Les Ivoiriens du Canada à Soro « redonnez-nous la Côte-d’Ivoire de notre insouciance… »

Rencontre entre la Communauté ivoirienne au Canada et le président de l’Assemblé Nationale de la Côte-d’Ivoire, l’Honorable Soro Guillaume. Discours de M. Léonce Adico, porte-parole de la Communauté ivoirienne au Canada.

Le Samedi 27 octobre 2012 11:00 à 14:00 (HAE)

Au
Marriott Montréal Château Champlain 1050 rue de la Gauchetière Ouest Montréal (Québec), Canada

DISCOURS DE M. LÉONCE ADICO, PORTE-PAROLE DE LA COMMUNAUTÉ IVOIRIENNE AU CANADA LORS DE LA RENCONTRE AVEC LE PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE DE LA CÔTE D’IVOIRE, L’HONORABLE DÉPUTÉ SORO GUILLAUME

MONTRÉAL, LE 27 OCTOBRE 2012

Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale de la Côte d’Ivoire, Excellence Monsieur l’Ambassadeur de Côte d’Ivoire près le Canada, Messieurs les Consuls honoraires de Côte d’Ivoire à Montréal et Toronto, Mesdames et Messieurs les Présidents des Associations des Ivoiriens,

Honorables invités et Amis de la Côte d’Ivoire,

Chers Compatriotes,

Mesdames et Messieurs en vos rangs et qualités respectives,

Honneur m’est fait par mes Pairs, Présidents d’Associations, dont certains sont ici présents, de porter la parole et le message de la Communauté ivoirienne au Canada jusqu’à vous. Ceci étant dit, l’instant de cette rencontre est mémorable et nous ne pouvons que le saisir. La Communauté ivoirienne au Canada remercie S.E.M l’Ambassadeur pour les dispositions prises afin de traduire dans le concret, le désir de notre honorable hôte de rencontrer la Communauté ivoirienne au Canada dans cette belle ville de Montréal.

M. Le Président, la Communauté ivoirienne par ma modeste voix, vous souhaite la bienvenue au Canada et particulièrement au Québec, même si vous êtes sur le départ.

Elle espère que ce premier séjour en terre québécoise, a été riche en découvertes, en rencontres mais surtout en idées nouvelles devant concourir à réconcilier les Ivoiriens et Ivoiriennes.

Les technologies de l’information et de la communication font de la plupart de nous, communauté de la diaspora ivoirienne, des spectateurs à la limite du voyeurisme, plus souvent impuissants devant les drames que vit la Côte d’Ivoire. Et cela augmente nos stress et détresses, nos angoisses, nos douleurs tout en diminuant nos ressources financières et même notre espérance de vie tellement les dégâts psychologiques et moraux sont immenses. Ne pouvoir rien faire lorsque notre famille restée en Côte d’Ivoire crie de douleur, si bien sûr le souffle de vie n’a pas été ôté. Quelle douleur intenable et révoltante pour tout être humain ?

M. Le Président, nous ne vous ferons pas l’injure de vous faire la chronologie de la crise militaro-politique et sociale que traverse la Côte d’Ivoire depuis décembre 1999 car beaucoup d’entre nous n’ont connu que les années de présidence de Feu Félix Houphouët Boigny, mais surtout parce que vous êtes un des acteurs de premier plan que nous avons l’honneur de recevoir ici. Il ne faut pas se voiler la face et donner l’impression que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais, pour combien de temps encore serons-nous capables de vivre divisés !!

Où en sommes-nous ? La situation actuelle en Côte d’Ivoire pourrait être comparée au printemps canadien d’un mois d’avril où la température est très capricieuse. Ne pas sortir avec un manteau et vous risquez de prendre un rhume. Sortir avec un manteau et vous risquez de le voir pendu à votre bras. Autant la Côte d’Ivoire désire aller vers le développement, autant l’insécurité la ramène vers l’abîme. La Côte d’Ivoire ne s’en remettra pas de sitôt si elle devrait revivre une crise d’une ampleur égale ou supérieure à celle que nous avons connue dans la première moitié de 2011.

Il est définitivement temps pour la Côte d’Ivoire d’entrer résolument dans la période estivale et voir fleurir sa part d’humanité et de cohésion sociale pour un partage de prospérité plus équitable au sein de sa population pour le bonheur de tous et de chacun.

M. le Président, la Communauté ivoirienne au Canada est toute ouïe et aimerait vous entendre dans un langage franc et de vérité pour lui dire où va la Côte

d’Ivoire de nos pères fondateurs et quelles sont les perspectives d’un avenir radieux pour le peuple ivoirien.

La classe politique ivoirienne a le devoir et même l’obligation de nous redonner la Côte d’Ivoire de notre insouciance, des années où chacun pouvait rire de l’ethnie de l’autre sans attirer la foudre sur sa tête, des années où l’ivoirien pouvait rentrer tard dans la nuit chez lui à la maison sans s’inquiéter pour sa sécurité.

M. le Président, Mesdames et Messieurs, en référence à ces versets des écritures saintes qui disent : Si ta main t’entraîne au péché, coupe-la. Il vaut mieux entrer manchot dans la vie éternelle que d’être jeté avec tes deux mains dans la géhenne, là où le feu ne s’éteint pas.

Si ton pied t’entraîne au péché, coupe-le. Il vaut mieux entrer estropié dans la vie éternelle que d’être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne.

Si ton œil t’entraîne au péché, arrache-le. Il vaut mieux entrer borgne dans le royaume de Dieu que d’être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne,

Ne laissons plus notre main prendre un fusil d’assaut qui anéantira nos frères. Si cette main s’obstine, coupons-la. Ne laissons plus notre pied chausser une botte
d’épines qui marchera sur nos frères. Si ce pied s’obstine, coupons-le. Ne laissons plus notre œil lancer des regards de haine sur nos frères. Si cet œil s’obstine
arrachons-le. Ne laissons plus notre langue dire des paroles guerrières contre nos frères. Si cette langue s’obstine, coupons-la.

Nous recommandons très fortement au Gouvernement ivoirien de prendre les dispositions adéquates pour qu’il n’existe plus de camps de réfugiés ivoiriens, ni internes, ni externes. Quelle grande honte pour la Grande Côte d’Ivoire qui veut reprendre sa place dans le concert des Nations !!

M. le Président, Mesdames et Messieurs, ici au Canada, les Députés ont, ce qu’on appelle, leur bureau de comté. C’est un lieu qui entre autres utilisations, permetau Député de rencontrer ses électeurs qui bien souvent, viennent lui exposer leurs préoccupations. Cela rapproche les élus de leur population et permet de calmer les tensions sociales.

M. le Président, votre désir de nous rencontrer est preuve de considération car bien des Administrateurs publics ivoiriens nous évitent. Comme on le dit en Côte d’Ivoire : On voit mais on parle pas ! Aujourd’hui, votre présence nous donne l’occasion de vous dire que la diaspora ivoirienne n’est pas limitée à celle de la France et des États-Unis. Par conséquent, nous déplorons le fait que des autorités de l’Administration publique ivoirienne ne mettent pas dans leur agenda, lors de leurs différentes visites en terre canadienne, une rencontre avec la Communauté ivoirienne qui par ses transferts de fonds en Côte d’Ivoire, joue un rôle indirect de
contribuable.

Cette diaspora ivoirienne dont vous voyez un échantillon ici dans cette salle, est proportionnellement la mieux formée parmi toutes les diasporas ivoiriennes à travers le monde. Cela devrait être une fierté et une opportunité à saisir par la Côte d’Ivoire afin de mettre en place une stratégie de renforcement des capacités des professionnels locaux.

La formation universitaire des membres de notre diaspora, se mesure en nombre de Ph.D. Avoir un diplôme en-dessous devient chose banale. Grâce au Canada, pays très ouvert à l’immigration, la diaspora ivoirienne s’est faite une expérience de haute qualité et met son savoir-faire au service de son pays d’accueil. Nous avons le cœur brisé sachant que plusieurs d’entre nous qui sommes restés, avions bénéficié d’une bourse d’étude de l’État ivoirien.

Mais nous pouvons être fiers car dans les appels à candidatures où les seuls critères d’embauche sont l’expérience et la compétence, la diaspora ivoirienne au Canada a toujours su tirer son épingle du jeu en Côte d’Ivoire. M. le Président, nous ne pouvons que vous en remercier car votre passage à la tête de la primature, vous a permis de faire de la compétence, le critère essentiel qui guide le choix des patrons des sociétés d’État.

Nous recommandons aux Autorités administratives actuelles de poursuivre dans le même sens afin d’avoir les personnes compétentes et méritantes aux postes qui conviennent. Les compétences au sein de notre diaspora étant nombreuses et diversifiées, nous avons pour ambition d’amplifier son implication dans le développement de la Côte d’Ivoire. Par conséquent et pour terminer, nous sommes invités à désarmer nos cœurs et de nous rappeler cette citation du Père de la Nation, Président Feu Félix Houphouët Boigny : « il est temps, grand temps que chacun de nous s’interroge : ai-je fait, bien fait pour ma nation ce que je dois faire. ». Cette citation est d’une valeur éthique incontestable car elle nous interpelle tous au travail bien fait et à l’abnégation, car nul ne peut rendre effectif la Paix et le Développement de la
Côte d’Ivoire sans nous les Ivoiriens.

Je vous remercie.

Léonce ADICO, Porte-parole
Communauté ivoirienne au Canada

 

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