L’éditorialiste Venance Konan considère l’attaque d’une centrale thermique à Abidjan comme une véritable déclaration de guerre contre la Côte d’Ivoire.
Nous faudra-t-il nous faire définitivement à l’idée que, régulièrement, à une cadence qu’ils sont les seuls à maîtriser, des hommes venus d’on ne sait où attaqueront des postes et commissariats de police, des brigades de gendarmerie, des casernes, et aussi des sites stratégiques ou économiques tels que des centrales thermiques, et, demain, qui sait… et que nous n’y pourrons rien?
La centrale thermique d’Azito, à Abidjan, a été attaquée, pour la seconde fois [le 15 octobre 2012]. La première fois, la grenade qui y avait été lancée n’avait pas explosé. Cette fois-ci, les dégâts ont été tels que la capacité de production de la centrale a été réduite de moitié.
Azito, pour ceux qui l’ignoreraient, est la centrale thermique qui fournit une bonne partie de l’électricité de la Côte d’Ivoire. L’objectif des assaillants est donc très clair: priver durablement les Ivoiriens d’électricité.
Chacun de nous sait le calvaire que cela constituerait de vivre sans électricité et les conséquences pour les entreprises. Il doit être désormais évident pour tous les Ivoiriens, quelles que soient leurs opinions, qu’il ne s’agit plus d’une guerre d’usure contre un président que l’on n’aime pas, mais d’une guerre déclarée à la Côte d’Ivoire et à ses habitants.
Si Azito ne devait plus fournir d’électricité à une partie de notre pays, cela ne concernera pas que les zones habitées par des proches du chef de l’Etat ou de son parti.
Haine, rancœur et aveuglement
Lorsqu’un rapport des experts de l’ONU a fait état d’une collusion entre certains proches de l’ex-président Laurent Gbagbo, l’un des groupes terroristes qui occupent le nord du Mali et des putschistes maliens, il s’est trouvé des gens de bonne foi pour dire que cela était exagéré et que l’on voulait à tout prix chercher des poux à certaines personnes.
Mais peut-on continuer à s’en étonner, dès lors que des individus n’hésitent pas à s’attaquer à une centrale thermique qui fournit une grande partie de l’électricité de ce pays?
Lors de mon dernier séjour au Liberia, l’un des ex-combattants libériens qui est, en ce moment, au service des pro-Gbagbo, m’avait révélé que certains de leurs hommes se trouvaient dans la garde rapprochée du capitaine putschiste malien Amadou Haya Sanogo. Je n’avais pas fait le lien avec notre situation.
Les choses s’éclairent à la lumière de ce rapport des experts de l’ONU. Tous les desperados qui ne rêvent que de déstabilisation se sont mis ensemble. En quoi l’attaque d’Azito se différencie-t-elle de tous les crimes que sont en train de commettre les terroristes au nord du Mali?
La haine et la rancœur rendent aveugle. Ceux qui sont mus par la haine finissent par pactiser. Les terroristes islamistes fous de Dieu sont aveuglés par leur haine de l’homme.
Et certains de nos compatriotes sont, de leur côté, aveuglés par leur haine de celui qui est assis dans le fauteuil qu’ils estiment leur être dévolu par Dieu, et aussi par la rancœur d’avoir perdu le pouvoir.
La destruction, l’arme des lâches
Ils en sont arrivés à haïr tous ceux qui acceptent celui qu’ils détestent. Alors, faute de pouvoir atteindre ce dernier, on s’en prendra à son œuvre, à ses réalisations.
La destruction n’est-elle pas ce que ces deux groupes savent faire le mieux? Que construisent les fous de Dieu dans les zones qu’ils contrôlent? Rien! Ils se contentent de détruire ce qu’ils ont trouvé. Qu’ont construit nos compatriotes revanchards durant les dix ans de leur règne? Rien non plus. Ils ont juste détruit ce qu’ils avaient trouvé.
Que ceux qui soutiennent ce groupe ouvrent les yeux. La guerre est déclarée à la Côte d’Ivoire. Une guerre terroriste et aveugle qui ne triera pas ses victimes. Nos Forces de défense et de sécurité (FDS), qui sont en première ligne, doivent intégrer cela et se comporter en conséquence.
Leur faiblesse, comme celle de bon nombre de nos compatriotes, a de tout temps été l’argent. Bon nombre de ces FDS sont capables, pour de l’argent, de laisser passer l’arme qui les tuera.
Il serait peut-être temps de se comporter de manière un peu plus intelligente et moins suicidaire.
Par ailleurs, après la première attaque subie par la centrale d’Azito, fallait-il vraiment sortir de Polytechnique pour comprendre que ce site devait être surveillé en permanence?
Venance Konan (Fraternité Matin)
Avec dakaractu.com
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