la qualité des fèves, qui avait tendance à se dégrader. » Même si la campagne ne fait que commencer, la récolte s’annonce meilleure que prévu en Côte d’Ivoire, mais aussi au Nigeria, deux des principaux pays producteurs. En revanche, les pluies torrentielles ont pénalisé la récolte au Cameroun, numéro cinq mondial.
Baisse de la consommation
Dans ce contexte, le prix du cacao peine à trouver une direction. A New York, il oscille autour de 2.350 dollars la tonne et autour de 1.550 livres à Londres, alors que les opérateurs s’inquiètent du ralentissement de la consommation en Europe et aux Etats-Unis, deux marchés matures. Ainsi, en Amérique du Nord, les chiffres du broyage de fèves ont baissé pour le troisième trimestre d’affilée. En Europe la chute atteint 16,2 % sur cette période. Le broyage n’est qu’un indicateur de la consommation future de chocolat, mais il n’est pas favorable depuis des mois. Heureusement, les producteurs peuvent compter sur le dynamisme de nouveaux pays consommateurs comme la Chine, l’Inde ou le Brésil, où le chocolat est encore perçu comme un luxe. Malgré tout, Jérôme Jourquin, spécialiste des matières premières agricoles chez Aurel BGC pense que « le potentiel de baisse est limité à court terme. Les mauvaises nouvelles sont dans les cours. Par ailleurs les stocks certifiés de cacao sont très bas ». Mais pour l’analyste, « il n’y a pas vraiment de potentiel de hausse non plus. A Londres, les opérateurs estiment qu’un cours compris entre 1.400 et 1.600 livres la tonne à l’échéance de mars, c’est un prix juste ».
PIERRICK FAY
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